Théâtre: Frédéric Gakpara charcute la République

4e de couverture de La Charcuterie de la RépubliqueLa charcuterie de la République, Voici un livre de théâtre qui se donne beaucoup d’ambition, celle d’amener le théâtre au public qui commence par fuir les rares espaces depuis quelques temps, de faire plaisir au spectateur en le faisant rire, en lui  disant des choses qu’il aimerait bien entendre.

Le texte se veut original et très libre des règles du théâtre. L’auteur y dissèque avec un humour sarcastique les aspects de la République et de la société à travers les journaux. S’il faut connaître l’état d’un pays, quoi de plus indiqué que les chroniques dans les journaux ? La pièce est divisée en quatre parties appelées refrain.  La scène est très dépouillée et se constitue uniquement de cette espèce de kiosque où le vendeur expose ses articles. Mais il s’agit d’une scène très volatile, puisque le vendeur fait un va-et-vient entre le public et la scène, l’auteur s’inspirant du théâtre populaire, le concert-party.
La charcuterie de la République est un monologue, Le personnage principal s’appelle Zandé (littéralement il n’est pas tard). Son nom est porteur d’espoir de tout un peuple, il n’est pas tard pour un réel changement des mentalités tant politiques que sociales. Ce personnage un peu hâbleur, costaud et loquace, est un vendeur de journaux à la criée. Son métier est un peu difficile et risqué : un contrôle sévère est exercé sur la presse,  et le vendeur en fait les frais (physiquement) lors de descente des sbires du régime. Mais la presse de son pays n’est pas très sérieuse non plus, elle est soit dominée par les idéologies en place, soit alimentaire, donc peu achetée par les clients. Néanmoins Zandé adore particulièrement un, La Charcuterie de la République, au ton ouvertement caustique, humoristique et impertinent. Pour appâter les clients, il en lit le contenu, rubriques par rubriques. Des articles très décapants, à commencer par l’éditorial, les actualités, les records, l’économie charcutée et l’épidémie de string.

L’auteur se propose de railler les phénomènes de société. Son écriture est-elle de l’ordre du théâtre ou de l’humour ? Il appartient à la critique de se prononcer sur cette composition textuelle pas nouvelle, au regard des pièces théâtrales telles qu’elles s’écrivaient entre 1988- 2002. Quant à la forme, elle s’éloigne bien des règles du théâtre. Frédéric Gakpara a porté cette pièce plusieurs fois sur scène et les publics adhèrent à son humour…décapant. Une tournée nationale du spectacle est en cours de préparation.

Bio rapide (source Acteurs du Livre au Togo)

Frédéric Gakpara est né à Lomé en 1975. il fait ses études secondaires au Collège Saint Joseph de Lomé. Très tôt passionné de théâtre, il s’y adonne dès la fin de ses études secondaires. Il reçoit une formation d’entrepreneur culturel auprès d’Africréation. Des ateliers et des stages lui permettent de préparer sa carrière artistique. Chanteur- slameur, comédien, Frédéric Gakpara porte plusieurs casquettes : directeur du Centre Culturel Dényigba, responsable de la Compagnie Les Kamiscènes, porte-parole du collectif des Artistes prometteurs et journlistes culturels, membre de la Coalition Togolaise pour la Diversité Culturelle, secretaire général de la Société togolaise de théâtre et vice –président de la Fédération Togolaise des Hommes de Théâtre Kéwewa.

Frédéric  Gakpara-Yawo, La charcuterie de la République, Editions Graines de Pensée, Lomé, 2006, Prix 4500 FCFA

Tony Feda

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