Ape’son transforme le Goethe Institut en un village d’ Agbadja

apesonLe samedi 25 février, l’Institut Goethe de Lomé accueillait le « Fils du terroir », le « Fils du King », Ape’son en concert-live. La salle de spectacle de verdure était pleine de mondes, il n’y avait pas assez de chaises pour contenir le public de connaisseurs au rang duquel se trouve le maestro Basile Adéwusi.

En première partie, l’artiste H-Maya, pétrie de talents, a laissé le public sur sa soif. C’était une grande découverte pour le public. Son rythme oscille harmonieusement entre l’afro-beat, le kamou et l’agbadja, une fusion de rythmes traditionnels et modernes. Quand elle se surprend à la danse, le public exulte et l’accompagne dans son délire. La voix envoutante et douce, les pas lestes, H Maya, un pagne noué autour de la taille, des chaussures talons aiguilles amène l’ivresse et la sensualité qui laisse tout le monde pantois. Une artiste à l’avenir prometteur…. (Nous y reviendrons)

La prestation de H-Maya a duré 30 minutes au cours desquelles, elle a exécuté six morceaux de son répertoire en mina, kabyé… Et Ape’son prenait la relève… dans un autre style, un autre rythme, un remake de Akarabaka de King Mensah. Il sonnait 19h45 quand Ape’son lançait son « Ago » pour demander aux maîtres, aux ancêtres d’ouvrir la voie pour que lui, le « Hasino » place sa voix. La voix est ouverte naturellement suivie de la prière au dieu créateur du jour et de la nuit, ordonnateur des temps. L’artiste se fraye le chemin vers ses chansons. Ambiance et atmosphère bon enfant, comme la fête au village. La permission est demandée aux mânes des ancêtres et aux dieux. Les musiciens tout de blanc vêtus suivaient la capella du « Fils du King » avant de se lancer dans la folie rythmique avec quelques courts instants des clins d’œil à l’afro-beat de Fela.

Si le style du King et celui de Ape’son se recoupent, le fils du maître a tenté un acoustique d’Agbadja avec un public conquis à l’avance qui connaissait ces chansons populaires, ce rythme envoutant et ces sons exquis. Conséquence : on se croirait à la place du village où les mélomanes tout en chantant rythment et vibrent avec cette musique qui les réconcilie avec leur patrimoine national. Avis que ne partage pas François, un spectateur tout de noir vêtu, cigarette entre les lèvres. Il a préféré vidé les lieux, traitant l’artiste et les mélomanes de « villageois », « je savais que ça finirait comme ça, raison pour laquelle, j’étais réticent à venir ». Au moment où il franchissait le portail de l’Institut Goethe, une revendeuse abandonne sa marchandise comme emportée par une transe, son corps commence à vibrer et les pas et le rythme adjagba trempent son être dans l’ambiance exquise de ce rythme commun aux populations de la côte béninoise, togolaise et ghanéenne. 30 minutes de fou rythme « Agbadja » ! Temps de partage et de communion comme dans un temple où les places assises s’abandonnent, les corps trémoussent et la scène et les couloirs sont envahis par les spectateurs en liesse.

Pendant les deux heures de spectacles, les thèmes des chansons se déclinent : lutte contre les idées reçues de la tradition, hommage à la mère comme à la vierge Marie. Le thème de Sida sonne comme une sensibilisation.

Sylvie ne cache pas sa satisfaction « Il est au point ce fils du terroir, sa musique emporte. Il doit continuer à travailler s’il veut égaler et dépasser son maître King Mensah. Il a du chemin à faire ». Kodjo, le professeur de lycée n’est pas de cet avis « Il y a quelque chose de séduisant chez cet artiste et son maître. Du début à la fin de leur spectacle, ils sont comme dans un état second. Tout se passe comme dans une transe, le rythme, la danse et l’harmonie sont en eux. On retrouve aisément nos racines… » Du pur plaisir.

Ape’son a déjà un album sur le marché. Quant à H Maya, elle est à ses débuts et le public la convie à vite sortir son premier album.

Gaëtan Noussouglo©Togocultures

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