Avec son album « Analgézik » Elom 20ce s’arme de mots qui détonnent

Elom20ceAllure « frêle » et un peu timide, le verbe surtout haut : ce sont les principaux traits caractéristiques du jeune chanteur togolais Elom Kossi Winceslas, plus connu sous le nom d’Elom 20ce. Rappeur vivant au service de l’art musical entre l’Europe et l’Afrique ou entre Lomé et Accra, il vient de lancer son premier opus,« Analgézik ». Un album dont le contenu détonne dans l’univers rappologique togolais.

« Analgézik » a été pensé pour « apaiser les esprits et panser des plaies du continent noir »,selon des mots de son auteur. Ce titre est une contraction du mot « analgésique » et du diminutif « zik » dérivant de « musik ». Elom 20ce ne conçoit pas la musique rap sans l’engagement.

L’art engagé proposé par cet artiste fait tantôt des incursions en politique, tantôt dans le social mais se veut surtout un phare pour ses contemporains africains dans le processus de mondialisation qui est sans pitié pour les incultes ou les non avertis. « Une des grandes pathologies dont nous « Nègres » souffrons, est l’aliénation, l’acculturation. Ce n’est certes pas entièrement de notre faute, mais en plein 21ème siècle, il n’y a plus d’excuse à cette tare », dresse le rappeur comme constatation.

Pour joindre l’acte à la parole et tenter d’atténuer « l’acculturation » sus-mentionnée, Elom 20ce « partage sur Analgézik des lectures, des pensées qui aident à désaliéner, en écrivant ses textes avec son cœur (…) Les méninges des « bois d’ébène » ont besoin d’être enrichis à l’uranium, afin de faire face aux réalités d’un monde contemporain qui sera de plus en plus sans pitié. Mes écrits participent à cela ». Pour une première aventure discographique, Elom, irréductible des œuvres de Frantz Fanon et de Cheikh Anta Diop, a voulu le contenu de ses productions atypiques au niveau des textes, mais également en matière d’arrangement. Ce souci permanent qui a présidé au lancement de cet album s’explique selon le chanteur par« une recherche de qualité, tant au niveau des morceaux que du suivi du projet discographique dans son ensemble ».

« J’ai dû réenregistrer certains morceaux, revoir quelques mixages afin que l’album soit mastérisable en France par le label Grim Reaperz », note davantage Elom Kossi. Au total, quinze (15) morceaux meublent « Analgézik ». Ils traitent des maux sociaux et politiques de l’Afrique, invitent les Africains à de l’introspection et évoquent aussi le parcours personnel du rappeur lui-même. La chasse de l’originalité à laquelle se livre Kossi Winceslas sur son opus réside en outre dans le « track caché » qu’il contient. Il s’agit d’un bonus déguisé sous forme d’un reportage réalisé par l’homme de média Alain Mouaka.

Ce reportage photographie une palette de réalités du « monde rural en Afrique » qui détient pour Elom « une des clés de l’ascension du continent noir » dans différentes batailles contemporaines auxquelles se livrent tous les continents. Tout en portant l’Afrique dans son cœur durant son écriture artistique, Elom 20ce n’oublie pas ses racines dans son premier album. Il a choisi d’aborder une des facettes de la vie politique du Togo sous l’angle du« 5 octobre 1990 » ; titre du morceau numéro 5 d’« Analgézik ».Une évocation qui jouera peut-être seulement un rôle d’antalgique auprès du public de l’artiste ; mais elle souligne un peu plus la personnalité d’Elom : un rebelle armé de mots qui détonnent.

Edem Gadegbeku

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