Une participation record du Togo au FESPACO 2009

Les rideaux sont tombés depuis le début du mois de mars sur la 40ème édition du FESPACO : Festival Panafricain du Cinéma et de la télévi¬sion de Ouagadougou (28 février au 7 mars 2009). Pour une fois, le Togo s’y était rendu avec dix (10) productions : deux longs métrages, trois courts métrages et cinq documentaires. C’est un record dans un pays où on en est réduit à n’être que des consommateurs de productions extérieures et où la politique de soutien public au cinéma et à la culture mérite d’être formalisée.

Rencontré deux semaines avant la compétition, le réalisateur Abalo Kilizou éprouvait toutes les difficultés à boucler son budget et ne pouvait plus faire inscrire en compétition son film : « Venu de France ». Il avait bénéficié en tout et pour tout de 5 millions de la part du Ministère de la Communication et de la Culture, mais était en peine pour couvrir les 30 millions du budget de production. Abalo est pratiquement un chanceux ; la plupart des autres participants ont bouclé leurs films sur des fonds qu’ils ont cherchés par eux-mêmes.

Le plus intéressant dans cette participation est que désormais, les cinéastes togolais montrent que rien ne sera plus comme avant et qu’il faut désormais compter avec eux.
Les thèmes des films présentés sont en général des thèmes socio-culturels et économiques.
Parlons de quelques-uns :
« Venu de France » aborde le cas d’un enfant unique d’une famille togolaise envoyé en France faire des études et qui revient dépravé et drogué. Il devient une source de conflits permanents entre son père et sa mère, celle-ci continuant à le protéger. Selon le réalisateur, le film présenté au Marché International du Cinéma et de la Télévi¬sion de Ouagadougou (MICA) sis au Salon In¬ternational de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) a tapé dans l’oeil d’un acheteur important et il y a une certaine chance qu’un contrat scelle prochainement l’entente verbale de Ouagadougou.
« Sossolo ou du côté du levant », do¬cumentaire de 51 mn, réalisé en 4 ans par Mme Adjiké Assouma (réalisatrice à la Télévision Togolaise), ra¬conte le drame des jeunes du village de Bago dans la préfecture de Tchamba au Togo, obligés d’aller chercher une vie meilleure à l’Est au Nige¬ria. Après une année de dur labeur dans les fermes agricoles du Nigeria, ils sont récompensés par des vélos ou des motos qu’ils n’ont pas la possibilité de s’acheter au pays. Pour être très performants, ils sont dopés par leurs patrons ou alors tout simplement empoisonnés par ceux qui ne veulent pas leur payer la juste rémunération de leur travail. Le chemin du re¬tour est également semé d’embûches avec les braquages et les ra¬quettes fréquentes des douaniers. Un tel sacrifice de soi et de sa vie en vaut-il la peine ? La réalisatrice a voulu attirer l’attention des décideurs sur la misère des jeunes, « condamnés » à immigrer hors de leurs pays et souvent pour si peu.
« La bataille des absents » de Madjé Ayité parlent de l’histoire de deux amies dont une arrive à finir ses études supérieures mais ne peut trouver à s’occuper que dans la vente de l’eau glacée ; l’autre a choisi d’être travailleuse de sexe. Tous les jours que Dieu fait, tous les problèmes assaillent l’« intellectuelle » et la vertueuse. Incapable de contribuer financièrement aux charges de sa famille, elle est marginalisée, considérée comme « absente ». Va-t-elle, dans un pays où on ne se soucie pas de l’emploi des jeunes continuer longuement le commerce de l’eau glacée ou basculera t-elle à son tour dans la prostitution ?
« Epé épé ou la prise de la pierre sacrée » de Zavier Balouki aborde le thème culturel de la prise de la pierre sacrée chez les guins du sud Togo. Ce rituel marque le nouvel an guin.
Enfin, par « Le tissu pagne au Togo », Kokou Agbémadon remet la question de l’entreprenariat légendaire et le poids économique et social des Nana Benz de Lomé sur le tapis.
Vivement que l’Etat togolais fasse des efforts pour rehausser l’image de la culture togolaise dans tous les secteurs et que demain, le Togo soit capable de voir ses propres films souvent sur le petit écran.

Liste des films togolais présentés au FESPACO 2009
- 2 longs métrages
- 3 courts métrages
- 5 documentaires
Présentés tous au MICA à l’exception du documentaire de Zavier Balouki inscrit en compétition.

- Longs métrages

  1. Le point de suture » de Steven Amouzou
  2. Venu de France » de Blaise Abalo Kilizou

- Courts métrages

  1. Sossolo ou du côté du levant » de Mme Adjikê Assouma ;
  2. Le prix du voyage » de Gadji Assiongbon ;
  3. Les portefaix de Lomé » de Nana Classic Production.

- Documentaires

  1. Epé-Ekpé ou la prise de la pierre sacrée » de Zavier Balouki,
  2. La ba¬taille des absents » de Madjé Ayité,
  3. Le tissu pagne » de M. Kokou Agbémadon
  4. L’ordination chez les mami » de Mme Christine Tougourt
  5. Victimes innocentes » de Viglo Komlan.

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