Après un premier album à succès « Eké » sorti en 2009, des concerts et les jeux de la francophonie, Vanessa Worou, l’artiste à la voix de rossignol, s’est offert une formation de six mois à Paris en France pour donner un peu plus de mordant à son métier, à son art. « J’ai pu enrichir mes connaissances musicales. Cela m’a permis d’avoir une vision plus concrète sur le métier de la musique. J’envisage une meilleure orientation pour ma carrière musicale » explique-t-elle à Togocultures tout en remerciant Frédéric Merlet et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France à Lomé.
Cette jeune dame de trente ans qui a fait de Bella Bellow son égérie, est considérée par les mélomanes togolais comme la nouvelle voix de la Musique Togolais avec son album « Eké ». Les voix avisées conseillent à Vanessa Worou de laisser mourir Bella Bellow en elle pour trouver sa vraie voie. Il faut apprendre à renverser les idoles, à les annuler en nous-mêmes pour être aérien, foisonnant de rêves… en liberté.
La voix de Vanessa Worou est un monde, une âme ajoutée à la nature. La confiance inextinguible en elle côtoie une force intérieure et une arrogance à tout supplanter pour imprimer le courage dans le combat, l’espérance en une vie meilleure. Elle puise une spiritualité dans l’amour et le respect de Dieu. L’athéisme qui secoue l’Europe, selon elle, éloigne l’Homme de son essence. Tout Homme n’est-il pas matière et spiritualité ?
Elle lutte pour la valorisation de la culture artistique de l’excellence face à une ambiance retorse. Elle prône l’amour et en appelle au bon sens des Togolais pour sortir la culture togolaise de l’ornière. Pour elle, l’apathie visible des autorités qui délaissent les arts et la culture pour d’autres priorités à peine perceptibles est une « hérésie ». Au Togo, il n’y a ni école de formation artistique ni scène nationale. Pour Vanessa Worou « la première étape et la première base » est « qu’il y ait des chanteurs togolais de qualité » qui connaissent « les vrais techniques du chant, les méthodes pédagogiques pour les enseigner et ainsi donner à l’art du chant la capacité de se professionnaliser ».
A l’ACP de la Manufacture dans le 11e à Paris, pendant les six mois (janvier à juin 2011) de sa formation en » Techniques du Chanteur » et en « Chant personnalisé », elle a fourbi ses armes : elle a travaillé les arrangements musicaux de ses propres chansons et réalisé un enregistrement.
En attendant que son futur album ne soit sur le marché, Vanessa Worou a fait l’expérience de la scène musicale française en participant à six concerts organisés par son école, en juin 2011, au cabaret réputé de Paris les « Trois baudets », le 20 juin. Elle a pu rejoindre dans l’Est de la France, le projet Zomayi où elle a partagé ses expériences avec des Brésiliens Paolo Sodré, Cesar Huapaya et le Français Emmanuel Loubière à Velentigney le 22 avril. Le 2 juillet, elle était aussi aux côtés de la diaspora togolaise pour un concert à Lille.
Sur la toile, trois chansons enregistrées avec une orchestration simple et efficace à Paris charment le public. Vanessa Worou a commencé à chercher ses voies. Elle pourra se donner un défi : fouiller la musique et les rythmes togolais, ghanéens et béninois pour trouver un style et une fougue qui soient siens. Des paroles bien travaillées et bien huilées où on ne cède pas à la facile tentation de chanter en français qui a ses codes, sa richesse rythmique, sa poésie. La voie reste dans la langue qu’on maîtrise et qu’on inhale comme un doux parfum des roses matinales.
La musique de Vanessa Worou appelle à l’union d’une nation divisée par les hommes politiques. Son chant est un joyau, sa voix comme celle d’Aretha Franklin crie. « Je n’ai rien. Ni or, ni argent… J’ai mon corps, ma voix, mon sourire que personne ne peut me voler ! ». Un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle !
Gaëtan Noussouglo ©Togocultures