On dit que Eustache Kamouna est né à Lomé au Togo avec une guitare à la main comme certains naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il est à son deuxième album ‘Vidé vidé ». Il a plusieurs cordes à sa guitare : comédien, conteur et musicien. Togocultures l’a surpris au Centre Culturel de Lure en Haute Saône en France. Ce longiligne togolais à l’allure effacée est une vraie bombe de la musique togolaise. Calme, à la limite timide, Eustache Bowokabati Kamouna est presque connu de tous sur la scène théâtrale et un peu dans le monde de la musique togolaise. Sur scène, c’est le Chien Royal de Sénouvo Agbota Zinsou, dans une mise en scène de la Compagnie Kadam Kadam qui l’a révélé au public d’Assahoun lors du Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTHEF). Il a composé la musique de ce spectacle en même temps qu’il jouait à la guitare et incarnait le rôle du conteur. Puis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, l’homme a trouvé sa voie dans la musique.
A 44 ans, Eustache Kamouna attend un déclic qui le propulserait sur la scène mondiale dans un pays où les artistes sont à la fois leur propre producteur et manager. N’a-t-il pas produit le meilleur concert lors du Festival Worlbinde au Burkina Faso en 2008 ? N’a-t-il pas été lauréat de la plateforme de la musique togolaise organisée par le Centre Culturel Français (actuel Institut Français) en 2010 ? Seulement ces succès ne sont pas à la dimension de son art car il continue de chercher toujours les moyens de vivre de sa musique. Pas évident ! Il écume les rues de la capitale à pied, les enfants de son quartier Hedjranawoé courant derrière ce grand « mariachi » marcheur. Dans le milieu artistique on raconte à Lomé que si la marche devrait user les pieds, « Eustache marcherait déjà avec ses genoux ». L’anecdote le fait rire aux larmes. Marcher, n’est-ce pas aussi une façon de se maintenir en forme ? L’homme croit en son travail. Petit à petit, il tisse sa toile, telle l’araignée des contes.
Au Pays de Montbéliard en France, nous découvrons en même temps que le public le deuxième album d’Eustache Kamouna « Vidé vidé ». 10 titres, les lignes musicales révèlent le style de cet homme, un travail sur les rythmiques traditionnelles et modernes avec des chansons en mina, kabyé, gromelots et quelques touches françaises. L’énergie et l’aura dégagées par cette musique atypique plaisent à plus d’un. Et surtout la surprenante flûte à bambou utilisée en Pays kabyé et en Pays Nawda ! Les CD qu’il transporte dans sa valise ont été arrachés comme de petits pains et les demandes fusent. « Je ne veux pas ni faire du rap ni de la musique qui plaisent à Monsieur Tout le monde, de la fastfood musique et me retrouver avec un réseau bizarre. Je suis mon chemin qui plaira sûrement à quelqu’un un jour. Même s’il me faut travailler encore dur, je le ferai ». Le ton est donné.
Les chansons d’Eustache Kamouna n’épargnent ni les hommes politiques au pouvoir ni les opposants aux régimes, ils passent au peigne fin également les travers de la société qu’ils dénoncent de façon poétique et ludique. Le résultat est exquis. Il y a bien longtemps qu’on est sérieux, on ne s’amuse plus avec les chansons. Eustache se donne du plaisir en chantant et sa jouissance est décapatante. Un album à découvrir à tout prix.
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Bowokabati KAMOUNA de son vrai nom, Eustache Kamouna ou Kmouna est né le 20 septembre 1970 à Lomé. A partir de 1981 il décida de faire de la musique une carrière professionnelle. Ainsi il fit ses premières preuves en jouant dans le groupe : Hummer de 1991 à 1993, TOGO Zion Mouvement de 1984 à 1990, Bambora Jazz (Bénin) 1994 à 1996, YESHA ORCHESTRE (Togo) de 2003 à 2005 Eustache à plusieurs reprises a fait vibrer lors de certains concerts sa guitare magique au centre culturel Français de Lomé dans les années 1995, 2001, 2005, 2006, et 2007 et au Festhef avec la Compagnie Kadam Kadam. Il participe au Togo au Festival Filbleu 2004 et 2006 et aux festivals internationaux : Festival des Réalités en 2000 à Bamako au Mali ; FAR 2001 au Burkina Faso ; NET PLATEAU en 2003 et 2004 au Cameroun ; R.C.G en 2004 à Kinshasa en RD Congo ; FITHEGA en 2004 au Gabon, VIEUX COLOMBIER en 2005 à Paris en France – FESTIVAL 2ème Rencontre des théâtres du Caraïbes en 2006 en Guadeloupe et depuis Octobre 2007 il joue avec la Compagnie Akabaraka. Depuis 2010 il est musicien et chanteur dans le conte musical Enyagan, Paroles sublimes de Béno Sanvee. En février 2013, il sort son deuxième album « Vidé vidé ».
Gaëtan Noussouglo © Togocultures