L’invité de la semaine : Elom 20ce – L’album « Indigo » titre par titre #Lamentations

20ce

Slappa Fire : Bonsoir à tous nos divers invités, et merci à Elom 20ce d’être parmi nous ce soir dans le Journal Culture 228.
Alors, sans détour, peut-on avoir une brève présentation de l’artiste Elom 20ce ?

Elom 20ce : Je me présente donc… Elom Kossi 20ce. Je suis Africain d’origine togolaise. Sculpteur de brumes à mes heures perdues. Volcan ambulant en constante éruption. Un aveugle dans les ténèbres… Un mélange de Panafricaniste et d’Artiste, Fouteur de merde. Auteur de 3 projets solos qu’on peut considérer comme une trilogie : Légitime Défense en 2010, Analgezik en 2021, Indigo en 2051… Il paraît que je ne fais pas de la musique mais de la politique. J’essaye de diffuser un peu de Lumière ici bas…

Slappa Fire : Présentez-nous brièvement votre dernière initiative, quatre mois après la sortie de votre deuxième album « Indigo » ?

Elom 20ce : Thanks. Il s’agit du concept « Indigo Titre par titre ». C’est un projet qui permet de faire la promo de chaque titre de l’album à travers des interviews vidéos un peu partout en Afrique et pourquoi pas dans le monde. Souvent sur les albums les gens ne se focalisent que sur les morceaux clippés. J’aimerais faire découvrir chaque titre de mon album. J’ai commencé avec le premier titre de l’album #LAMENTATIONS. Un morceau qui ouvre l’album comme une tempête dans une case. L’interview à été tournée à Lomé au Premium Esplanade (un coucou aux gérants ) par Poq Industrie. Les questions posées par Anna Kamara, journaliste, prof de Yoga Kemitique. La partie 2 sera tournée dans quelques jours dans un autre pays et arrive en Juin.

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Slappa Fire : Après plus de 10 ans dans le rap Elom vince continue ! Comment se porte le rap togolais ?

Elom 20ce : Comment va le rap togolais. Dur d’être juge et partie mais disons que… Le rap togolais évolue une canne à la main. Mais il évolue. Les artistes talentueux ne manquent pas. Les singles sortent presque chaque mois. Il y a une émulation. Cependant pour le fan de rap que je suis il reste à infuser un plus d’âme, de Lumière dans tout ça. La musique parle à l’inconscient en nous. Donc le contenu de la musique qu’on diffuse est très important. Pour finir il faut ajouter que les structures sérieuses pour accompagner le rap togolais sont quasi inexistantes.

Slappa Fire : De Rock the Mic, Analgesik, Indigo en passant par Ciné-Réflex et Arctivisme, quel bilan tu fais aujourd’hui ?

Elom 20ce : Concernant la question du bilan. On se donne rendez vous dans 5 ans. Actuellement on est toujours dans le champ à labourer… Quand on a commencé Arctivism en 2009 on s’est donné 10 pour un vrai bilan. Donc oui, peut-être moins que 5 ans. 

Slappa Fire : Tu travailles depuis le temps en autoproduction. Comment tu abordes le marché du disque ?

Elom 20ce : Le marché du disque. Bon ! « For us by us. » Je fais ma cuisine moi même et je la vends directement comme le font les bonnes dames. Pour, Indigo une maison de distribution a trouvé que le plat était délicieux et a accepté de le distribuer à la FNAC en France. Sinon je passe par les plateformes de téléchargement légal aussi. Je trouve que les togolais n’aiment pas dépenser pour acheter un disque. Je vais chercher le marché où il est. Internet aide beaucoup dans ce sens. Je vends beaucoup en ligne et tourne plus à l’étranger qu’au Togo . Le monde est mon pays.

Slappa Fire : Quelles sont les retours sur la première vidéo à propos du titre lamentations ? Tu décryptes des choses pas évidentes au premier abord…

Elom 20ce : Les retours sont bons en général. Quelques critiques objectives par rapport au son. Normal, ce jour là, il y avait beaucoup de vent. Sur le fond, les retours sont bons. Les questions pertinentes. La chanson au début du titre devrait être étudiée à l’école. Bref, de bons retours.

Culture 228 : Tu peux nous dire où et par qui sera réalisé la prochaine interview ?

Elom 20ce: La prochaine à Dakar ou Accra. Par qui reste une surprise

Alexandrine : Les disent parfois du rap d’Elom 20ce qu’il est trop « corsé » et que son écriture n’est pas accessible à des gens « simples ». Quelle lecture Elom fait de ces critiques?

Elom 20ce : Merci pour la question. Les mêmes écoutent Rick Ross et autres comme s’ils les comprenaient. Plus sérieusement… Je pense qu’il y a une part de vérité la dedans. Mais en même temps, je ne fais pas exprès d’utiliser des mots que les gens ne comprennent pas. C’est mon vocabulaire quotidien. Et c’est souvent à Lomé que j’entends ces critiques. Ailleurs, ce n’est pas le cas. Ma musique est faite pour tous. En même temps un morceau comme Zomabi Togo est en Ewe. Là, ce serait corsé pour les non-wégbétôwo… Donc c’est très relatif comme critique selon moi. Pour finir la musique ce n’est pas que des mots. Ce sont des vibrations aussi. S’ils ne me comprennent pas avec leurs oreilles, ils peuvent ouvrir leur coeur. S’il y a de la place bien sûr …

Efy : Elom 20ce est un artiste rarement vu sur les scènes togolaise, à quoi est du ce manque d’appel des acteurs de la culture vis à vis de sa personne ? Problème de cachet ? De staff? De management ? D’esprit de l artiste ?

