Le samedi 8 août 2009 au CHU de Lomé, Yta Jourias artiste de la chanson togolaise a rendu l’âme après une semaine passée dans le coma. Elle souffrait de goutte, de diabète depuis un certain temps. Dans sa jeunesse, à travers « djama fôkpa » la plus populaire de ses chansons, Yta dénonçait l’attitude volage des hommes qui changent les filles comme des chaussures allemandes. Pourquoi chaussures allemandes ? En tout cas, elle criait haro sur tous les hommes ! Mais aucun homme ne lui en a voulu sauf les militaires togolais, à un moment crucial des troubles dans le pays, lesquels ont enlevé les antennes de la Radio Victoire qu’elle avait créée et qui émettait depuis Tokoin Habitat !
Yta Jourias nous laisse un parcours riche de plusieurs mélodies inoubliables. Née le 27 septembre 1939, elle fait partie des premiers artistes de la chanson moderne togolaise. Elle a évolué au temps des grands noms de la musique togolaise comme Bella Bellow, Akofa Julie Akoussah, Nimon Toki Lala, le groupe Mélo Togo. Elle a commencé à s’exprimer dans son métier en 1957, bien avant l’indépendance togolaise. A l’époque brillait sur le plan continental Myriam Makéba, Manu Dibango, Gnonas Pédro, Le Tout Puissant OK Jazz. Mais c’est en 1962 qu’elle a donné son premier spectacle au Centre Culturel Français de Lomé avec : « Nu kè mewo ? » ; « Ecouté le ciel » et « Salabongo » Ambassadrice de la chanson panafricaine, elle a participé à une tournée internationale (Hongrie, Brésil, Amérique, URSS, Suisse, France, Libye, Nigeria et Bénin). Cette tournée très enrichissante lui a permis de nouer des relations fructueuses avec des chefs d’Etat africains et européens. En Afrique, les shows de Yta Jourias soulevaient des foules. Elle chanta l’Afrique, l’unité africaine, la solidarité » entre tous les peuples, la joie, la tristesse, l’amour et l’émancipation de la femme. Les œuvres d’Yta Jourias sont belles, populaires et sa voix chaude, envoûtante, met en valeur ses compositions. Grâce à ses voyages, elle a appris à maîtriser plusieurs langues africaines. Ce n’est guère surprenant d’écouter Yta chanter dans les langues comme le haoussa, le bambara, le cotokoli.
https://www.youtube.com/watch?v=1LmfTpiaF1Q
Après un séjour de 27 ans en Cote d’Ivoire où elle a rencontré entre autres Aïcha Koné, Reine Pélagie, François Lougah, Bailly Spinto, Ernesto Djédjé, elle a regagné le bercail en 1998. Akueson, producteur togolais vivant à Paris, fait l’éloge de cette femme qui l’a accueilli à Abidjan comme une maman africaine. C’est une femme bien, une artiste de qualité et c’est pour cette raison qu’Akueson et Nimon Toki Lala organisent au 89 rue Dunkerque dans le 9e à Paris, à Akueson Worldwide un spectacle en mémoire de l’artiste. Ce spectacle mobilisera le 26 août 2009 de 17h à 20h plusieurs artistes de la chanson togolaise vivant en France, Fifi Rafiatou, Nimon Toki Lala, Amtha Kol,… Lomé et les artistes s’organiseront à coup sûr pour rendre un hommage mérité à Yta Jourias comme ils l’ont déjà fait à Akofa Julie Akoussa, Brigadier Zimba,…
En attendant, Parfait, Epiphane et Evariste, ses trois enfants sont à pied d’oeuvre pour un enterrement digne de la « mère » africaine. Les funérailles se dérouleront du 25 au 26 septembre à Lomé. L’Etat s’associe à la famille pour un hommage à la hauteur de cette femme qui a aussi plusieurs enfants adoptifs. Elle a rejoint sa fille unique Marie-Josée décédée il y a quatre ans.
Gaëtan Noussouglo© Togocultures