Histoire et place de la danse dans le quotidien des Togolais

Le Togo est une terre de traditions et de cultures. Ce qu’il convient d’appeler la culture populaire se vit. Il n’est pas rare de trouver, souvent les dimanches après-midi et les jours de fête, des groupes de danses, des  » clubs « , des amicales de quartiers ou de ressortissants de certains villages à Lomé camper leurs décors : des parasols en pagnes bariolés, des bâches ou tout simplement des bancs, chaises et fauteuils délimitant l’arène.

 

Danse Kpalongo à Noépé Photo: Gaëtan Noussouglo
Danse Kpalongo à Noépé Photo: Gaëtan Noussouglo

Autour de ces scènes improvisées se constituent des  attroupements de badauds ou d’habitants en mal de loisirs. Et commencent des démonstrations de danses. Ces séances publiques de  » sorties de tam-tam  » sont précédées de longues sessions d’apprentissage où on s’instruit patiemment et laborieusement sous la direction de  » maîtres « . Ces mêmes longues heures d’apprentissage façonnent la perfection dans l’exécution de danses classiques ou salon dont certains groupes comme  » Orion  » et  » City Stars  » ont fait leur option. Cette année, le groupe  » City Stars  » fête ses 53 ans d’existence !!!

Il est aussi courant de retrouver lors d’ouverture de réunions diverses, de meetings de sensibilisation, de prestations de certains groupes de danses privés invités pour la circonstance. C’est dire que la danse et la musique tiennent une place de première importance dans la vie quotidienne des Togolais et des Africains.

 » Heureux le peuple qui chante et qui danse « . On connaît cette caricature qui a longtemps consisté, dans les Etats dirigés par des partis uniques, à faire des exhibitions populaires de chants et danses pour accueillir les  » hôtes de marque « , histoire de montrer que tout va bien dans le pays que l’on dirige.

J’ai été particulièrement intéressé, séduit et agréablement surpris de découvrir au mois d’octobre dernier, dans la région des Lacs, une variété de danses dont la plupart ne me sont pas connues. Par exemple, aux côtés d’Aguéché, Djêkê, Gbékon, Agbadja, Atchanhoun, Akpêssê et Kinkan, j’ai découvert Tchobo, Alèmon, Akpoka ou Atrikpui. Chacune de ces danses sont promues et constituent des spécialités de localités, donc se cantonnant dans des territoires distincts. Autant vous trouvez le Gbékon et toute la culture qui s’y rapporte à  Séko, autant on vous fait des démonstrations de Kinkan ou Alèmon à Aklakou ou de Akpoka à Hangoumé.

Pendant que se retrouvent de véritables fans des danses populaires surtout dans les milieux ruraux, se retrouvent surtout dans les villes, des adeptes de danses modernes ou contemporaines. C’est surtout les jeunes qui donnent l’impression que toutes nos cultures de danses viennent de l’extérieur. L’engouement pour le Hip Pop, les Break Dance et autres nouveautés venant du Congo, de la Côte d’Ivoire ou d’ailleurs l’atteste.

Motra Henry au Filbleu 2006
Motra Henry au Filbleu 2006

Toujours est-il que les naissances, les baptêmes, les anniversaires, les fêtes…sont rythmés par différentes sortes de danse. La preuve de la vitalité des traditions de danse et de la consubstantialité  des danses et des chants d’avec la vie quotidienne. Ce qui est moins compris des Togolais, c’est la chorégraphie contemporaine telle qu’elle se développe dans des groupes comme la  » Compagnie Motra  » de Henri Motra, la  » Compagnie  Ayigafrik  » de Ass Ayigah aujourd’hui installé en Angleterre, et autres groupes dirigés par Nathalie de Souza. Quant au répertoire de la  » Compagnie SOJAF  » (Sodji Juliette d’Afrique) de Mme Sodji Juliette Marie née Hunlédé, elle oscille entre le répertoire traditionnel et le répertoire contemporain et se conforme plutôt, selon la promotrice, aux demandes à exécuter : un culte à animer ? Du gospel. Une participation au Festival des Divinités Noires à Aného ? Un répertoire traditionnel. Des hôtes de marque officiels à détendre ? La panoplie de danses togolaises.  » On fait tout  » affirme Mme Sodji. Et tout le monde y trouve son compte. Mais, qu’on ne parle plus de prestations en Europe ou aux Etats-Unis à Mme Sodji, dépitée par les nombreux et rocambolesques défections de son groupe par de jeunes danseurs férus d’aventures, dont la conviction est ferme et indéracinable : «  Il n’y a de bonheur que dans le pays des Blancs  » !

Par Cyriaque Noussouglo©Togocultures

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