Hommage de la Nation togolaise à Paul Ahyi

Le Peuple togolais à travers ses dirigeants avec en tête le Président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Ganassingbé a rendu, le jeudi 14 janvier 2010, hommage à Paul Ahyi, le Grand maître de la sculpture monumentale, le concepteur du drapeau togolais, du monument de l’indépendance et de tant d’œuvres à travers la monde, décédé le 4 janvier 2009 à Lomé. Il sera inhumé le 15 janvier à Atoéta dans la préfecture des Lacs, le jour où il aurait eu ses 80 ans.
Une foule compacte et composite parmi lesquels le Premier Ministre Son Excellence Gilbert Fossoun Houngbo, le Président de l’Assemblée Nationale, les membres du gouvernement, le Corps Diplomatique accrédité au Togo, les anciens ministres et hauts dignitaires, la Responsable du Bureau Régional de l’UNESCO à Accra, Madame Elisabeth Moundou, la famille, les artistes et tant d’autres attendaient depuis 7H du matin sur l’esplanade du Palais des Congrès de Lomé aménagée pour la circonstance. A 8h 55, la dépouille mortelle est introduite sur l’esplanade au rythme de « Quand tu chantes, je chante avec toi liberté » de Nana Mouskouri  exécuté par l’Orchestre principal de FAT.

Paul Ahyi
Paul Ahyi

Après le dépôt du gerbe par le Président de la République sur le cercueil massif fait par des artisans togolais, l’exécution de l’Hymne national, il est revenu à la Directrice du Bureau régional de l’UNESCO d’Accra de livrer le message de l’UNESCO qui consacra en septembre dernier Paul Ahyi artiste de l’UNESO pour la paix le tour des hommages  C’est à Elizabeth MOUNDO, Directrice du Bureau Régional de l’UNESCO d’Accra qu’est revenue le devoir de saluer en premier en Paul Ayhi, l’artiste et ambassadeur de la paix de son organisation, « l’infatigable promoteur de la paix à travers l’art » consacré pour la promotion et le rayonnement de la culture africaine, pour ses valeurs partagées de diversité et de civilisation. Elle a salué la grandeur exceptionnelle de l’artiste, l’extraordinaire harmonie et la force de créativité que dégagent ses sculptures en particulier et l’ensemble de ses productions artistiques en général.

Puis vinrent le tour de deux de ses anciens élèves de lui rendre hommage. Le premier à le faire était Hilaire Locoh-Donou, architecte formé par le défunt à l’Ecole Inter-Etats d’Architecture et d’Urbanisme (EAMAU), aujourd’hui Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme où il avait commencé à enseigner dès l’ouverture en 1976. L’orateur très ému, a retracé le parcours existentiel de Paul Ahyi depuis sa formation à l’École des Beaux-arts de Lyon et de Paris, ses années d’enseignement aux Collèges de Sokodé, aux Lycées Bonnecarrère et de Tokoin puis à l’EAMAU. Pour Locoh-Donou qui relève au passage que la dernière œuvre de l’artiste se trouve à l’intérieur de son nouvel hôtel Eda-Oba à Tokoin, Paul Ahyi avait toujours su tirer faire découvrir en chaque apprenant ce qu’il avait de meilleur en lui.

Le Professeur Joachim Amédégnato, médecin, parla à la suite de Locoh-Donou longuement pour révéler les dimensions « cachées » de l’artiste. L’orateur a su décrypter le riche itinéraire professionnel et les multiples facettes de cet homme exceptionnel qui soulignait de son vivant que « la liberté chez l’artiste tient à sa raison d’être ». Paul Ahyi, le patriote, le nationaliste, l’humaniste, le militant de la cause noire, ancien membre du directoire de la Fédération des Etudiants Noirs de France, l’artiste plasticien, l’enseignant, le chercheur, l’anthropologue, le poète, le chorégraphe, le détecteur de talents comme Bella Bellow ou Julie Akoussah, le stimulateur de créativité… Il a, entre autres, signé les directions artistiques du groupe musical et du groupe de ballet qui ont représenté le Togo au Festival des Arts Nègres de Dakar de 1966. Pour lui, Paul Ahyi était « l’un des hommes d’une dimension exceptionnelle qui par l’envergure de leurs actions survole le temps et les générations ».

Alors qu’une brillante carrière l’attendait en France, il préféra rentrer au pays en 1962 à la fin de ses études. Au moment où d’autres brandissaient leurs diplômes d’ingénieur, de physicien, de médecin, toutes disciplines « utiles » pour le commun des gens, on s’étonna que lui aille aussi loin faire des études d’arts. Mais le Professeur Paul Ahyi disait à ceux-là qui étalaient ainsi leur ignorance que ceux s’interrogent sur l’utilité de l’art devrait aussi répondre à la question de l’utilité de l’homme sur la terre. Car l’art est science, prescience, magie, divination, l’art quantifiable. Il est comme le souffle nécessaire à notre vie, le souffle qui nous habite. L’art est le fondement des cultures des peuples du monde ». Pour l’orateur, Paul Ahyi est un météore qui, le temps d’une vie, auréole le ciel et qui au soir de sa vie voudrait, devant toutes les laideurs du monde « être du futur, ce temps où on aura tant de choses à faire ensemble ». Son nouveau jour commence aujourd’hui.

Le Ministre de la Communication et de la Culture, Oulégoh Kéyéwa a enfin clôturé la série des hommages au nom du gouvernement et du peuple togolais. Convoquant entre autres des philosophes et auteurs comme Spinoza, Heidegger et Malraux, il souligna que méditer sur la mort, revient à s’interroger sur la vie et que, passagers du temps que nous sommes, la mort transforme une vie en destin comme l’a dit Malraux. « Oh Dieu, donne à chacun sa propre mort, donne à chacun la mort qui est la sienne. » Il a salué le génie créateur du défunt dont la mort intervient au moment où sa famille se préparait à fêter ses 80 ans et la nation, ses 50 ans d’indépendance, sa modestie, son humanisme, son rôle de pionnier qui a assumé ses tâches avec les aspérités de tout début. Pour lui, l’homme habite en poète sur cette terre c’est-à-dire en créateur. Chaque jour que nous verrons lever le drapeau togolais, le peuple togolais se souviendra de ton génie créateur. Il a terminé sur la dimension patriotique de l’artiste dont il a cité des extraits de son recueil  : « Togo, mon cœur saigne ».

© Togocultures

 

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