Recenser et renforcer les centres culturels

Ouro-Koura Mourtala, chargé de coopération au CRAC, assisté de Dieudonné Kodolakina recensent les centres et espaces culturels dans sept villes du Togo : Lomé, Aného, Atakpamé, Kpalimé, Sotouboua, Sokodé et Dapaong.

Au Togo, les centres culturels étatiques sont inexistants. Les artistes se produisent à l’intérieur du pays dans quelques rares salles de la Mairie. La circulation des spectacles au Togo est une sinécure. Les moyens manquent cruellement et très rares sont les artistes ayant un bon budget pour se faire connaître. Se produire à l’intérieur du pays nécessite un budget conséquent pour le transport, l’hébergement, la restauration, la location de la salle, les frais administratifs,   la publicité sur les radios locales, les radios qui couvrent la totalité du territoire et la télévision nationale. Le Togo vient à peine de penser à mettre en place un fonds d’aide à la culture, les initiatives culturelles souffrent énormément. Sans l’aide du Service de la Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France, de l’Institut allemand Goethe, et de quelques rares sponsors, toute tournée artistique est vouée à l’échec et à la ruine de l’initiateur.

Pire encore, les rares lieux culturels n’ont jamais été recensés. Raison pour laquelle Ouro-Koura Mourtala appelle les directeurs régionaux de la culture et les municipalités pour avoir une idée des espaces culturels existants. Pour le Coordinateur de ce projet au Togo, il faut répertorier les centres, voir leurs infrastructures et former les responsables. Cependant, il faut souligner que la plupart des centres n’ont pas de programmation, ni d’éléments matériels nécessaires à la production d’un spectacle ou d’un concert : sonorisation et éclairage. La plupart des espaces existent pour des locations occasionnelles.

Ouro-Koura Mourtala chargé de coopération au CRAC Photo Gaëtan Noussouglo
Ouro-Koura Mourtala chargé de coopération au CRAC Photo Gaëtan Noussouglo

Ce fait ne décourage pas les promoteurs. Le projet de Renforcement des Etablissements Culturels de l’Afrique de l’Ouest (RECAO) initié par l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) basé à Porto-Novo au Bénin est intéressant.  Dans 8 pays de la CEDEAO –Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Nigéria, Sénégal et Togo- un certain nombre de centres culturels seront sélectionnés et mis en réseaux pour permettre la circulation des spectacles dans la sous-région ouest africaine.  « Il s’agit de façon spécifique d’augmenter les capacités professionnelles de programmation concertée d’un réseau d’établissements culturels des pays ciblés » assure Ouro-Koura Mourtala, coordinateur du RECAO-Togo. 15 espaces seront identifiés au Togo et mis en réseaux, les responsables formés sur le plan régional. Deux ou trois projets seront sélectionnés et circuleront dans tous les espaces de réseaux. Les centres identifiés recevront l’appui de l’EPA pour la programmation sur deux ans.

Si la mise en réseaux et la création des synergies sont des projets nobles, la viabilité et la pérennité de ce projet se posent avec acuité. Plusieurs initiatives de ce genre ont été vouées à l’échec parce qu’elles n’étaient viables ni pérennes. Il y a lieu de mettre à contribution les Etats de la CEDEAO pour qu’ils pourvoient à la survie de ces espaces en appuyant annuellement les centres. Il y a lieu également de faire fonctionner les directeurs régionaux de la culture en les dotant de moyens conséquents.

L’autre élément soulevé est la moralisation du secteur culturel. Plusieurs personnes se lancent dans la culture comme à l’aventure sans une certaine connaissance de ce milieu. Si des aventuriers culturels réussissent à avoir ces financements, les projets risquent aussi d’échouer.

D’ores et Ouro-Koura et Kodolakina qui ont rencontré la presse au Centre Culturel Dényigban et six directeurs de centres culturels de Lomé assurent de la viabilité de ce projet. Le projet RECAO compte cinq volets d’activités : renforcement des capacités de l’EPA, études et enquêtes, traitement et diffusion de l’information, formation et réseautage, soutien à la programmation concertée et à la circulation. Il a reçu le financement du Fonds Régional pour la Promotion de la Coopération et des échanges culturels de l’Afrique de l’Ouest.

Gaëtan Noussouglo © Togocultures

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