Me Yacoubou Hamadou, Ministre des Arts et de la Culture Photo: Gaêtan Noussouglo

Le Ministre Yacoubou au Centre d’un scandale au Ministère des Arts et de la Culture

On ne sait quelle mouche a piqué Me Yacoubou Hamadou (photo), le Ministre des Arts et de la Culture du Togo. On ne finira pas si tôt de s’interroger sur les mobiles qui l’ont conduit, contre les règles de l’administration togolaise et de l’éthique professionnelle, à nommer une jeune dame de 33 ans, qui ne totalise en tout et pour tout que 3 années dans la fonction publique, comme directrice d’un service technique qui vient d’être créé, suivant des directives de l’UNESCO et de l’UEMOA, pour penser les orientations de la culture en termes d’apports réels et mesurables à l’économie, à l’emploi et donc au développement.

Me Yacoubou Hamadou, fossoyeur de la culture togolaise

En mai 2010, un département autonome est dédié dans le nouveau gouvernement togolais aux arts et à la culture, indiquant la volonté du Président de la République de faire prendre enfin conscience du poids et de l’importance de ce secteur dans l’économie et le développement de notre pays. Mais la réforme n’est pas allée à son terme puisque le Chef de l’Etat s’est mépris sur les hommes devant la conduire. La perle fut laissée au pourceau Me Yacoubou Hamadou, qui tous les jours que Dieu fait, affiche un mépris souverain pour la culture togolaise. Il vient d’en donner une éclatante démonstration le 12 avril 2012 dernier en nommant comme « Directrice des Etudes, de la Recherche et de la Prospective culturelle » une secrétaire de direction, recrutée en 2009 dans la fonction publique avec le niveau baccalauréat. Elle a introduit le BTS, mais n’est pas encore considérée comme un cadre de ce niveau. Un véritable scandale qui agite le milieu des professionnels de la culture, une goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Avant sa nomination, Me Yacoubou Hamadou était un illustre inconnu des milieux de la culture. Il est décrit par un diplomate étranger en poste au Togo comme «  le ministre de la culture qui passe son temps à parler des droits de l’homme et à jouer avec son téléphone portable  » ! Lui-même donne l’impression qu’il est un proche du Président de la République et qu’il est un homme de mission. La preuve en est qu’on l’a vu s’agiter comme un beau diable dans l’affaire du faux rapport sur les droits de l’homme qui n’a pas du tout arrangé l’image de l’Etat togolais. C’est peut être pour cela qu’il prend des décisions sans réfléchir et qu’il se moque des acteurs culturels ?
Depuis deux ans qu’il est à la tête du département en charge de la culture, il ne perd aucune occasion, même en public, pour dire qu’il est ministre d’un secteur qu’il ne connaît pas. Cette affirmation, loin de relever de la modestie est plutôt un aveu d’impuissance et un mépris pour le haut poste qui lui a été confié. Il raconte à souhait que lorsqu’il a été débarqué des droits de l’homme pour le ministère de la culture, d’autres collègues du gouvernement l’ont appelé pour lui demander ce qu’il avait fait au Chef de l’Etat !

Comme si être ministre de la culture était une tare, une punition ! Et comme le lépreux incapable de traire du lait, mais parfaitement capable de le verser par terre, il démontre sa capacité de nuisance en bloquant les initiatives et les nominations notamment au poste de directeur du fonds d’aide à la culture qui doit permettre aux acteurs culturels de bénéficier de l’aide de l’Etat ou encore à la direction du patrimoine culturel qui est décapité depuis longtemps ou encore pour prendre les textes permettant l’effectivité de la mise en œuvre de l’Accord de Florence qui doit permettre de diminuer les prix des livres. Il n’a jamais rencontré les acteurs culturels pour leur dire ce qu’il comptait faire au département le temps de son mandat. En janvier dernier, au moment de la présentation des vœux au Président de la République, il a fait remettre un texte à lire aux artistes, les infantilisant et les ridiculisant devant Faure Gnassingbé qui aurait dit qu’on le flattait et qu’il n’aurait pas fait tout ce qui était écrit dans le papier remis aux artistes comme à des écoliers.

