Alain Ricard

Littératures de voyages : Regards d’Occidentaux sur l’Afrique

Plumes Francophones a encore mis la barre très haut la barre du débat hier soir à travers la conférence du Professeur Alain Ricard sur le thème : « Voyages de découvertes en Afrique ». Chercheur au CNRS, le professeur Alain Ricard est l’un des africanistes les plus pointus sur l’Afrique. Sa conférence, faite également à l’Université de Lomé, est tirée de son livre portant d’ailleurs le même titre : Voyages de découvertes en Afrique : anthologie 1790-1890 (Robert Laffont).

Les propos du conférencier portent sur tout ce qui constitué la littérature de voyage entre la fin du 18 au 19ème siècle.  Il s’agit d’une vaste fresque qui couvre plus d’un siècle d’exploration allant d’ouvrages célèbres de Mungo Park à François le Vaillant en passant par Carl Mouch, Livingstone, Heinrich Barth ou Stanley. Ce sont des textes qui permettent aux Européens d’avoir une connaissance de l’Afrique et nécessairement il s’agit de regards qui peuvent être subjectifs ou objectifs. Il s’agit donc  d’une analyse des littératures de voyages de cette époque pour comprendre plus ou moins la grande aventure coloniale de l’Europe en Afrique.

kangni alem et Alain Ricard
kangni alem et Alain Ricard

Sans a priori, le conférencier s’intéresse aux mobiles et autres motivations de ces récits de voyages.  Certains auteurs comme l’allemand Barth par exemple, avaient des objectifs scientifiques. Ce qui l’intéressait le plus c’était la description physique de l’Afrique, l’hydrographie, le relief, par exemple. Ce n’est pas le cas de certains auteurs qui ont fait des descriptions plus ou moins subjectives et parfois très racistes dans lesquelles on traitait les Africains de sauvages.

Il en va de soi que toutes ces littératures ont servi à alimenter la pensée et l’action coloniale, la mission civilisatrice de l’Europe en Afrique.  Un auteur comme Morgan Stanley, journaliste célèbre, servait immédiatement les intérêts des colonialistes.

Néanmoins, de la part des Africains, on constate que si cette littérature a servi l’action coloniale et impérialiste en Afrique, la question est de savoir si les mêmes textes n’alimentent pas toujours le discours occidental sur l’Afrique. A l’instar de Morgan Stanley, les explorateurs passés que sont devenus les journalistes d’aujourd’hui ne participent-ils pas à inventer une nouvelle forme de discours sur l’Afrique qui est empreint condescendance, de mépris, de paternalisme et de racisme ? On constate également que c’est toujours en Occident que l’on célèbre les écrivains africains parce qu’ils tiennent tel ou tel discours sur l’Afrique.

Depuis 1900 jusqu’à nous jours, force est de constater que l’histoire se répète.

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