Rojah Lao ou développer la danse envers et contre tous.

rojah lao
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Rojah Lao, jeune homme svelte aux dreads locks, dansait aux côtés d’Ass Ayigah,  dans la capitale togolaise Lomé. Il avait un petit scooter qui attirait l’attention du public présent au rendez-vous des spectacles du Centre Culturel Français de Lomé. Il s’est installé en Belgique depuis quelques années et voit les années défilées derrière lui. Les souvenirs de Lomé s’amoncellent. Des projets d’avenir sur la danse au Togo se dessinent.  Il veut apporter une nouvelle touche à la danse togolaise par un échange entre la Belgique et le Togo.

Annie Toussaint, femme d’affaire passionnée de la musique et la danse, a mis en place un centre culturel privé au nom programme, Brin de Chocolat, à Kodjoviakopé, un quartier de la capitale togolaise. Plusieurs danseurs émergeront de ce centre avec pour tête de fil Ettoh Kossi Nénonéné, actuellement en fin de formation en France.  Rojah, lui part dans la banlieue de Lomé, à Baguida construire son centre culturel. Un brin amer, Rojah affirme : « Les artistes se regroupent tous au Centre Culturel Français, demandent tous à jouer. Certains réussissent et la plupart échouent à la porte du directeur, ou arrivent à trouver les moyens pour s’auto produire. On finit par les considérer comme des mendiants. Il faut que nous prenions nos destins en main et conjuguions nos efforts pour sortir de cette mauvaise passe »  Tous les jeunes artistes cherchent la reconnaissance et courent toujours « quémander une programmation au CCF ». Pour Rojah, à l’heure où le tourisme reprend et que les festivals qui périclitaient sortent la tête de l’eau, il faut être innovant, jouer dans des funérailles, se faire programmer dans les centres culturels qui s’érigent à Lomé : Dényigban, Brin de Chocolat, Espace Culturel Filbleu (anciennement Aréma), Centre culturel Hakuna Matata et Centre Culturel Adokpo, Espéra. Les artistes et les entrepreneurs culturels doivent se prendre en main.

Sans être donneur de leçon, il croit qu’en apprenant aux jeunes artistes danseurs  à écrire eux-mêmes leurs CV, à réaliser un bon dossier de spectacle et  des visuels de leur spectacle, ils auront ainsi les moyens techniques pour mieux se vendre. Grâce aux concertations entre les artistes, des réseaux se formeront et tous ensemble les artistes consentiront à développer des actions nouvelles. Raison majeure qui l’a poussé à construire à Baguida (10km au Sud-Est de Lomé), un centre culturel qui animera des cours de danse. L’espace s’appellera Tralala du nom de son association qui organise 2003 des stages à Lomé et qui connaîtront une sixième édition en 2010.

L’action de  Rojah Lao consiste à faire venir des danseurs belges, membres de l’association Tralala pour créer un pont de danse entre la Belgique et le Togo. Les membres de cette association se cotisent pour apprendre aux jeunes danseurs togolais les techniques de danse nécessaires à leur perfection : danses traditionnelle, moderne, voire hip hop.

Tralala dispose de peu de moyens mais pense vraiment donner sa contribution pour développer la danse en s’appuyant sur les rares danseurs professionnels qui sont à Lomé et  à l’étranger. « On ne veut pas remplir un vide mais construire en beauté ce pays ». Les Compagnie Motra et Zondédé et  des musiciens de rue sont avec lui.

Au bout de cinq éditions, il dresse ce bilan : «  Ceux qui ont été formés ne tournent pas. Ils veulent tous quitter le Togo pour exercer leur métier ailleurs. Ils croient que l’Europe est facile. Il y a beaucoup à faire. En Europe, on trime pour trouver des contrats et continuer à exercer son art. L’Afrique est un grand vivier qu’il faut protéger. Pire encore  la plupart des danseurs formés ne veulent pas se prendre en main mais  être assistés financièrement au quotidien au lieu de réfléchir à chercher des moyens pour développer leur art et en vivre.  Ils croient qu’on ramasse les sous en Europe et distribuer au Togo »

Il se donne jusqu’à 10 ans pour relever des défis car « perdre espoir, c’est perdre la vie ».  Il mise sereinement sur les danseurs professionnels togolais de la diaspora pour booster la création sur le terrain. C’est un gros travail en perspective  « je dois arriver à fédérer les énergies autour d’un projet commun, responsabiliser les gens et créer une équipe dynamique et active ! »

L’autre versant du projet est de travailler avec les enfants. « Toutes les activités qui ont été faites pour et avec les enfants ont été super- productives. Les enfants n’ont pas un rapport avec l’argent. Ils ont un rapport plutôt avec la formation, leur formation. ». L’éducation éducation de base permettra de croire aux rêves et de continuer à travailler.

Le centre de Rojah Lao ouvrira ses portes en 2010. Il est derrière le Lycée de Baguida près d’Afanoukopé. Il dispose de 20 m de large sur 45m de long. En projet, la construction d’une école de danse, une bibliothèque, une scène pour se produire.

Gaëtan Noussouglo© Togocultures

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