Toofan du Togo à l’Unesco : le choc des images dans un monde peu généreux

Annoncé pour le ce jeudi 12 juillet à 19h dans la grande salle de l’Unesco, le « Grand concert humanitaire du groupe musical Toofan du Togo » a pris beaucoup de temps pour démarrer. Sous le patronage de l’Ambassade du Togo en France et de sa Délégation Permanente auprès de l’Unesco, nous venions pour soutenir Aimes-Afrique (Association Internationale des Médecins pour la promotion de l’Éducation de la Santé-Afrique). Des dizaines de Togolais, d’Africains et d’Européens, fans de musique, étaient de sortie et la grande salle de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture bien remplie.

Sur la scène, le public a été accueilli par un écran géant où les savants mix diffusaient divers sons africains et rythmes électroniques, tout feu-tout flamme, concoctés par DJ Krispee. Les clips inondaient la salle avec un son qui, au début avait du mal à s’adapter à la hauteur des voûtes creuses comme autant de colonnades à l’envers, belle et grande salle polyvalente, dotée de sièges très confortables et de petites lampes de lecture comme pour les grandes conférences internationales. Les techniciens ont pu rattraper de justesse la sono pour le passage en live-play-back des musiciens-chanteurs de la soirée. Par ordre d’arrivée, il y a eu Richard Epesse (musicien camerounais), Nimon-Toki Lala (chanteuse du Togo), Richard Flash (zoukeur béninois) et enfin les Toofan (Togo).

 Soleil-cacahouètes-noix de coco

Sur l’écran ont défilé en première partie : muscles, fesses, seins à peine couverts, piscines, mers et océans, voitures de luxe rouges ou noires de préférence, belles maisons, plages, mecs virils à lunettes noires… C’était soleil-cacahouètes-noix de coco, ou alors le fameux sex and sun, images idylliques d’un monde où il n’y a que du bonheur. Le vrai arsenal des rêves – malheureusement inaccessibles- vendus gratuitement aux jeunes africains pour créer chez eux l’envie d’ailleurs. Mais tout était fait dans ces vidéos pour donner l’impression que cette musique-là, véhiculait les vraies valeurs de la réussite sociale. Tout le contraire de la thématique de la soirée : grand concert humanitaire en vue de récolter des fonds pour soutenir les actions de l’O.N.G. Aimes-Afrique. Difficile de bien faire la part des choses entre les clips futiles et la vidéo de présentation de l’O.N.G. humanitaire qui était d’une puissance inqualifiable. Mais, au final, il y avait de quoi amener à réfléchir, abondamment d’ailleurs !

La musique adoucit les mœurs selon Aristote. Ici les mœurs sont un peu maltraitées et les valeurs bâclées dans l’éducation des enfants, très nombreux à cette soirée. La protection des publics jeunes a pris ce soir-là un sacré coup face aux dénudés et autres images de déhanchements qui n’ont cessé de défiler sur l’écran pendant une bonne heure. Plus encore, on était entré dans une autre dimension face au percutant diaporama du docteur Kodom, parfois insupportables même pour les adultes. Alors, qu’en est-il des enfants – surtout quand ils sont avec leurs parents ? D’un côté le cul et de l’autre l’horreur : quel choix cornélien surtout pour ces enfants exposés à des extraits d’images inadaptées à leur jeune âge psychologique ?

 Les artistes annoncés se font attendre

Dans son intervention d’ouverture, l’ambassadeur du Togo, son Excellence Calixte Madjoulba a attiré l’attention du public sur la nécessité d’aider les populations rurales vulnérables qui n’ont pas suffisamment de médecins et toutes les infrastructures de soins pour les soulager de maladies guérissables… Que la médecine générale et spécialisée aille vers le malade et que les soins soient donnés directement dans les villages : tels sont les deux objectifs fondamentaux du projet du docteur Serge Michel Kodom qui a pris le temps de bien expliquer leurs missions durant cette soirée. Présentation très claire et très appréciée malgré les images chocs. Le médecin a d’ailleurs bénéficié de l’ovation d’une salle debout.

