Formation des formateurs pour la gestion d’une banque culturelle à Koutammakou

Koutammakou, Pays des Batamariba Photo Emmanuelle Stragiotti
Koutammakou, Pays des Batamariba Photo Emmanuelle Stragiotti

Une quinzaine de formateurs reçoivent du 29 octobre au 7 novembre 2010 une formation sur la gestion d’une banque culturelle qui sera créée très prochainement à Koutamakou dans la préfecture de la Kéran, selon l’ATOP.

Initiée par le ministère de la communication et de la culture, cette formation est le résultat d’un projet financé par l’école du patrimoine basée à Porto-Novo au Bénin, dont le but est d’amener la population de koutamakou à épouser cette idée et de la rendre opérationnelle. Les participants issus de tous les villages du canton de Koutamakou suivent des communications sur la gestion des musées villageois et les techniques d’octroi de micro crédits.

Selon le directeur du musée du Sahel à Gao au Mali, Aliouma Yattara, expert à l’école du patrimoine culturel, la banque culturelle est une institution où la richesse patrimoniale d’une localité est conservée afin de la rendre profitable à toute la communauté. En effet, il a souligné que le patrimoine culturel a rarement été considéré comme moyen de développement économique et social d’une communauté. Cette vision, ajoute t-il, a engendré un désintéressement pour la conservation des biens culturels dans de nombreuses localités dans le monde.

Dans le Village Tamberma Photo: Emmanuelle Stragiotti
Dans le Village Tamberma Photo: Emmanuelle Stragiotti

La population rurale, confrontée aux crises économiques se débarrasse facilement de ses biens culturels au profit des antiquaires et collectionneurs, entraînant un appauvrissement aussi bien économique que culturel a-t-il expliqué. C’est pour remédier à cette situation que la banque culturelle sera créée. Celle-ci sera une solution alternative à la vente des objets culturels. Ils s’agit de mettre en place un mécanisme de mise en valeur des objets culturels traditionnels en faveur de toute la communauté en octroyant un crédit à chaque villageois qui dépose d’un objet culturel au musée. Pour le conservateur du site Koutamakou, Alézim Badoualou Karka, l’importance de ce prêt n’est pas déterminée par la valeur esthétique de l’objet, mais plutôt par sa valeur historique et culturelle. « Il ne s’agit donc pas de vendre ou d’acheter les biens culturels mais d’assurer leur maintien dans leur contexte habituel au profit de toute la communauté » a t-il dit.

La banque sera gérée par les villageois. Elle se propose d’initier et de développer en son sein des actions de promotion et de protection du patrimoine culturel local, ainsi que des activités génératrices de revenus. Cette banque permettra aux populations rurales de mobiliser leurs ressources culturelles de façon durable et efficace pour répondre à leurs besoins de développement social, culturel et économique.

La banque culturelle comprend un musée villageois qui sert de lien de collecte, de conservation et d’exposition des objets culturels ; une caisse villageoise qui applique un système de micro-crédit, l’objet culturel servant de garantie pour obtenir un prêt et un centre de formation et de culture qui se présente sous la forme d’un espace à l’intérieur du musée et sert de lien de rencontre pour la poursuite des activités socioculturelles et économiques des populations rurales. Koutamakou est un pays des Batammariba (ceux qui façonnent la terre), paysage culturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Source : ATOP/AYH/TAL/BS

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