Billet : Silence, le Goethe Institut de Lomé se relâche-t-il ?

Edem Attiogbe, Directeur du Goethe-Institut de Lomé Photo: Gaëtan Noussouglo
Edem Attiogbe, Directeur du Goethe-Institut de Lomé Photo: Gaëtan Noussouglo

Le Goethe-Institut  de Lomé est un partenaire privilégié des artistes, conférenciers et autres écrivains. C’est un excellent lieu de rencontres pour les amateurs d’arts et de culture. D’ailleurs depuis quelques années la ligne de programmation affichée est séduisante. Un véritable travail de fond est fait. C’est avec raison que le public afflue en ce lieu. Seulement, le spectacle auquel nous avons assisté le 30 août 2013, nous laisse pantois quant au respect accordé aux artistes (pourtant programmés) et au désir de leur donner véritablement un espace d’expression dans les meilleures conditions possibles.

Ce vendredi 30 août, Le Cénacle fêtait ses 5 ans d’existence consacrée à la poésie. Plusieurs ministres et un ancien premier ministre y participaient. Au cours de cette rencontre, des prix ont été décernés à tous ceux qui contribuent au succès de l’association Cénacle qui a pour objectif essentiel de redonner vie à la poésie togolaise. Elle est dirigée Kodzo Adzewoda Vondoly. A cette même soirée, le spectacle de conte : « Enyagan, Parole sublime » est programmé dans le théâtre de verdure de Goethe-Institut de Lomé. Deux programmes qui se télescopent. Rien de grave, jusque-là.

A peine la rencontre du Cénacle terminée, le spectacle « Enyagan, Parole sublime » de Béno Sanvee, Eustache Kamouna et Anani Gbétéglo démarrait. Le bar de l’Institut étant étonnement ouvert, les gens qui y étaient déjà installés sont alors rejoints par les participants du Cénacle. Du coup, plus personne ne pouvait plus écouter les artistes sur scène. Ce qui provoqua bien naturellement l’ire de la comédienne burkinabé Odile Sankara et de plusieurs autres personnes. Ils sont intervenus plusieurs fois pour réclamer un minimum de respect pour les artistes et les spectateurs, rien n’y fit. Surtout que Edem Attiogbé, le directeur de l’Institut Goethe, faisait partie de ce club bruyant !

Seraphin N'Taré Adjogah, Assistant de Programmes au Goethe-Institut de Lomé Photo: Gaëtan Noussouglo
Seraphin N’Taré Adjogah, Assistant de Programmes au Goethe-Institut de Lomé Photo: Gaëtan Noussouglo

Les spectateurs ont fait la police… en vain. 15 minutes plus tard, n’en pouvant vraiment plus, Béno Sanvee décide dépité d’interrompre le spectacle et interpelle Séraphin N’Taré Adjogah et le Directeur de Goethe-Institut, qui suivaient depuis quelques minutes les artistes sur scène, afin qu’ils rétablissent le calme. Or, pour une raison inconcevable, aucun n’a répondu. Au point que le public fut obligé de crier sur « le club des bruyants » du bar pour que cela cesse un tout petit peu. Comble du comble, les cameramen de la Télévision Togolaise invités pour couvrir le spectacle montent sur la scène comme des acteurs pour filmer, sans qu’à aucun moment la direction de l’Institut ne leur fasse signe de descendre de ce lieu magique, inviolable et strictement réservé. La scène est un endroit sur lequel on ne monte pas à moins d’y être invité par les artistes !

A la fin du spectacle, certaines personnes du public ont voulu comprendre l’attitude des premiers responsables de Goethe-Institut de Lomé. Il n’y trouve aucun objet de polémique comme si cela allait de soi. Pire encore, toute honte bue, ils se renvoient la balle : « ce n’est pas moi qui ai programmé deux manifestations à la fois »

Nous ne comprenons pas ce manque d’égard vis-à-vis des artistes programmés au sein d’une grande institution comme le Goethe-Institut de Lomé. « Silence, spectacle en cours », c’est comme si ces mots sont dénués de sens. Comment peut-on donc laisser les portes de l’Institut et le bar ouverts pendant qu’un spectacle est en cours ? Si c’était un concert, cela se comprendrait. L’espace scénique n’est-il pas un espace inviolable comme un plateau de Journal Télévisé ? Pourra-t-on laisser le public circuler sur un plateau lors d’une émission ou d’un Journal Télévisé ? Les cameramen de la TVT n’étaient pas capables de comprendre aussi ce discours. Ils nous ont traités de tous les noms d’oiseau, mais ne les blâmons pas car la responsabilité revient d’abord aux organisateurs : pourquoi ne sont-ils pas intervenus pour recadrer leurs invités, la presse ? Les règles élémentaires d’écoute ont-elles disparu d’un aussi grand Institut qui porte le nom d’un écrivain respectable ? Celui-là même qui écrivait : « il y a une politesse du cœur, elle est parente de l’amour » !

Vivement que les responsables de Goethe-Institut de Lomé qui font pourtant un excellent travail de programmation, se penchent sur ces problèmes pour redonner du crédit à ce haut lieu de culture.

Gaëtan Noussouglo © Togocultures

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