Germaine Kouméalo ANATE

Germaine Kouméalo Anate Photo Gaëtan  Noussouglo
Germaine Kouméalo Anate Photo Gaëtan Noussouglo

Kouméalo Anaté est l’une des rares femmes écrivains sur la carte littéraire togolaise. Après la disparition de la torrentueuse Chaold Pyabélo, il n’y a guère de femmes littéraires de grande carrure. Mais on peut toujours compter sur Kouméalo Anaté, toute dernière venue sur la scène, malgré une arrivée tardive et attendue.

BIO EXPRESS….

Germaine Anaté Kouméalo est né en 1968 à Kazaboua, un village où tout le monde se connaît. Elle fera ses études primaires à Kazaboua et Bombouaka, études secondaires à Dapaong au Lycée Saint Athanase. Avec son BAC littéraire en poche, elle s’inscrit en lettres modernes à l’Université du Bénin (actuelle Université de Lomé). Elle parle de son enfance de son enfance en ses termes et de sa vocation d’écrivain: « J’aurais pu naître dans une de ces grandes villes où chacun marche à côté des autres sans les voir. Mais je suis née finalement à Kazaboua, petit village du Togo où tout le monde se connaît. On m’appelle Kouméalo, petite fille d’Anaté, ce gros farceur de grand-père ! Mes amis estiment que j’ai un don pour écrire des choses. Ils ont toujours cru en mes talents d’artiste, moi pas. Puis, j’ai eu la chance de décrocher en 1994 un premier prix de poésie au concours organisé par UNIFEM-Dakar pour l’Afrique de l’ouest, sous l’égide des Nations Unies. Et un jour, j’ai choisi pour de bon d’être écrivain, consciente cependant de mon état d’ignorance. Qu’importe ! L’écriture est une aventure. ». (Quatrième de couverture de Frontière…).
Titulaire d’une maîtrise ès lettres, Kouméalo Germaine Anaté enseigne quelques années à Lomé avant de s’envoler pour étudier les Sciences de l’Information et de la communication à l’Université Michel de Montaigne de Bordeaux III en France, sanctionnées par un Doctorat. Chercheur, membre du Centre d’Etudes des Médias, de l’Information et de la Communication (CEMIC), elle participe à de nombreux  programmes de recherches et est co-gestionnaire d’une base de données sur les Littératures Africaines (LITAF). Elle est aujourd’hui enseignante chercheur à l’Université de Lomé, Ministre de la Communication et de la Culture.

 Note de lecture: LE REGARD DE LA SOURCE

Kouméalo Anaté est l’une des rares femmes écrivains sur la carte littéraire togolaise. Après la disparition de la torrentueuse Chaold Pyabélo, il n’y a guère de femmes littéraires de grande carrure. Mais on peut toujours compter sur Kouméalo Anaté, toute dernière venue sur la scène, malgré une arrivée tardive et attendue. Elle a publié trois ouvrages dont un recueil de nouvelles, Frontières du jour (Ana Editions, collection Ecritures africaines, Bordeaux, 2004), un recueil de poésie, L’écrit du silence (Les belles pages, Marseille, 2005) et un roman, Le regard de la source (Ana Editions, collection Ecritures africaines, Bordeaux, 2005).

 

Le regard de la source est un miroir de la vie où se croisent et s’entrecroisent plusieurs destins de femmes et d’hommes, pour le pire pour le meilleur. C’est un roman sur les conditions co-existentielles entre les êtres humains, les conditions du vivre en commun, notamment pour des individus qui optent de vivre ensemble, c’est-à-dire l’homme et la femme. Comment se fait-il que dans un couple, l’homme en arrive à faire mal à sa femme ?  Comment en arrive-t-il à ruiner la vie de sa conjointe ? Telles sont les questions qui émaillent la vie de Médé, l’héroïne de ce roman à l’écriture châtiée. Mariée, elle a souffert dans sa chair et dans son âme des maltraitances d’un mari hystérique et névrosé qui non seulement ne l’aimait pas mais lui vouait une haine inextinguible au point de l’avoir laissée pour morte. Le hic dans ses rapports entre bourreaux et victimes, c’est la culpabilisation des victimes et leur compassion pour leurs tortionnaires. Médé est tout un symbole, une tendance suicidaire, qui s’était retournée chez son mari après l’attentat odieux sur elle commis.
L’auteur va plus loin dans la description de la psychologie de ses personnages féminins, qui de victimes peuvent devenir bourreaux, à l’instar de cette énigmatique Am, véritable Esméralda, collectionneuse d’amants à qui elle fait avaler mille couleuvres. C’est le symbole de la vengeance calme et froide de la femme. Cette figure féminine adepte des méthodes sadiques a mille tours dans ses prouesses sexuelles pour châtier les hommes.

L’auteure évite tout de même de passer caricaturale en adoptant une vision manichéenne de l’espèce humaine, avec d’un côté les hommes présentés comme des monstres sexuels et les femmes comme des anges. La figure masculine qui domine l’œuvre est Hézù, médecin au cœur débordant de charité, d’humanisme et de charité. C’est l’Amour personnifié qui finit par sauver Médé de la pente déclive ; qui finit par montrer à Médé que la vie vaut encore la peine d’être vécue et que le bonheur est possible sur terre. C’est lui le regard de la source.

Retenez ce nom, Anaté Kouméalo. Elle pourrait être dans les années à venir la grande figure féminine de la littérature togolaise. A moins qu’elle ne s’estompe déjà, comme feu de paille, un phénomène classique auquel nous ont habitués  ses devancières.

Tony FEDA©Togocultures

 Première publication le  3 avril 2008

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