Emmanuel Kavi entre abstrait et réalisme

Emmanuel Kavi est un artiste plasticien togolais autodidacte. Né en 1970 à Lomé, Emmanuel Kavi a choisi pour sa carrière artistique de vivre à Ouagadougou. Il expose actuellement à Amiens en France. Togocultures l’a rencontré pour vous.

Togoculture : Qui est Emmanuel Kavi ?
Emmanuel Kavi : Je suis Emmanuel KAVI artiste peintre, plasticien Togolais. Je suis autodidacte. J’ai commencé d’abord mes premières toiles par le réalisme, la figuration, le naïf.  Progressivement et petit à petit je suis rentré à fond dans l’art abstrait notamment le cubisme; un style que je j’ignorais. Tous les visiteurs de mon atelier, les amateurs d’art, etc. … me demandaient toujours si je connaissais Picasso et le cubisme. Après mes recherches sur le mot cubisme, je découvre Picasso. Très  surpris de notre ressemblance dans le style de peinture, j’ai décidé de modifier le mien. Malgré mon changement, les visiteurs et clients qui venaient à mon exposition entre 2001 et 2005 nommaient ma peinture « cubisme africain ». D’un coté j’étais fier parce que je suis comparé à un grand artiste comme Picasso, mais d’autre part j’avais peur parce que ce style est déjà vu même si je l’ai transformé à ma manière, bref il n’est pas le mien. Il fallait chercher un autre style. Un jour, j’ai découvert une vieille photo. Sur cette photo on ne pouvait voir qu’une forme humaine et le fond bien dégradé : bingo, j’ai trouvé !!  J’ai tout de suite comparé cette photo à la rencontre de deux styles différent de la peinture; abstrait et réalisme. Pour moi le fond de la photo dégradée est comparable à « l’abstrait » ; la tache noire qui est le reste de l’image et qui montre une forme humaine est pour moi du « réalisme ». Cette fusion entre les deux styles (réalisme et abstrait) est pour moi la somme totale de ma vie d’artiste plasticien que je suis depuis mon premier dessin jusqu’à ce jour. J’ai puisé dans mon passé pour enrichir  mon présent; ce qui explique vraiment mon style actuel. Ma peinture demande beaucoup d’attention, de regard, d’imaginations personnelles pour faire ressortir de celui qui la regarde la conclusion de son imagination.  Je fais également une ressemblance entre ma peinture et la peinture rupestre dans les grottes; la peinture dégradée dont on force le regard… Le mélange du rap, le slam et la variété musicale est une source d’inspiration pour moi. La vie quotidienne, la relation humaine, la nature, la spiritualité, les enfants font partie de mes thèmes. Je suis très fier de mon style de peinture parce que ma peinture me démasque et montre mon identité et ma culture.

Le devoir de mémoire
Le devoir de mémoire

Togoculture : En voyant vos toiles, on sent l’influence de l’école de Lomé et de Paul Ahyi.
Emmanuel Kavi : C’est vrai que dans mes toiles, on reconnaît toute de suite mon identité culturelle Africaine, en général et Togolaise en particulier. Je valorise à travers mes toiles la Culture Togolaise que je revendique. Paul Ahyi est une référence. Il est un grand peintre qui fait la fierté du Togo. Il est considéré aujourd’hui comme un symbole de la nouvelle culture africaine. Malheureusement je n’ai pas encore eu l’occasion de le rencontrer.

Togoculture : Emmanuel KAVI, a quitté le Togo pour s’installer à Ouagadougou  pour son métier. Comment expliquez-vous le choix de cette ville ?
Emmanuel Kavi : Pour moi, Ouagadougou est le carrefour de l’Art Africain. Je prends pour exemple : Le SIAO (Salon International de l’artisanat de Ouagadougou), le FESPACO, la semaine Nationale de la Culture de Bobo Dioulasso, Festival de sculptures de granite de Laongo qui regroupe les artistes du monde entier… La politique culturelle du Burkina faso ; la mise en valeur et la conservation des pratiques ancestrales, la conservation des grands musées font du Burkina, un pays d’artistes.

Togocultures : Vous êtes à Amiens pour combien de temps ?
Emmanuel Kavi : Je suis à Amiens jusqu’en novembre.  Je suis actuellement sur un projet de fresque murale à Albert à une dizaine de kilomètres d’Amiens avec l’école Notre Dame d’Albert. Le 9 mai 2009, je valorise la culture Africaine au cour d’une performance artistique dans la rue avec le public Amiénois à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage organisée par l’Union Des Africains (UDA), une association qui se bat pour valoriser les acquis culturels de l’Afrique.

Emmanuel Kavi et les élèves
Emmanuel Kavi et les élèves

Togoculture : Vos projets d’avenir.
Emmanuel Kavi : En juillet, avec le centre culturel Léo Lagrange de Picardie, j’animerai des ateliers de peintures avec tous les centres de loisirs de la région. En Août, à Blangy sur Bresle et au Tréport dans la région de Normandie, je serai en performance de peinture accompagné du conteur Béninois Hervé Woegbome qui me suivra dans mes gestes avec ses contes et le son de ses tam-tams. En mars 2010, je serai en exposition  et en performance artistique à l’occasion du printemps des poètes au théâtre de Beauvais (en Picardie).

En photos : Emmanuel KAVI est en compagnie des élèves de Margny les Compiègnes à l’occasion du tournage d’un film de 40 minutes (sortie le 04 février 2009) sur l’art avec la mairie de Compiègne (Picardie). Toile : Le devoir de mémoire

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