Femme infidèle (Editions NEA 1986), le premier roman de l’écrivain togolais Sami Tchak va être édité en mina et tém, cette dernière est la langue la plus répandue dans la région centrale et un peu au Sud. Deux lectures dans ces différentes langues ont été faites le vendredi dernier à l’auditorium du CCF lors de Histoire d’en lire, rencontre des écrivains Sami Tchak, Kangni Alem et le Béninois Florent Couao-Zotti autour de leurs œuvres. Les livres sont édités par Graines de Pensées et leur édition a été possible grâce à un financement de l’OIF estimé à 5 millions Cfa. C’est une expérience originale dans la littérature togolaise, le fait de traduire une œuvre littéraire écrite en français dans les langues nationales. L’expérience a pour objectif non seulement de valoriser les langues nationales mais d’intéresser les populations à la littérature en créant un public pour nos auteurs. Elle a pour objectif de fonder une littérature en langue nationale. Certains pays le font, à l’instar du Nigeria où il y a des publications en ibo, haoussa et yorouba, ou de la Tanzanie qui a été très loin dans le domaine sous l’impulsion de son ancien président Julius Nyerere, qui a traduit Shakespeare en swahili.
De ce fait de nombreuses publications tanzaniennes le sont d’abord en swahili avant de l’être en anglais.
Selon la directrice des Graines de pensées, Femme infidèle en langues nationales devait être disponible depuis août 2009, mais des problèmes liés à la traduction ont retardé quelque peu son édition. » Mais cela ne saurait encore tarder « , a rappelé Mme Ekué.
L’accueil du public pourra inciter à continuer l’expérience avec d’autres auteurs. Femme infidèle est une œuvre de jeunesse de Sami Tchak qui montre aujourd’hui le domaine de prédilection de cet auteur sulfureux. Auteur de plus sept romans et un essai, Sami Tchak met en exergue la sexualité sous toutes ses formes, un univers romanesque et une recherche esthétique qui révèlent des aspects troubles et cachés de la personnalité humaine.
Son roman Femme Infidèle met en scène une fille cotocoli, une musulmane vendeuse de cola et infidèle, qui pour arrondir son menu commerce se livre à ce qu’il faut appeler une prostitution. L’auteur ne fait dire avec des mots à lui une réalité sociale très connue au Togo, le vagabondage sexuel très à la mode dans nos sociétés très pudiques. Que Sami Tchak mette en scène une fille musulmane, une cotocoli de surcroît, à la sexualité débridée, illustre au plus haut point les mensonges de nos sociétés mais aussi et surtout un coup de pied à la terrible répression qui s’abat sur les femmes dans les pays musulmans.
Histoire d’en lire, financé par le Service français de coopération et d’action culturelle, a duré du mardi au vendredi dernier, et fut un grand moment de rencontres et d’échanges importants entre ces écrivains et le public togolais.
Tony Feda©Togocultures