Le mythe de Dan, le serpent dans les traditions et religions

Le symbole du signe serpent nous renseigne sur l’univers, la transmission, la connaissance, la guérison, la roublardise, l’hypnose, la vie, la mort et le perpétuel retour à la vie. L’univers manichéen du serpent est prégnant dans toutes les civilisations et dans de nombreuses cultures.

Dans la Bible, par exemple, le serpent symbolise la connaissance, la lumière. C’est lui qui a donné la connaissance à Adam, le premier homme, qui lui a ouvert les yeux sur sa nudité. Il avait des pattes pouvait-on imager car à sa condamnation par Yahvé, Yéhowah ou Dieu, il en fut privé. Il rampe sur la terre et est adepte de l’ange déchu Lucifer. Etymologiquement, Lucem (lumières) ferre (porteur), le porteur de Lumières et de clarté, le serpent entre dans les coins sombres de l’histoire. Il introduit ainsi la mort, le mensonge et la chute des premiers hommes Adam et Eve. On peut se référer au livre de Genèse au chapitre 3 dans la Bible[1]. Pourtant Moïse, pour demander au pharaon de libérer les Israélites du joug de l’esclavage et de les laisser partir, dans la Bible transforme son bâton en un serpent qui avale les trois autres serpents de Pharaon. Plus tard dans le récit, Moïse érige un serpent d’airain dans le désert, quand les israélites sont tombés dans un nid de serpents brûlants envoyés par Dieu. Quiconque a été mordu le regarde et trouve une guérison. Dans le livre de Nombres[2] au chapitre 21 versets 4 à 9. Dans ce livre au même chapitre au verset 9 « Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe ; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve »  Il est ici le symbole du chaos et de la guérison.

Au Proche-Orient, le serpent serait une divination. Dans la Grèce antique on se souvient de Méduse, l’une des trois Gorgones, la seule mortelle qui a ses cheveux sous forme de serpents, sa tête est humaine et son corps en serpent. Ses seuls yeux ont le pouvoir de pétrifier, de transformer en statue. Son nom a donné le verbe « méduser » c’est-à-dire « pétrifier ». Elle symbolise la puissance de la femme. Très belle, selon la mythologie, elle est violée par Poséidon, Dieu de la mer, des océans et des profondeurs, dans un temple de la divinité d’Athéna. Blessée, cette dernière la transforme en Gorgone.

Le serpent dans la mythologie vodou (Togo, Ghana, Bénin et Nigéria) est une divinité appelée Dan ou Dan Anyidohwedo (l’arc-en-ciel). Il est le symbole de la richesse, de l’opulence, de l’élégance car la richesse est le lien entre toutes choses. Avoir, c’est être. Il impulse aussi la vie et amène tous les sacrifices vers la divinité à laquelle ils sont adressés. Dan ou Agnidouhouédo est une ligne incarnée ou un arc-en-ciel qui n’a ni début ni fin. Il surgit de l’invisible et retourne à l’invisible. Le serpent dans la mythologie Ewe est celui qui transmet les sacrifices laissés au carrefour par les humains aux dieux, il devient le médiateur et la courroie de transmission entre les dieux et les hommes. En le voyant à un carrefour, lieu de sacrifice aux dieux, cela signifie clairement que les sacrifices ont été agréés, transmis par le « facteur ». A l’image du vodou qui l’exploite aussi dans le culte de la divinité des eaux, il est proche du bouddhisme et de l’hindouisme avec la divinité Vishnu. Il symbolise le cycle de la réincarnation, par ses mues et son apparence proche de celle des poissons de la mer (on dit qu’il est recouvert d’écailles) et le phallus par sa ligne. Il est dit dans le culte de Mami Wata sur la côte ouest-africaine et en Afrique centrale qu’il visiterait la nuit certaines personnes pour leur conférer des richesses. Mami Wata, la sirène combine plusieurs vodous et des influences européennes et hindouistes.

On l’assimile à la colonne vertébrale humaine sans laquelle l’être devient tétraplégique. Il relie ainsi l’univers des vivants et l’univers des morts. De plus, les dieux, les microbes résident dans un monde invisible que l’œil nu ne peut appréhender, ce qui nous rapproche du vodou et de sa mythologie.

Ce cycle de réincarnation et de médiation est intéressant car est assimilé à l’Ourobos, le serpent qui se mord la queue. Il est le cercle, la roue, l’éternel retour à la vie, l’autofécondation, la renaissance et l’enchaînement ininterrompu des saisons. Ainsi chez les Amérindiens, c’est le dieu primordial de l’Agriculture Il serait exploitable dans les différents sacrifices pour rechercher les corps dispersés et donner l’apaisement aux vivants. Il est l’énergie pleine de vitalité, le pilier du monde.

Gaëtan Noussouglo©Togocultures


[1] Traduction Œcuménique de la bible, p.21

[2] Traduction Œcuménique de la Bible, p.240

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