27 avril, la fête de l’indépendance au Togo, dans l’humour ouest-africain

Monument de l’indépendance du Togo Photo: Gaëtan Noussouglo
Monument de l’indépendance du Togo Photo: Gaëtan Noussouglo

14 comédiens venus de différents pays d’Afrique de l’ouest sont montés sur scène pour donner le sourire au peuple togolais, à l’occasion de la commémoration de l’indépendance du Togo. Placé sous le thème« Togolais, sois patriote », ce spectacle a attiré des milliers de fanatiques de la comédie. C’était le vendredi 27 avril 2012, au « Stade Omnisports de Lomé ».

Le« Stade Omnisports de Lomé »a difficilement contenu les milliers de spectateurs venus de différents horizons fêter l’indépendance du Togo dans le fou rire. Hommes et femmes de tous les âges et de classes sociales confondues ont répondu à l’appel des artistes pour environ 3 heures de spectacle. Les humoristes ont mis tous les moyens en œuvre pour susciter le sourire sur les lèvres du public. Des pas de danses comiques aux accoutrements burlesques en passant par les interprétations de chansons et des scènes de la vie quotidienne mimées, tous les genres humoristiques étaient passés au peigne fin ce  27 avril.

Le passage de la famille « Gbadagog » du Togo a sans aucun doute été le plus apprécié, vu le tonnerre d’applaudissements qu’il a spontanément arraché au public. En « vrais patriotes du Togo », Gbadamassi et son confrère Gogoligo se sont mis dans la peau de « Dieu et de son fils Jésus » -Gbadamassi dans le rôle du Dieu Tout-Puissant et Gogoligo dans celui de Jésus- pour juger les habitants du Togo ! Membres du gouvernement, étudiants, soldats, revendeurs, etc. Toutes les principales composantes de la société togolaise en ont eu pour leur sentence. Une manière insolite, déguisée de railler, tout en incitant à « la responsabilité citoyenne ». Un appel indirect à tous ceux qui se sentent « citoyens togolais » pour faire du prochain anniversaire de l’indépendance de leur pays « une occasion de paix et surtout de partage de la joie ».

Un peu plus tôt, Adjaho Junior, en ouvrant le bal des représentations s’est essayé à l’imitation du célèbre pasteur Luc Russel Adjaho (directeur de la radio-télévision chrétienne du Togo, « TV Zion »).L’appropriation par cet artiste de certaines phrases propres à ce pasteur comme« Novi vévié le xose me », « Va Yesu gbo », et tant d’autres ont fait bouger les zygomatiques des Loméens.

Dans un tout autre registre, l’humoriste Folo a pour sa part invité tous les Togolais « à se réconcilier », après avoir joué une scène de dispute entre les ressortissants du nord et ceux du sud, en clamant que « nous sommes tous frères de la même patrie ». Son confrère « L’Américain »abondera presque dans le même sens en montrant les similitudes entre les différents dialectes de l’Afrique ; il conclura en démontrant que « les Africains ont besoin de se comprendre pour aller de l’avant ».

L’artiste Malam Moustapha quant à lui a dépeint des scènes de vie familiale auxquelles les Africains sont confrontés chaque jour, avec une dose d’humour qui a fait chavirer de rire le chaud public du 27 avril. Fousseni, avec sa célèbre réplique « Yo yo yo », a aussi fait dérider ses irréductibles, avec à la clé une chanson hip-hop qu’il s’est évertué à composer, étant lui-même habillé en tenue de rappeur !

 Internationalisation et brassage du rire à Lomé

 Pour cette fête de l’indépendance 2012, des comédiens du Burkina comme l’incontournable duo Souké et Siriki étaient aussi de la partie. Ce binôme a proposé aux Loméens une « scène de théâtre » dans laquelle Souké, a offert généreusement sa sœur en mariage à un homme qu’il n’appréciait pourtant pas quelques années plus tôt, juste parce que ce dernier a décidé de payer les funérailles de leur défunt père ! Une habile manière de mettre « en exergue la corruption ambiante dans la plupart des foyers africains, et partant dans les Etats dans lesquels ils vivent ».

La famille étant le centre de tout Etat, les humoristes venus spécialement d’Abidjan comme le doyen des humoristes de la Côte d’Ivoire, Bamba et son compère « Digbeu cravate » ont joué des histoires qui décrivent des réalités ubuesques « d’Africa » : de la plus banale à la plus inattendue… De fléaux sociaux comme les maux de l’éducation des enfants, la dépigmentation…ont été dénoncés sur fond de rire par les uns et les autres.

Le groupe « Mentholato » a également apporté son grain de sel à ce spectacle avec son orchestre humoristique qui a esquissé des pas de danse hors du commun sur des musiques folles à couper le souffle. La surprise de ce grand spectacle a été la présentation d’une dame : « la mère de tous les humoristes du Togo », comme l’a surnommé « Digbeu cravate » ; il s’agissait de la génitrice du célèbre humoriste Gbadamassi qui a arraché des applaudissements au public par sa seule montée sur scène.

Edem Gadegbeku

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