Sa résidence en Europe l’éloigne de ses compatriotes, mais sa musique les rapproche. Avec le nouvel album studio (CD digipack 13 titres) «Miadome» sorti en janvier, l’artiste est si loin et si près de ses concitoyens.
Un album riche de sensations, de générosité et de talent. Peter Solo chante en « Mina », en français, en anglais et aborde à travers ses textes forts des thèmes universels comme les souffrances quotidiennes d’un peuple, la vie, la mort, l’amour, la famille, sur des rythmes traditionnels togolais (agbadja, kamou, akpessé) enrichis des multiples influences (cubain notamment ) dont il s’est imprégné tout au long de son parcours, en Afrique de l’Ouest et en Europe. Les morceaux sont déclamés sur les rythmes des chants vaudous, ce qui donne un album fortement imprégné de vaudou que mitonnent des instruments africains et modernes. L’artiste le dit lui-même : «Quand on passe toute sa vie avec le vaudou, on comprend et on sait autant de choses que l’œil en voit entre deux battements de paupières ». C’est le blues des couvents vaudous mangés à la sauce pop.
L’album studio Miadome, enregistré (au studio Supadope à Lyon), mixé et masterisé par Patrick Jauneaud permet à Peter Solo de connaître une véritable phase de lancement avec des objectifs affichés de développement à l’international. La coproduction avec l’ingénieur du son et réalisateur Patrick JAUNEAUD (Pink Floyd, Rokia Traoré, Kate Bush, Alpha Blondy, Justin Vali, Pierre Akendengué, etc), constitue sans doute un atout important à la qualité artistique de cet album. Cet album montre que l’artiste demeure toujours dans l’optique de ses débuts, à savoir la recherche d’une musicale togolaise à travers l’exploration des rythmes traditionnels. Cette ligne est de plus en plus suivie par de nombreux artistes, à l’instar de King Mensah avec la réussite internationale qu’on lui connaît, et d’autres comme Sassou Koudou (France), Master Drummer Agbedoglo (Danemark), et Susu Bilibi, sans oublier le pionnier du domaine, Dama Damawuzan, dont Peter Solo a repris d’ailleurs le morceau fétiche, le « Tirez, tirez… »
Cette espèce de retour au pays natal, de recherche d’originalité qu’on remarque chez ces artistes togolais et certains de leurs jeunes frères et sœurs, inconnus du public, mais dont le travail montre l’ambition artistique, illustre une sorte de renaissance de la musique nationale. Une régénération attendue depuis la mort de Bella Bellow en 1973 ; les exégètes commençaient à se lasser de l’indigence du paysage musical national; même la réussite d’un King Mensah ne suffisait plus car son omniprésence et son omnipotence devinaient un peu trop.
C’est un réveil national à saluer. Jusqu’ici le pays semblait trop écrasé par les musiques des pays voisins. Après avoir écouté Peter Solo et son groupe Kakarako, on ne peut que dire merci à l’artiste.
Titre : Miadome
Morceaux : 1. Tirez, Tirez 2. Somisso 3. Soglo 4. Kiyo 5.Demain matin 6.Nyoro 7. Makpodou 8. Doulinya 9. Somadja 10. Mazalo 11. Samoule 12 Pas le choix 13. Akongo
Tony Féda © Togocultures