La styliste Nini Nicoué crée son premier « Cahier africain de tendance »

Nini NicouéEn mode, l’habit a toujours fait le moine. Les tenues, les costumes et la façon de s’habiller permet de connaître les gens, leur milieu d’origine, leur classe sociale. Bien s’habiller, c’est surtout être soi, en soi, mieux se sentir dans sa peau. Nini Nicoué alias Eamod Ayanick (photo) le sait très bien. C’est son métier. Cette styliste modéliste toiliste diplomée FORMAMOD à Paris a créé sa première école de stylisme Modélisme en 1992 à Lomé EAMOD Ayanick. A ce jour, cette école a formé plus de 500 étudiants provenant tant d’Europe et d’Afrique : Allemagne, Togo Mali, Tchad, Burkina Faso, Centrafrique, Bénin, Nigéria.

Cahier africain de tendance, Fragment fashion

L’excellence a toujours galvanisé le travail vestimentaire. Elle adore le travail bien fait. Raison pour laquelle, elle met sur le marché togolais son premier « Cahier africain de tendance », « Fragment fashion ». Sous les tropiques, il faut adapter la mode au climat, à la bourse de chaque individu, au milieu de vie sans toutefois renier la modernité vestimentaire.

«  Les couturiers manquent généralement sur le continent berceau de l’Humanité de supports de travail (…) C’est pour combler ce vide dans le stylisme et le modélisme que “ Fragima Fashion” a été conçu », résume Mme Nicoué-Beglah Kotoko au sujet de sa création qu’elle présente comme le « premier Cahier de tendance » dans l’univers de la mode en Afrique.

Quels sont les traits avant-gardistes de « Fragima Fashion  » dans le lot des catalogues qui abondent sur le continent noir ? Nicoué-Beglah Kotoko est prolixe en répondant à cette interrogation :« Je me suis mise dans la peau des tailleurs, des couturières et de leur clientèle pour créer Fragima (…) C’est un ouvrage professionnel. En plus des modèles qu’on y retrouve, y figure aussi le dessin technique à côté, et la description du modèle en français et en anglais. L’originalité est aussi dans la technique (la façon de dessiner) : la stylisation est personnelle. Les modèles mis en valeur sont originaux  ». La singularité de « Fragima » réside également dans la matière qui y est exposée : les tissus africains.

Détourner la jeunesse de la friperie

Dans le contexte de la mode au Togo, ce « Cahier » a en outre pour prétention subtile de détourner la jeunesse qui constitue la couche la plus importante de la population togolaise de la friperie. En le séduisant autrement : «  Si les jeunes se tournent vers la friperie, c’est justement parce qu’ils n’ont pas d’autres choix pour être à la mode. Avec “ Fragima Fashion”, ils ont la solution à ce problème. Il suffirait d’acheter un tissu et d’aller chez le couturier pour avoir des tenues tendances », prédit la styliste Nicoué-Beglah Kotoko qui dirige depuis dix-neuf ans la première école de stylisme-modélisme à Lomé, « Eamod Ayanick ».

Se définissant généralement comme « une artiste qui a plusieurs cordes à son arc », la directrice d’« Eamod Ayanick » espère que « Fragima » drainera vers elle, la mobilisation locale nécessaire à même de le faire connaître dans les cercles internationaux de la mode.

Depuis 2001,« Eamod Ayanick » organise aussi, « un Concours de design de mode » étiqueté « Alokpa » («  la doigté, l’excellence, l’originalité » en mina, langue du Sud-Togo). Cet évènement culturel qui se veut annuel et qui promeut des jeunes stylistes-modélistes n’a connu pour l’heure que quatre éditions. La raison est liée surtout à la crise et au faible engagement des partenaires. La crise essentielle des festivals en Afrique est que la plupart des pays ne soutiennent pas financièrement leurs partenaires culturels. La dernière édition d’Alokpa a pourtant séduit tous les milieux de la mode en Afrique.

Edem Gadegbeku © Togocultures

Photo afriquinfos :

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