Le Cinéma « Le Togo » entre dans l’histoire

Cinéma Le Togo
Cinéma Le Togo

Le mercredi 12 octobre 2011 dans l’après-midi, M. Pascal Bodjona, Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales procéda à la réception du nouveau marché de Hanoukopé à Lomé appelé « Marché Le Togo », en présence de sa collègue  de la Promotion de la femme, Mme Henriette Kuévi Amédjogbé et du Contre-Amiral Fogan Adégnon, Président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé. Ce « joyau » d’un coût total de 600 millions de FCFA (914.694 euros) est construit à quelques mètres de l’ancien marché et

il occupe une superficie de 30.000 m² qui était un ancien dépotoir marécageux. Il compte quelques 1500 places dont 734 sous hangars

Avec l’ouverture de ce nouveau marché qui s’effectue dans le cadre du Projet d’Aménagement de la Zone Lagunaire (PAZOL), l’ancien marché « Le Togo » va être rasé ainsi que l’ancien cinéma « Le Togo ».  Bientôt, une route pavée va s’y substituer, reliant Amoutiévé et Hanoukopé en logeant la lagune « centre ». Le compte à rebours commence pour ce bâtiment qui a fait les heures de plaisir des cinéphiles de Lomé.

A coups de burin et de marteau, la démolition annoncée du cinéma « Le Togo » a commencé au cours de cette semaine du 17 octobre 2011. Un tour fait ce jour révèle que les portes ont déjà cédé, le toit aussi et les anciens sièges. Il reste à démonter la charpente métallique et à faire écrouler les murs avec l’écran resté muet depuis plusieurs années.

Les jours sont donc comptés pour ce bâtiment qui aura marqué l’histoire récente des projections sur grand écran à Lomé. La génération des 20/30 ans n’a pas connu les délices et l’ambiance fébrile de ce « temple » des projections à moindre frais qui drainait des centaines de jeunes Togolais férus de films « indiens », hindou ou western. Bien sûr, en soirée, on y projetait d’autres films moins engageants pour les plus jeunes ! « Le Togo » s’ajoutait à l’ancien cinéma « Rex » comme les deux salles accessibles à la « populace », aux cinéphiles les moins « fortunés ».

Pour qui connaît les habitudes dans notre pays, on n’assiste pas aux films et aux matchs devant les écrans en se taisant. On accompagnait de commentaires les actions des acteurs. Et il y a toujours de ces gens qui ont plusieurs fois vu les films et qui devançaient toujours les comédiens en racontant aux autres cinéphiles plus ou moins désabusés.

La belle époque où on pouvait aller au ciné avec des boîtes de détergent « Pax » et autres gadgets parce qu’on n’avait pas 10F ou 25F ou 50F ou 75F pour payer son ticket d’entrée dans les années 70-80.

Les femmes du nouveau marché de Hanoukopé ont préféré garder le nom « Marché Le Togo » pour le nouveau marché. Leur responsable a expliqué que cela fait l’identité de ce marché, même si on venait de le reconstruire. Nous ajouterons, même si le lieu qui lui donna le nom est en train de disparaître.

Personnellement, je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi ce cinéma était appelé « Le Togo ». Est-ce à cause d’un petit monument représentant la  carte du Togo, monument érigé sous le camp militaire RIT, à une centaine de mètres en face du cinéma, à fleur des marécages de la Lagune ? Si c’est cela, pourquoi un bâtiment semblable avec la même architecture construite à Cotonou portait-il le nom « Cinéma Le Bénin » et était exploité par le même Tabchoury qui fit sa fortune dans le commerce et notamment dans celui de l’exploitation de quasi toutes les salles de cinéma de la ville de Lomé? Dans tous les cas, avec la démolition de « Le Togo », un patrimoine entier de cette ville de Lomé, patrimoine qu’on gagnerait à évoquer, entre dans l’histoire, dans l’indifférence totale d’une population constituée de jeunes qui n’ont pas connu les délices de « Le Togo ».

Nous y reviendrons.

Cyriaque Noussouglo

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