A PROPOS DU CLASSEMENT DES BIENS PATRIMONIAUX
Parmi les 7 sites soumis à l’Unesco, seul Koutammakou, le pays des Batammariba a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en juin 2005. Aucun site du Togo n’est classé ni comme monument national.
Le classement national achoppe sur la délicate question de l’inventaire des biens culturels qui n’est pas fait à cause de l’absence de moyens financiers. Néanmoins, au terme d’un travail de sélection de dix (10) sites effectué au cours de l’année 2000, des procédures ont été entamées afin que trois (3) puissent faire l’objet d’une inscription sur la liste de l’UNESCO :
– il s’agit de la ville d’Aného et de sa « banlieue » Glidji (sur la côte est), cité coloniale et historique ; de l’habitat vernaculaire
– les fameux » tatas » ou « châteaux » en terre de barre des Tamberma encore appelés Betanmaribè (dans la préfecture de la Kéran au Nord Togo ) ;
– enfin, des greniers dans les grottes de Nok à Tandjouaré (située également au Nord)…
A ce propos, une équipe d’experts de l’UNESCO avait séjourné en octobre 2000 au Togo pour aider la direction des monuments historiques à traiter efficacement ces dossiers en vue d’augmenter les chances de leur éventuel classement. Au terme de cette mission, c’est l’habitat vernaculaire betanmaribè ( Tata) qui a été retenu pour inscription sur la liste du patrimoine mondial. Le plan de gestion de ce site est en cours d’élaboration.
Le Togo a d’énormes potentialités : la mer, les sites culturels et cultuels, archéologiques, historiques, des formes architecturales multiformes (afro-brésilienne, coloniale, cathédrale gothique, architectures en terre audacieuses à l’instar des » Tata » Tamberma…), les paysages majestueux, les réserves de faune et de flore, des marchés caractéristiques (le grand marché d’Adawlato, le marché aux fétiches à Lomé…).
LES SITES ARCHÉOLOGIQUES
(Nos informations proviennent de l’ouvrage collectif » Histoire des Togolais » publié à Lomé en 1997 aux Presses de l’Université du Bénin sous la direction du Professeur Nicoué L. GAYIBOR)
Le peuplement du pays est relativement récent et remonte globalement au XVème siècle. Cependant, les recherches archéologiques datant pour la plupart des années 80 et de la décennie 90 attestent de l’existence de traces de peuplements plus anciens, remontant au Néolithique et aux premiers siècles de notre ère et de plusieurs sites. Elles démontrent également « que le Togo possède des richesses indubitables dans ce domaine, capables de déboucher sur une étude rationnelle de la culture matérielle des populations anciennes « .
Les vestiges se composent de sites d’élaboration lithique d’élaboration de la céramique (décorée notamment à Notsè), de techniques d’aménagement du sol (pavement), de peintures rupestres , de la métallurgie de fer (travail de fer à Tado, hauts fourneaux à Bandjéli, tuyères de Dapaong, etc.), d’enceintes (ruines de l’ancien royaume ewé à Notsè et Tado, caveau à Danyi-Tinipé)…
Industries lithiques :
- Sites d’élaboration d’outils lithiques du plateauxde Pana (Sud-Sud-Est de Dapaong au Nord Togo, à une altitude d’environ 400 mètres) : découvertes de riches vestiges de sédiments de l’âge de la pierre comprenant entre autres des céramiques décorées. » Les couches microlithiques dégagées des fouilles ont été datées de 2600-2120 av. J.-C. pour la plus profonde et de 1410-1070 av. J.-C. pour une autre «
- Vestiges préhistoriques probables de Tado (au sud -est) et de Notsè (lieu de l’ancien Royaume Ewé, à environ 100 kms au Nord de Lomé) : mégalithes, galets aménagés, polissoirs, meules et bifaces ;
- Vestiges en pierres sur le plateau de Danyi (environ 180 kms au sud-ouest de Lomé) entre 600 et 950 mètres d’altitude : structures d’habitat (cercles de pierre), anneaux d’enceintes à Tinipé et Inénébia et « caveau » (souterrain maçonné, long de 3 mètres, de forme rectangulaire, d’usage inconnu) à Ahlon-Dénou, traces de culture en terrasses
- Industrie lithique (en silex) de Pana (Source : Histoire des Togolais, p. 47 )
Peintures rupestres de Sogou et de Namoudjoga (Dapaong, préfecture de Tône) découvertes en 1990 par des misionnaires; rebuts d’objets lithiques en silex et des tessons, restes de métallurgie du fer. (Ci-contre : Peintures rupestres de Sogou – Source : Histoire des Togolais, p. 50).
Métallurgie du fer : Bassar-Bandjéli (hauts fourneaux), Tado (découvertes de fourneaux à Kpéyi (3,5 km au sud-est de Tado, à 1,8 km de la frontière avec le Bénin; Aoutété, 4 km au sud-est de Tado, à 2 kms de la frontière avec le Bénin, 1,5 km de Kéyi), Dapaong-Korbongou (tuyères dans les roches de Maag-Djoal). Cette activité revêtait une importance particulière.
Céramique
- Tessonnière d’Ajatchè à Tado (découvertes de plus de 5000 tessons – poterie décorée, bracelets, divers objets non identifiés);
- Tessons de céramique décorée dans les quartiers Dakpodji, Tégbé, Alinou… de Notsè.
Aménagement du sol : le pavement
Le pavement est un revêtement de sol analogue à la pose de mosaïque réalisé » avec divers matériaux (tessons, galets de quartz, cailloux, pierres, concrétions ferrugineuses, scories, parfois coquilles de mollusques), posés sur un lit argileux (cuit ou cru), sur une terre latéritique ou sur une terre argileuse compactée « .
Entre autres endroits, on peut en trouver à Notsè, Tado et Tcharè.
Les enceintes: Ce sont soit des fortications entourant des agglomérations (celles du Royaume ewé à Notsè (« Agbogbo ») et Tado), des abris (Danyi-Tinipé) et autres poste sde guet. Leur nombre précis sur l’ensemble du territoire n’est pas connu.
LES SITES NATURELS
Des sites naturels remarquables existent :
- Sur la côte, de Lomé à la frontière du Bénin à l’est : curiosités sur le fleuve Mono : hippopotames, biches, phacochères et singes (forêt classée de Togodo),
- La région des plateaux avec les grandes étapes Agou, Kpalimé, Danyi, Badou, Atakpamé et Notsè. Le premier patrimoine de cette région est son paysage avec son climat frais : sites naturels ou mixtes, montagnes et plateaux verdoyants, cascades et vallées majestueuses (Missahoé, Kpimé, Aklowa).
- Vers le Nord du pays : Réserves de Fazao-Malfakassa (éléphants, buffles, antilopes, primates et oiseaux) ; parc naturel (86.180 hectares) et réserve de chasse de la Kéran (27.270 hectares) comprenant éléphants, buffles et antilopes ; cuenca de Bombouaka ; plaines de l’Oti ; » la Fosse aux Lions » avec ses éléphants ; la Fosse de Doung avec ses crocodiles et ses galeries forestières ; la » Fosse sacrée de Tanlona » et ses étangs naturels, les Monts Nano avec leurs grottes et greniers à pigeons, grottes proposées pour être inscrites sur la liste du patrimoine mondial.…
Article publié par Cyriaque Kodjo Noussouglo dans « Inforoutes du Patrimoine Togolais »