Myriam ou La rose noire est un roman écrit à 13 ans par Mlle Kokoè Essénam KOUEVI. Aujourd’hui, elle en a 21. Il a été présenté le 30 avril 2011 au Centre Culturel Hakuna Matata de Lomé devant un nombreux public et aussi le 13 mai 2011 au Collège Protestant d’Agbalépédogan où Kouévi Kokoè Essénam est élève en terminale littéraire.
Myriam naquit à Atigan, petit village situé à seulement moins de 3h de la capitale. A 9 ans, alors qu’elle coulait son enfance dans une ambiante familiale emprunte de joie et d’amour, son père, sur recommandation d’un marabout qui lui promit la richesse, la viola. Pris sur le fait par son fils Malick, le père fut poignardé et l’affaire s’ébruita, finit par l’emprisonnement du père. Une fois le père en prison, Fatou la mère de Myriam décida de la confier à Rita, une inconnue de la famille mais connue de la mère, sous prétexte qu’elle trouvera plus de tranquillité et de bonheur à s’éloigner du village.
Commença pour elle et pour deux autres de ses camarades de village, Aïcha et Louise, une vie d’esclavage et de prostitution dans la capitale. Des années passèrent avant que son frère Malick, devenu avocat après ses études supérieures dans la même capitale, ne la retrouva aux côtés de Nina la sœur de Laure, la fiancée de Malick.
Ce récit troublant et audacieux, se veut une peinture réaliste de la société africaine actuelle : viol et traite de mineurs, trafic d’enfants, mariage précoce, pédophilie, prostitution, homosexualité et sida. L’auteure à qui on a tenté de « reprocher » de n’avoir pas épargné son héroïne en lui faisant passer une existence très vite difficultueuse aux multiples avatars, se défend de ne faire que la description de la vie des enfants abandonnés très tôt dans l’impitoyable jungle dans laquelle les enferment certains adultes, sous prétexte de faire leur « bonheur ». Et Kouévi d’évoquer l’histoire de ce gamin de son quartier qui trainait à longueur de journée dans la rue, devant l’étalage de produits de sa mère : « Pourquoi ne vas-tu pas à l’école ? » lui demanda t-on. « Maman a dit que quand je vendrai suffisamment au point qu’il y ait assez d’argent, alors elle me mettra à l’école ! » Une histoire saisissante dans sa simplicité et sa naïveté, mais poignante quant à la réalité à laquelle elle renvoie.
Ainsi, saisie au collet par la laideur de cette Afrique d’aujourd’hui, Kouévi Kokoè Essénam a décrit les vicissitudes des temps modernes : les enfants condamnés très tôt à l’esclavage et à la prostitution, des parents irresponsables et incestueux, des esclavagistes se prenant pour de « bonnes » volontés et pour des humanistes, de jeunes filles se prostituant pour faire survivre leur famille, bref, un monde de misère et de débrouille que viennent heureusement teinter l’amitié à toute épreuve, l’amour, la solidarité, le courage, l’espoir et la justice. Car, à la fin du récit, Rita l’esclavagiste a été livrée à la justice par son propre fils, Julien, épris de Myriam qu’il aida, perdit de vue pendant des années et retrouva pour le mariage. Son mari Victor, qui viola de nouveau Myriam dans leur «maison des enfants, mourut de sida, tout comme la mère de Myriam, contaminé par son mari incestueux et volage. Miracle, Myriam échappa au sida…
Ce roman aux allures de polar et de satire sociale est à lire. Et c’est à juste titre que Kouévi Kokoè Essénam fut la révélation du festival littéraire « Plumes Francophones ».
Myriam ou la Rose Noire, Ed. Awoudy à Lomé.
Cyriaque Noussouglo©Togocultures