Une nomination scandaleuse qui défie le bon sens et l’éthique professionnelle

Selon nos informations, l’Arrêté n°11/MAC/CAB du 12 avril 2012 portant nomination par intérim d’une assistante de direction au poste de « Directrice des Etudes, de la Recherche et de la Prospective culturelle » a pris tout le monde de court et jette un vent d’effroi et d’incompréhension dans tous les milieux de la culture. Dans la rue certains n’hésitent pas à qualifier ce comportement du ministre de la culture de légèreté inqualifiable. Dans tous les cas, tous s’accordent pour parler d’un scandale de trop dont le milieu de la culture aurait pu se passer.

Mais, pourquoi, le cher avocat incapable de comprendre les enjeux modernes de la culture et qui s’ennuie dans son fauteuil ministériel a-t-il précipitamment nommé une fille sans expérience à la tête d’une direction créée par décret il y a peine un mois de cela alors qu’il s’échine à pourvoir à d’autres directions depuis qu’il est là ? Pourquoi là-bas plutôt qu’au Fonds d’Aide à la Culture, ou à la Direction du patrimoine culturel, ou à l’Institut National des Arts ? Pourquoi ne règle t-il pas le problème des Nouvelles Editions Africaines (NEA) qui pourrit la vie à l’Etat togolais depuis les années 90 ? Quel besoin soudain éprouve t-il de nommer dans une direction centrale une compétence qui n’en est pas une ?

On peut épiloguer sur les raisons. Certains disent qu’il faut s’attendre à qu’il nomme sa belle mère ou son camarade de bar directeur du patrimoine, sa tante directrice du fonds d’aide à la culture, etc. S’agissant de son dernier acte en date, il semble que c’est du jamais vu dans l’administration togolaise. On connaît le cas des nominations à des postes de responsabilité de gens qui ont les diplômes mais pas les compétences. Mais, on n’en connaît pas où on nomme sans compétence et sans diplôme !!!
Les textes réglementaires disent clairement que les directions centrales assurent le rôle de conception, de développement d’orientations stratégiques, de mise en œuvre de programmes, de supervision, de coordination, d’animation et d’évaluation des secteurs techniques des départements ministériels. Pourquoi y mettre une agente d’exécution et non un cadre de conception ?

Cet acte du ministre de la culture, démontre, si besoin en est, avec quel mépris ce monsieur conduit la culture togolaise. Il vient d’administrer la preuve qu’il est là où on l’a placé pour saboter manifestement les efforts du gouvernement qui pourtant cherche par tous les moyens, à conduire des réformes dans tous les secteurs pour le progrès de notre pays.

Le decret de nomination de Madame Bassagou

Le Togo abrite une école interafricaine de formation de cadres de l’administration culturelle, le CRAC. Des pays s’adressent à nous pour former leurs compétences dans le domaine de la culture. Des institutions internationales nous aident également à former des cadres de haut niveau à l’Université Senghor d’Alexandrie. L’Université de Lomé déverse sur le marché de l’emploi d’autres compétences. Et, pendant que l’Etat se déploie en initiatives pour permettre l’emploi dans les différents domaines de compétences, des cadres de l’administration culturelle formés à grands frais retournent enseigner dans les établissements scolaires, tandis que d’autres chôment. Et pendant ce temps, le ministère de la culture manque de cadres au point qu’il faut des secrétaires et des enseignants non formés pour prendre leur place. Me Yacoubou Hamadou est un véritable charlatan, un magicien, un illusionniste de la pire espèce qui veut faire croire à l’opinion publique que le séjour d’un tronc d’arbre dans l’eau le transforme en crocodile et qu’il suffit de venir s’asseoir quelques mois au secrétariat particulier du ministre de la culture pour être apte à diriger des services techniques dudit ministère ! Quel pays ! Comment pourrions-nous faire du développement avec des comportements aussi suicidaires pour le progrès et ces injustices flagrantes ? Au ministère de la culture, des compétences bien formées tournent les pouces depuis 15, 20 ou 30 ans et ce sont des filles « proches » et sans compétences qu’on nomme pour venir conduire des réformes et des orientations stratégiques ?

Le Directeur du CRAC, école de formation interafricaine d’administrateurs culturels doit être interpellé, comme le Ministre de la Fonction Publique, le Premier Ministre et le Chef de l’Etat. Il faut moraliser la vie publique. Il faut «  the right man at the right place » si nous voulons effectivement du bien pour ce pays.

Ce forfait de Me Yacoubou Hamadou, prétendument Ministre des Arts et de la Culture, ne doit pas rester impuni, sinon, c’est la porte ouverte à la pagaille dans l’administration publique !

© Togocultures

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