La faiblesse des hommes ou la pensée unique

arton377L’auditoire était nombreux ce samedi 25 septembre 2010, entre 16h50 et 18h30, à la grande salle de la paroisse franciscaine de Hanoukopé à Lomé pour assister à la dédicace du premier roman, La faiblesse des hommes ou la pensée unique de Ayawovi Soékey SALLAH, parut aux Editions Haho de Lomé.

Pour un roman, le titre déroute. On aurait cru avoir affaire à un essai politique. Mais il s’agit bien d’un roman « atypique » qui interroge, dans le sillage de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Togo, l’héritage du parti unique. On a parlé de courage voire de témérité de la part de l’auteur, fonctionnaire de son état au Ministère togolais des Finances et de l’Economie.

L’auteur lui-même a eu un parcours universitaire et professionnel qui l’a fait tanguer des lettres vers les chiffres. Né le 29 octobre 1964 à Lomé, diplômé des Lettres allemandes à l’Université du Bénin (actuelle Université de Lomé) en 1988, il s’orienta au cycle 2 de l’Ecole Nationale d’Administration de Lomé où il obtint en 1991 un diplôme dans le domaine des finances et du trésor ; puis en 2003, il s’inscrivit à Paris en France à l’Ecole Nationale du Trésor d’où il sort nanti du titre d’Inspecteur de Trésor. Depuis 2008, il est Directeur Général de la Comptabilité Publique.
Après les chiffres, dit un de ses collègues, les lettres.

Ayawovi Soékey Sallah présentant son roman La faiblesse des hommes ou la pensée unique
Ayawovi Soékey Sallah présentant son roman La faiblesse des hommes ou la pensée unique

Depuis le mois de décembre 2009, M. Sallah s’est pris à l’idée d’apporter sa contribution à la célébration du cinquantenaire en exploitant la réalité du parti unique en fiction romanesque. Faisant le bilan du parti unique, il plonge le lecteur au cœur d’une énigme qui conduit à l’assassinat du Secrétaire Général du Parti Unique, le Parti-Etat par Fatima la voilée, sa femme de ménage. Le second personnage de l’Etat qui est aussi facilement assassiné, chez lui !…Une semaine plus tard, c’est le fils du SG qui se suicida. La police a tout fait pour élucider en vain ces énigmes qui frappaient la famille BATAKO… C’est l’occasion pour l’auteur d’interroger la société togolaise et d’aller dans les méandres du pouvoir politique et du cœur humain. Pour Soèkey Sallah, le malheur de l’humanité vient de la faiblesse des hommes à s’accrocher à ce qu’ils connaissent : « Il est difficile, affirme t-il, d’imaginer jusqu’où l’homme peut aller dans l’expression de ses faiblesses ».

En bon germanisant, Soékey Sallah exploite la technique de distanciation vulgarisée par Bertolt Brecht pour inviter le lecteur dans ce polar, à prendre le recul critique nécessaire qui s’impose.

Dans un style simple et accessible, le débat est lancé sur l’héritage du parti unique et de la démocratie mais aussi sur d’autres thématiques : la polygamie, l’hypocrisie, l’exploitation de l’homme par l’homme, les rapports incestueux et vicieux avec les servantes…

Togocultures souhaite bon vent à ce roman et une bonne carrière littéraire pour l’auteur le bonheur du plus grand nombre de togolais.

Cyriaque Noussouglo©Togocultures

« La Présentation du roman La faiblesse des hommes ou la pensée unique » de Ayaovi Soékey SALLAH Par Déo LAISON

« « Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris« , a dit le poète. Le cercle de famille que nous constituons accueille ce soir le premier né littéraire de Ayaovi Soékey SALLAH. Un ouvrage atypique qui relève à la fois de faits divers, de récit, de pamphlet, de précis de sociologie voire de psychologie.

C’est le cri de cœur d’un intellectuel, d’un citoyen, d’un démocrate, d’un homme face à déliquescence d’une société sclérosée par les dérives inacceptables de son élite.

Lorsque les puissants, les guides, les timoniers et autres références se complaisent dans une bassesse inqualifiable, Ayaovi Soékey SALLAH dégaine son écritoire et déverse, à raz bord, sa bile, sa révolte, son indignation et surtout sa foi dans la nature perfectible du genre humain, sur tout ce qui peut contenir ce flot d’ émotions.

Le style : Le style de l’ouvrage est simple, limpide comme celui qui convient à un article de presse ou à un polar. Le lecteur est pour ainsi dire happé par l’intrigue qui ne se dénoue qu’ à la dernière page comme un rapport d’investigation. Ici, pas de recherche ampoulée, pas de fioritures encombrantes, par de syntaxes complexes. Les idées sont exprimées telles qu’elles se présentent et sont livrées avec la hardiesse des échanges épistolaires.

Les personnages : Les personnages sont vraisemblables, je dirai réels. Le lecteur a l’impression au détour d’une phrase de découvrir le portrait d’un ami, d’un voisin ou sa propre image projetée sur un écran géant.

La trame : La trame est conçue en couches superposées et translucides. Autour des aberrations de la gouvernance propres aux républiques bananières, gravitent la grande et petite histoire faites de drames personnels, de combines de bas étages, de l’arrogance du vice, de recul de la vertu : tout ce qui compose et découle de la faiblesse humaine.
Aussi, le politologue verra t-il une fresque du parti unique, le sociologue, un assemblage savant de faits sociaux, l’historien la face cachée de notre histoire récente, le psychologue les affects qui complexifient la nature humaine, le citoyen lambda la petitesse des grands…

Epilogue : Je n’en dirai pas plus, je vous invite à dévorer ce beau livre. Vous nous direz après sous quel angle vous l’avez abordé ; nous saurons ainsi dans quelle catégorie vous classer.
J’espère vous avoir mis suffisamment de l’eau à la bouche.
Bonne lecture.
Je vous remercie. »

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