Jeannette Délali Ahouansou épouse Abotsi est né en 1954 à Lavié-Huimé dans le Kloto. Études primaires à Lavié. Études secondaires Lycée de Tokoin (Lomé) et Lycée de Kpodzi (Kpalimé). Etudes universitaires à Tananarive (Madagascar) et Universités du Bénin (actuelle Université de Lomé) sanctionnées par une licence en anglais et en sciences de l’éducation. Elle a enseigné dans plusieurs lycées au Togo jusqu’en mai 2008, date de son admission à la retraite. Elle est mariée et mère de 4 enfants Elle a reçu le prix France-Togo en 1995 pour son roman, Une longue histoire, éditions Akpagnon 1995. Le Trophée de Cristal publié aux Éditions de la Rose Bleue, est son second roman. Elle a bien voulu répondre aux questions de Togocultures.
Togocultures: Qui est Jeannette Ahonsou?
Jeannette Ahonsou : Je suis née à Lavié-huime (kloto) au Togo en 1954. Licencié ès Lettres (option anglais),j’ai enseigné dans plusieurs lycées de mon pays jusqu’en Mai 2008, date de mon admission à la retraite. Je suis mariée et mère de 4 enfants.
Togocultures: Parlez-nous de votre expérience d »écrivain?
Jeannette Ahonsou : Après quelques nouvelles sans succès, je suis venue au roman. Le prix France-Togo que j’ai obtenu en 1995 avec mon premier roman Une longue Histoire m’a encouragée à persévérer dans cette voie. Le trophée de Cristal, ma seconde oeuvre est également apprécié des lecteurs. Je continue d’écrire malgré les difficultés de l’édition au Togo. Le manuscrit de mon troisième roman La Dernière Chance, attend patiemment chez mon éditeur. Mes romans sont, selon les lecteurs, entraînants, passionnants peut-être que, à part le soin que j’apporte à la composition et au style, j’aborde dans mes oeuvres les problèmes des enfants mal-aimés, ceux de la femme qui doit arriver à acquérir sa dignité par l’instruction, l’indépendance financière, son épanouissement, situation dont bénéficieront à coup sûr ses enfants, donc toute la société.
Togocultures: Quel accueil le public à vos œuvres?
Jeannette Ahonsou : L’accueil réservé par le public à mes deux ouvrages a été assez chaleureux. En témoignent les coups de fil d’encouragement et de félicitations que je recevais lorsque Une longue histoire, en feuilleton passait sur les ondes de Radio Maria et aussi les invitations que j’ai eues pour parler de mes ouvrages au Centre Culturel Français, dans les lycées, etc
Togocultures: Est-il possible d’écrire en toute sérénité au Togo ou en Afrique?
Jeannette Ahonsou : Pas vraiment. Surtout si l’auteur se mêle de politique. Mais je crois que, même dans ce dernier domaine, des progrès appréciables ont été faits pour la liberté de la pensée, donc celle de l’écriture.
Togocultures: Peut-on vivre de sa plume au Togo?
Jeannette Ahonsou : Pas du tout. Le lectorat togolais constitué de jeunes surtout souhaiterait recevoir gratuitement les livres au lieu de les acheter, car ces jeunes en général manquent de moyens financiers. Alors s’il faut miser sur les 10% qui sont mes droits d’auteur. hummmm……..
Togocultures: Comment trouvez-vous le paysage du livre au Togo?
Jeannette Ahonsou : Les Togolais écrivent bien et beaucoup. Malheureusement, il y a si peu de maisons d’éditions pour éditer donc faire connaître ces écrits. En outre, les oeuvres éditées ont besoin d’être plus médiatisées.
Interview réalisée par Gaëtan Noussouglo. Première publication le 29 avril 2008
Le site de l’écrivain : http://ahonsou.com/
JEANNETTE AHONSOU, LA VEINE DU ROMAN POPULAIRE par Kangni Alem
Il s’agit d’une banale histoire de ménage à trois… avec pour protagonistes principaux Constance, son mari Gilles, et la maîtresse de ce dernier, Sylphide, alias Cristal. Situation de polygamie non déclaré, puisque l’épouse ignore l’existence de cette rivale qui n’a qu’un objectif : ravir à Constance son époux, par tous les moyens possibles… Quand ça commence ainsi, on peut se dire, d’accord, on a tout compris, on peut refermer le livre. Quelques surprises vont alors vous convaincre de continuer la lecture.
