L’horizon des sciences en Afrique de Yaovi Akakpo

Yaovi Akakpo
Yaovi Akakpo

Yaovi Akakpo est togolais. Il a fait ses études supérieures en philosophie à l’Université du Bénin et à l’Université de Dakar. Titulaire d’un doctorat de 3ème cycle et d’un doctorat d’état, il est maître de conférences dans le système CAMES. Il enseigne la logique, la méthodologie et l’épistémologie à l’Université de Lomé, où il est le responsable des formations doctorales en philosophie et le directeur du Laboratoire d’Histoire, Philosophie et Sociologie des Sciences et Technologies. Il est auteur de plusieurs travaux sur les sciences et les technologies. L’horizon des sciences en Afrique est son premier livre paru.

Togocultures : Vous venez de publier aux Editions Peter Lang, dans la Collection « Publications Universitaires Européennes », un ouvrage intitulé : L’horizon des sciences en Afrique. Le lecteur ordinaire peut s’interroger sur le sens d’un tel titre.

Yaovi Akakpo : Il vaut mieux laisser au lecteur la liberté de commenter le titre. Je vais simplement partager avec vous une manière de voir les choses : on ne peut pas penser le destin scientifique de l’Afrique sans considérer que nos sociétés sont emballées dans une dynamique planétaire de la marche, une dynamique historique, une dynamique culturelle. Le voyageur qui s’engage dans une longue marche se donne toujours un horizon. C’est un point ouvert qui lui sert de repère et le détermine. Le voyageur se donne aussi un horizon en fonction de ses propres aptitudes/capacités dynamiques.

Togocultures : Précisez nous au moins les enjeux actuels auxquels répond votre ouvrage.

Yaovi Akakpo : L’enjeu est double au moins. Un enjeu pratique : le désir de l’Afrique de s’affirmer et de se faire reconnaître. Dans la réalisation de ce désir, l’invention assure et assurera un « primat fonctionnel ». Il importe que les décideurs prennent toute la mesure de cet impératif moderne.
Un enjeu théorique : l’ouvrage me positionne dans un débat global dont l’interrogation sur « la place de la science africaine » est une piste thématique. Prenant acte de notre passé précolonial et colonial, de notre présent, bien de chercheurs et décideurs ont des appréhensions sur la capacité africaine à faire une appropriation de la science, de la science « puissante » précisément. Il faut sortir des approches épistémologiques qui demeurent marquées par le postulat que l’Afrique est une histoire figée, une histoire entièrement à part. Je crois que c’est là une autre manière de voir le destin de l’Afrique. Naturellement, cette façon de voir n’est pas dominante. C’est une piste qu’il faut inscrire dans la recherche contemporaine.

Lhorizon des sciences en Afrique de Yaovi AkakpoTogocultures : Pourquoi avoir laissé paraître un ouvrage qui parle des sciences et technologies en Afrique dans la collection « Publications universitaires européennes » ?

Yaovi Akakpo : Je vous vois venir. Vous pensez qu’il fallait inscrire le livre dans les « Etudes Africaines » par exemple. C’est une possibilité. Mais l’éditeur a certainement ses raisons. Autour de la question que je traite dans mon ouvrage, gravitent des chercheurs, des décideurs qui ne sont pas nécessairement africains. De toute façon, mes recherches portent largement sur l’Afrique, mais mes manières de voir ne s’inscrivent pas dans l’africanisme classique.

Togocultures : Votre livre a exploré des expériences de développement scientifique et technologique en Afrique : technopole, transfert de technologie, liberté intellectuelle, recherche universitaire, savoirs traditionnels… Je me permets alors de vous demander : comment se porte aujourd’hui la science africaine ?

Yaovi Akakpo : Malgré la réalité depôles scientifiques émergents encourageants (Afrique du Sud, quelques pays de l’Afrique du Nord, Nigeria, Kenya….), les problèmes auxquels la science africaine reste confrontée sont légion. Beaucoup de pays n’ont même pas de politique nationale de la recherche clairement définie. La question n’est pas simplement de savoir comment se porte la science africaine. Il s’agit plutôt de faire le choix de la science et de la technologie en tant que choix politique et stratégique, économique et culturel.

Togocultures : A quand le prochain livre ? Sur quoi portera t-il ?

Yaovi Akakpo : Je n’aime pas faire ces genres d’annonce.

©Togocultures

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