Elom 20ce : Un mélange de tout ça. Rappelons néanmoins que j’ai joué à Africa Rythm 2 fois, dont l’année dernière. Bref. Ça viendra peut être, ou pas. On verra.

Nicolas : Le genre de musique que fait Elom est pratiquement différent de celui des artistes togolais. Alors qu’est-ce qui fait sa particularité ? Quelles sont tes relations avec les autres artistes Togolais ?

Elom 20ce : Nicolas, je vous retourne la première question puisque l’affirmation vient de vous. Pourquoi dites vous cela? Mes relations avec les artistes togolais sont très bonnes. Je dirai même excellente. Après, je ne traîne pas avec tout le monde. Puisque je ne les connais pas tous.

Nicolas : Je parle plus du fond de tes lyrics Elom 20ce. J’aime beaucoup par exemple Vodoo Sakpata.

Elom 20ce : Les textes sont les squelettes de la musique. Il faut qu’ils soient solides. J’aime les tailler dans de la brume chaude….

Yvan : Tu fais souvent référence à Billie HOLIDAY. Quelle est son influence sur toi et ta musique ?

Elom 20ce : Billie Billie Billie. Eleonora Fagan à bouleversé ma vie. C’est une des mes rappeuses préférées.  D’ailleurs, j’écris le script de mon prochain clip actuellement, qui rend hommage à nos Amazones, avec en tête Billie, Bessie et Nina. Un voyage en 2071… Bessie Smith et Nina Simone. C’était des rappeuses. Leur musique te touche l’âme. Elles communiquent avec ton cœur. Leurs textes sont vrais.  Leurs vies dures. Billie est morte à 44 ans. Accro, comme plein de rappeurs.  Bref, Billie c’est un long sujet ! On se fait un Vynil’s Party un de ces 4 autour de l’œuvre de Billie. Qui vient ?

Kaana : Congrats sur ton parcours. Tu m’inspires. Des réunions de famille à Indigo, tu en as fait du chemin.

Elom 20ce : Merci bro. Sôssignalé

Momo : Pourquoi 2051, 2061 et bientôt 2071? Penses tu être en avance sur ton temps ou prédis tu le futur ?

Elom 20ce : Je ne suis ni prophète, ni devin, quand bien même parfois je vois des choses. 2071, parce que j’aspire à faire une musique qui défie le temps et l’espace. Parce que je suis conscient d’être dans la marge, comme le dirait Ferré. Parce que je sais que je dis des choses qui me ferment des portes dans le « chaud » business. Parce que j’ai choisi d’être une petite lumière dans les ténèbres.

Momo : Une dernière : parles-nous de ta marque Asrafo bawu !

Elom 20ce : Asrafobawou = Armure. C’est ma marque de vêtements. Les collections arrivent. Kente – Indigo – et autres. Un autre voyage dans le temps….

Tony Feda : Les retardataires ont toujours tort ! Mais j’ai quand même une dernière question pour Elom. Ce matin en lisant la vidéo, je me dis qu’il y a quand même un danger pour l’artiste quand il devient le médiateur de sa propre création. Soit il y a insuffisance dans l’explication, soit sur-interprétation

Elom 20ce : Merci pour le commentaire. Il s’agit d’être nos propres médias pour faire court. Dans d’autres contrées, ces vidéos sont faites par des médias qui le font bien. Au Togo, la censure bat son plein… Sinon l’auto-censure. Bref. Les questions ne sont pas posées par moi. Et c’est là ce qui est bien dans la vidéo. D’ailleurs, il serait intéressant qu’on fasse une ensemble. Tu prends le texte, ou le morceau qui te parle le plus. Soit celui que tu aimes, ou détestes le plus. C’est une manière aussi de ne pas m’isoler. Awadi m’a donné un conseil : « Elom, ne t’isole pas… » Pour finir. C’est une application concrète de la pensée de Sankara : oser inventer constamment.

Tony Feda : Je crois que c’est beaucoup plus compliqué, même si je comprends le fond de ta stratégie. Un artiste crée. Il ne devient pas le critique de sa propre création.
En même temps, vu les médias que nous avons aujourd’hui, il serait difficile de laisser la critique faire son travail alors que fort justement il n’y a pas cet espace critique.

Momo : Le morceau de l'album c'est lequel ? Je veux celui qui parle de l'arme flanquée, cachée.

Elom 20ce : Il y a des armes dans chaque piste. Ouvre ton coeur et tu les ramasseras . La dernière piste est pire qu’une arme. C’est une prière. Dont agonize! Organize! ✊

Dick : Maximum de respect à Elom pour oser repousser les frontière du rap.

Elom 20ce : Merci Dick. It’s more than music. ✌

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