Papson Moutité coupe-décalé sa « Proclamation »

Papeson Moutité
Papeson Moutité

«Proclamation», tel est le titre du second opus de Papson Moutité, celui qui se prend pour «le représentant de la musique ivoirienne au Togo». Ambassadeur du couper-décaler, il l’est en fait, vu qu’il en fait un copier-coller parfait qui n’exige pas trop d’efforts. Une présence de rythmes dansants très forts, qui empruntent à tous les chanteurs du couper-décaler made in Côte-d’Ivoire, mitonné dans un français ivoirien qui veut dire tout ou rien. Même un morceau de Claudy Siar a été revisité, ce qui montre que Papson a vraiment appris des Congolais.

Le plus surprenant est paradoxalement le manque de recherche artistique et la certitude du travail bien accompli chez cet artiste à l’ego immense. On lui donne raison. La musique n’a pas de frontières ni de nationalité. La Sagacité et le couper-décaler ne sont-ils pas une version « ivoirisée » des musiques congolaises. A force de l’importer au Togo, même avec tout ce bruitage, on finira par le manger à la sauce togolaise. La sauce togolaise ? Il rend hommage en passant dans une chanson, à Faure Gnassingbé et au ministre Pascal Akoussoulèlou Bodjona. A défaut d’un discours politique sur la culture, il faudra bien appeler au secours le mécénat à l’Africaine. Et l’artiste y trouve son fonds d’aide à la culture. Le problème culturel au Togo est très complexe, et les artistes se débrouillent comme ils peuvent. Qui l’eût cru qu’on arriverait à intéresser les hommes politiques à la musique de Moutité ?

Les soirées dansantes et les boîtes de nuit vont se régaler. L’album c’est le rythme à 300 à l’heure, qui fait danser forcément. En réalité, un seul titre vient de sa propre composition, le reste, neuf en tout, est un featuring avec plusieurs artistes, ce qui donne à cet album un goût assez varié. Ce fils de pasteur qui s’est mis dans les pas d’un oncle chef de chœur, adorait danser avec son Groupe de Danse et de la Chanson créé en 1997 de son propre chef. L’accompagnement des artistes Santy Dorim, Nimon Toki Lala, Fifi Rafiatou et Pierrette Adams, l’amène à écumer les scènes ouest-africaines, d’où il revient imprégné des musiques pop ivoiriennes.

En 2000, grâce à un concours, il passe à la chanson….ivoirienne. Depuis il ne l’a plus quittée. Et n’abandonnera pas avant de coloniser tout le Togo ! Son rythme de travail est impressionnant : en 2006, il sort « Sentence », et presque trois ans plus tard, il vient à mettre dans les bacs, Proclamation. Cela n’étonne guère, Papson lui-même se dit un forçat du travail et se flanque le sobriquet « Héros dans l’ombre ». De l’ombre ou dans l’ombre ?

©Togocultures

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