Togo: Akpéma ou initiation de la jeune fille vierge chez les Kabyés

Pendant que le jeune garçon kabyè suit un rite initiatique qui va jusqu’à huit ans pour devenir « Eglou », la jeune fille, elle, est initiée en une seule année. Son initiation commence également autour de 18 ans. La tradition veut qu’elle soit vierge avant l’initiation car cette initiation la prépare au mariage.

La cérémonie en elle-même, a constaté Togocultures, est une procession de jeunes initiées nues, la hanche seulement ceinte de perles, « kédjissi ». La procession les conduit jusqu’à un endroit – la grande maison chez certains, la montagne chez les autres – où on les fait asseoir sur une pierre. Là les versions diffèrent :

–         Pour certains, comme M. TELOU, chef de canton de Yadè Bohou , si la jeune fille n’est pas vierge et s’assoit sur cette pierre, du sang coulera de son sexe ;

–         D’autres disent qu’elle se fera piquer par les abeilles (Tchôtchô, le prêtre traditionnel de Yadè Bohou).

Le fait est qu’aujourd’hui, s’asseoir sur cette pierre n’est plus une contrainte. Seules celles qui savent qu’elles sont vierges, insistent à s’y asseoir. Toute virginité constatée fait la fierté de la famille.

Pierre sur laquelle s'asseyent les akpemas a Lama Sawda Photo: Noël Tingayama Mawo
Pierre sur laquelle s’asseyent les akpemas a Lama Sawda Photo: Noël Tingayama Mawo

La fin de la cérémonie est marquée par une parade des » Akpémas ». Toutes les akpémas du canton se retrouvent en un endroit: sous un arbre sacré comme ici à Lama Saoudè. Les prêtres traditionnels par un rituel donnent le départ de la procession. Tout le long des chemins, les initiées des années précédentes et les parentes chantent pour vanter surtout les poils pubiens de leurs initiées. On compare dans les chants ces poils à une brousse sauvage, aux roseaux ou à de hautes herbes qui blessent. Si les spectateurs sont autorisés à ces parades, la présence d’une caméra par contre est interdite. Tout contrevenant est lynché et conduit à la justice et son matériel détruit.

C’est la dernière sortie des akpémas après laquelle elles peuvent aller au marché, seulement vêtue d’un slip et de soutien-gorge, la hanche ceinte de kédjissi, jusqu’à la danse « tchimou » qui marque la fin de la cérémonie d’initiation.

La tradition voulait qu’au lendemain de cette initiation, la jeune akpénou déjà promise à un jeune évalou, regagne le domicile de son fiancé. Mais auparavant, le jeune évalou organise au domicile de la jeune akpénou la danse tchimou. La caractéristique de cette danse tchimou est l’apparat, l’étalage des richesses du fiancé. Le fiancé, ses parents et ses amis offrent des quantités impressionnantes de « souloum » (communément connu sous le nom de « tchoucoutou », une boisson préparée à base du sorgho), des quantités qu’ils peuvent verser juste pour signifier qu’ils ne sont pas dans le besoin. Cette ostentation vise à rassurer la jeune akpénou sur la fortune de son futur époux : elle n’entre pas dans une famille indigente ; elle sera à l’abri du besoin dans la famille où elle va.

Il y a quelques années, l’église catholique sous la férule du défunt père Adjola, a accepté de faire initier les jeunes filles à l’Eglise. Cette initiation n’a ni le même accueil, ni la même considération que l’initiation traditionnelle.

Article et reportage photos Noël Mawo Tingayama © Togocultures

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