La première de ces surprises est le cadre de l’histoire. Romancière togolaise, Jeannette Ahonsou installe contre toute attente le décor de son roman loin du pays natal. En effet, tout se passe à Madagascar, la grande île de l’Océan Indien, célèbre pour ses rites funéraires, dont l’auteur va s’inspirer pour imprimer une ambiance au récit. Celle des intrigues sans fin, des tentatives de meurtre dont on ne sait pas toujours qui est à l’auteur. Et c’est là l’autre surprise du roman, l’embrouillement des pistes, copie conforme de la confusion des sentiments. Qui de Sylphide ou de Gilles, tire les ficelles dans l’ombre ? D’autant plus que Gilles lui-même pourrait avoir envie de se débarrasser de Constance, qui ne lui a jamais donné d’héritier mâle, ce que Sylphide par contre serait sur le point de lui offrir. L’arrière-fond sociologique sur l’importance de l’enfant mâle n’est pas forcément une belle trouvaille, mais qu’importe, il fournit une fausse piste intéressante. Le lecteur cherche des réponses en suivant le fil tendu entre les péripéties du roman.
Comme toujours dans les histoires à trois, il existe un quatrième larron en embuscade, prêt à intervenir pour offrir aux personnages et à l’auteur la voie de sortie. Si la structure du récit n’avait pas été intelligente et sans prétention, je crois que Jeannette Ahonsou aurait raté l’introduction dans ce récit de ce quatrième personnage.
Il y a d’abord la scène du coup de foudre, en l’occurrence celui de Ray, jeune médecin, pour Constance, à l’insu de celle-ci, la première fois qu’il l’aperçut dans une ferme laitière. Il faudra attendre plusieurs chapitres pour que la deuxième rencontre ait lieu, cette fois-ci dans une chambre d’hôpital où Constance, victime d’un accident de voiture mystérieux, est en train de perdre la tête. Ray va jeter toutes ses forces d’amoureux transi dans cette bataille médicale contre le traumatisme et le mal-être de la jeune femme, avec l’intention manifeste de rafler la mise, d’autant plus qu’il sait des choses sur Gilles qui le mettent en position de force.
Puis il y aura l’événement capital, qui va précipiter l’histoire et, par contrecoup Constance elle-même dans les bras de Ray. Un soir, à une fête où l’affrontement entre Sylphide et l’épouse de Gilles éclate au grand jour, cette dernière échappe à un empoisonnement, miraculeusement. Une serveuse boit dans le verre qui était destinée à Constance et se porte mal. Le roman approche à cet instant-là du dénouement, puisque Ray se transforme presque en détective pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à la serveuse, et de fil en aiguille met à nu les machinations contre celle qui allait devenir sa nouvelle compagne à la fin du roman.
Il y a la petite prouesse finale, le maintien du flou, comme dans n’importe quel polar classique, autour du protagoniste collatéral, celui qui se révèle être à la fin plus qu’un « deux ex machina ». Dès le départ, l’auteure en avait brièvement parlé, de ce personnage féminin, la maman de Sylphide, mère indigne que sa fille abandonne à son sort misérable pour courir le monde et les hommes à sous. On la retrouve, cette femme, aux côtés de Constance, laquelle l’a recueillie dans des conditions bizarres, mais jamais n’aura idée que le danger le plus crucial qu’elle a à affronter était tout proche d’elle. Mais à force de traquer le « happy end », Jeannette Ahonsou nous offre un dénouement convenu et bâclé où Cristal (Sylphide) et sa mère meurent de façon rocambolesque, laissant un Gilles hagard et désemparé traîner son mal-vivre ! N’empêche, au total, Le trophée de Cristal est un bon roman populaire, dont la lecture n’est jamais ennuyeuse.
Références: Jeannette Ahonsou, Le trophée de cristal, Les éditions de la rose bleue, Togo, 2005.