Certainement le plus grand percussionniste togolais ou en tout cas celui qui aura cultivé l’expression musicale par la percussion le plus loin possible, Master Drummer, de son vrai nom, Sylvester Agbedoglo, vient de sortir un second album, «Mépoté», qui révèle la perfection de son art.
«Mépoté» est un réceptacle de rythme togolais, de l’Agbadja à l’Akpessé avec une toute petite ouverture sur l’occident. C’est un album très togolais et africain, avec l’utilisation des instruments africains, contrairement au premier album, «Tsadila», qui avait révélé l’artiste au public, lequel album lui a fait d’ailleurs gagné le Winner of Danish World Award 2006. Tsadila est vraiment un régal, un mélange de tradition et modernité, de djembé et des instruments occidentaux. Un album qui dessine toute la trajectoire de ce Togolais qui atterrit au Danemark dans les années 1990, très tôt, après avoir bourlingué dans toute l’Afrique de l’Ouest, notamment la Gambie, apprenant à connaître des instruments mandingues, le fameux Djembé, qu’il préfère d’ailleurs au tam-tam.
Mépoté constitue aussi un vrai régal, jouissant d’une production musicale et de bons arrangements, les touches complices d’Amen, JB et Dominique Sablier, le claviériste attitré de Tiken J. Fakoly. Mépoté, c’est l’Afro-funk que chante King Mensah, à la différence que la musique de Master Drummer est plus soft, plus cool, avec en filigrane le roulement sonore du djembé et du balafon. On aime forcément les morceaux « Djidula », « Miwodeka », « Oleya » et « Kankan ». Il y chante la prudence, la patience, la terre natale et fustige le néocolonialisme.
Master Drummer, c’est quand même toute une histoire. Un homme qui doit sa célébrité à une gifle magistrale d’un célèbre pionnier de la musique traditionnelle, pour s’être installé sans autorisation sur une batterie. Le garçon a juré depuis le jour-là de devenir un grand musicien et d’avoir sa propre batterie à lui. Cela est devenu une obsession, une lubie même : il a plusieurs batteries chez lui à la maison sans qu’on sache ce qu’il va les jouer toutes. Mais, c’est un fou de la percussion qui a appris son métier à Avépozo, la ville qui a donné également King Mensah au Togo, ainsi que d’autres musiciens. A l’époque, la ville, un melting-pot, abritait le célèbre Hôtel Tropicana, et avait un goût exotique : la mer, les touristes occidentaux, les soirées festives, la salsa et la percu.
Au Danemark, Master Drummer dirige une école de musique où il forme les jeunes à jouer aux instruments traditionnels africains. Il constitue à lui tout seul un pan de l’Afrique chez les Vikings, en créant avec son école, un monde de fées composé de plus de 300 tambours.
Beau gosse, athlétique, Sylvester Agbedoglo dit Master Drummer est né au Togo en 1968.
Tony Feda ©Togocultures