« Alienator on tour », Charlatan libère les talents !

« Alienator on tour », conçu et coordonné par l’association Charlatan, Ancienne Gare, Fribourg (CH) du 1er au 3 mai 2009 a invité plusieurs universitaires, artistes, écrivains de Suisse, Belgique, d’Afrique noire parmi lesquels Kangni Alem, Gaëtan Noussouglo et Roger Atikpo du Togo

Entre le 1er et le 3 mai 2009 s’est tenu à Fribourg en Suisse un événement notable, tant pour sa pertinence que son incongruité. Dans l’Ancienne Gare, eurent lieu diverses activités regroupées sous le label « Alienator on tour ». Conçu par le collectif Charlatan et orchestré par l’artiste Jean-Damien Fleury, sous la direction artistique de Sandra Delvaux-Agbessi et d’Esther Maria-Jungo, cet événement multiforme souhaitait donner l’histoire coloniale en pâture à des artistes, des écrivains et des intellectuels aux origines diverses. Dans cette arène spectacles, films, interventions urbaines, café scientifique ou citoyen irradiaient autour d’une exposition présentant notamment les propositions charlatanes de Nika Spalinger, Christiane Hamacher et les Significans, Jean-Damien Fleury, Carlos Amorim Lemos, Olivier Suter…

« Battre la campagne pour chasser les mythes »*

Il ne s’agit pas d’enfoncer des portes ouvertes, mais au contraire de sortir des sentiers battus et de montrer que la question coloniale reste lancinante. Un chapitre trouble et complexe de l’histoire de l’humanité que l’on serait bien tenté de balancer sans autre forme de procès dans les poubelles du passé, déjà bien remplies il est vrai. Une telle démarche est un comble (d’où l’incongruité) pour la confédération helvétique qui n’a pas a jamais eu « sa place au soleil », comme les colons allemands appelaient leurs colonies. Sans doute pleut-il davantage sur les tristes plaines allemandes que dans les plaisantes montagnes suisses. Ceci expliquant cela : la Suisse n’a jamais tenté de se lancer directement dans cette entreprise car sa place était plutôt dans les coulisses. Ainsi, si La Suisse n’y était pas, DES Suisses y étaient, à l’instar du fribourgeois Paul Moehr, petit employé colonial qui conseilla les belges dans leur mise à sac du Congo-Zaïre. Son cabinet est restitué dans l’exposition, juste à côté de l’une des dernières sculptures de Isabelle Krieg. Cette pièce représente une sorte de boule de plastic noire d’environ 70 cm de diamètre aux contours irréguliers ; une deuxième analyse révèle qu’il s’agit d’un agglomérat de seins, quelque peu monstrueux. Sont-ce les seins des négresses dont se réjouissaient les colons, sans savoir auquel se vouer ?

Le thème est noueux. L’ensemble de l’événement est toutefois parvenu à éviter les clichés en ouvrant de nouvelles perspectives, provoquées par des associations d’idées et de sentiments inattendues, rappelant le lien qui relie l’époque coloniale aux flux migratoires contemporains, qu’il s’agisse de l’immigration ou du tourisme. La continuité historique a été rappelée par des artistes- militants engagés dans une cause qu’ils laissent ouverte, de manière à ce que le public puisse véritablement s’en saisir (d’où la pertinence).

Bernard Müller, Correspond très spécial dans le monde de la culture © Togocultures

Photos de Nicolas Bordard : Nouveau Reportage : http://www.nouveaureportage.com/

Les sites partenaires de « Aliénator on tour » : Charlatan : http://www.charlatan.ch/ Curio de Bernard Müller : http://www.curioweb.net/11.html   Filbleu

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