Ensuite les hôtesses d’accueil, avec à leur tête Miss Togo 2011 et Miss Togo en France 2012 accompagnées de leurs dauphines, sont passées dans les rangs récupérer les contributions des donateurs au projet. Deux heures trente-cinq minutes déjà et jusque-là, les Toofan, artistes phares annoncés pour la soirée n’avaient pas encore fait leur apparition.

Enfin le concert annoncé et quelques déceptions

L’animatrice vedette, la respectable Lady Ngo Mang de Télésud, belle dans un magnifique boubou africain aux broderies dorées, tenait bien son rôle. Très à l’aise en douala, en français et en anglais, Lady Ngo Mang a une très bonne écoute, de la spontanéité, de la répartie et un sens très aigu de la gestion de situations inextricables. En entrée, elle a présenté pour deux passages Richard Epesse, musicien camerounais (qui soit dit en passant, est également son compagnon dans la vie). Ce dernier a offert 5% des recettes de ses albums dédicacés, vendus lors de la soirée pour la noble cause. Manquaient cruellement au rendez-vous les artistes Magic System de Côte d’Ivoire, Zenab du Bénin, Awadi du Sénégal, Yeleen du Burkina Faso, King Mensah du Togo et Guigui Fall, vedettes initialement annoncées. Aucune allusion n’a été faite à leur absence.

Etait également prévue « une vente aux enchères des maillots et godasses de certaines grandes stars du football des pays où l’ONG «  Aimes Afrique » est implantée, notamment Emmanuel Adebayor (Togo), Seidou Keita (Mali), Didier Drogba et Arouna Koné (Côte d’Ivoire), Stéphane Sessègnon et Sidney Govou (Bénin), El Hadj Diouf (Sénégal) et Charles Kaboré et Moumouni Dagano (Burkina Faso).

La vente a tourné court car avant le lancement, personne parmi les organisateurs n’a probablement pris vraiment soin de vérifier si les conditions étaient réunies pour déclencher cette opération.

Avant cela, il faut le reconnaître, le binôme Toofan est monté sur scène pour une chaude petite prestation de six à sept minutes, alors que ces stars-là étaient attendues depuis si longtemps. On leur aurait donné probablement l’occasion de chauffer un peu plus la salle que les esprits auraient peut-être été prédisposés autrement pour l’achat des maillots signés et autres toiles de deux peintres proposés au public. Heureusement qu’après un passage pour un seul titre avec Nimon-Toki Lala et Richard Flash, les Toofan reviendront sauver un peu la soirée avec une prestation plus appuyée où la salle debout s’est lâchée avec au final une bonne chorégraphie à laquelle ils ont eu l’intelligence d’intégrer un jeune danseur français bien entraîné. C’était génial…

Le 11 avril 2012 déjà, l’Ambassadeur du Togo avait appuyé dans la même salle de l’Unesco un concert lyrique au profit de la lutte contre le cancer du sein au Togo. Voici que trois mois plus tard, un autre grand événement se déroule dans le même cadre encore pour les soins de santé. Un tel dynamisme honore la représentation togolaise en France et mobilise aussi la communauté en diaspora. Espérons que tout ceci porte de vrais fruits et bénéficient aux populations visées par chacune de ces opérations. Oui, espérons-le !

Rogo Koffi Fiangor

 

 

Aimes Afrique

http://www.aimes-afrique.org/spip.php?page=acceuil

Pour mieux connaître l’animatrice Lady Ngo Mang :

http://www.wat.tv/video/itv-lady-ngo-mang-1wx47_2hpbt_.html

http://www.telesud.com/emission/lady-vous-ecoute/

Nimon-Toki Lala

http://www.afrisson.com/Nimon-Toki-Lala-418.html

Richard Flash, de son vrai nom Richard Kakpo, le zoukeur Béninois

http://richard.flash.free.fr/bio.htm

Générique mission impossible, le tempo

http://www.youtube.com/watch?v=hPPCa9CTCWI

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