Evala est le passage du jeune adolescent kabyè à l’âge adulte. Ces rites initiatiques ont toujours accompagné le peuple kabyè, région de la Kara au nord du Togo. Cette initiation intervient autour de l’âge de 18 ans. Elle dure trois ans et ne démarre que sur autorisation de l’oncle. L’initiation du jeune kabyè est un long processus de huit ans qui respecte plusieurs étapes.
Le rite démarre avec des scarifications à la naissance des oreilles pour indiquer que le jeune est initié. La veille, les jeunes Evalas se retrouvent sur « ahoyé », un endroit identifié à l’écart du village, chacun apportant son chien. Seuls les Evalas ont accès à cet endroit ainsi que ceux qui les initient. Aucune femme n’y a accès. Les chiens sont abattus sur « ahoyé », cuits et leur viande mangée sur place. Les crânes sont accrochés aux arbres. La consommation de la viande de chien dure en principe les trois ans que dure l’initiation. Passée cette période il n’est plus permis à l’initié de manger de cette viande.
Le jeune Evalou doit lutter pour prouver sa bravoure, son courage et sa force. Toute victoire fait la fierté du lutteur, des parents et des habitants de tout le village ou du canton. La victoire ou la défaite définit la place du jeune kabyè dans la société. Les vainqueurs dans une assemblée ont droit à la parole avant les vaincus ; ils jouissent de tous les privilèges comme se faire servir à boire ou à manger avant les vaincus durant tout le reste de leur vie.
Après ces trois années d’initiation, le jeune Evalou rentre dans la classe des « Eskpa ». Il est ensuite initié pour être « Kondo » puis de « Kondo », il passe à la classe de « Eglou », cinq ans après les trois ans d’initiation. L’âge, à partir de cet instant se compte en « waa », une durée de 5 ans. Il est fréquent d’entendre les vieux revendiquer dix, quinze, dix-huit « wassi », pluriel de « waa ».
Au bout de ces trois ans, le jeune initié peut alors se marier. Toutefois, le jeune Evalou peut se marier dès la première année et continuer la lutte mais il ne mangera plus de la viande de chien car les femmes n’en mangent pas.
Les jeunes qui ne sont pas initiés n’ont aucune place dans les groupes sociaux. A leur décès, ils sont soumis à ce rite avant leur inhumation.
Ici, les diplômes, le rang social acquis sur la base des études ou de la fortune n’ont aucune signification : c’est le rang occupé dans la lutte qui confère un rang social à l’homme kabyè.
Tingayama Mawo © Togocultures