Les maisons d’édition du Togo doivent-elles fusionner ?

Si l’auteur est indispensable pour que naisse un livre, une maison d’édition est à la fois plus qu’importante pour la fabrication du livre, sa commercialisation et la survie de l’auteur. C’est dire le rôle central d’un éditeur dans la chaîne du livre. La santé d’une édition constitue le baromètre du livre dans un pays, dans un domaine spécialisé.

C’est un secret de polichinelle qu’au Togo l’édition galère, que le livre peine, d’où un niveau intellectuel plus ou moins faible voire labile au sein de la couche scolarisée de la population. On dénombre plusieurs maisons d’édition : Haho, Moffi, Graines de pensées, Awoudy, Continents, et plusieurs autres aussi fantomatiques les unes que les autres. Quel est leur état de santé ? Difficile de le dire exactement, ce qui est vrai c’est qu’on hésite à mettre l’étiquette « maison d’édition » sur ces visages disparates. Le constat est fait : ce sont des maisons sans sou. Dieu seul sait ce que Hah « imprime » depuis 2000, une dizaine d’ouvrages, mais qui les connaît ?

Graines de pensées semble la seule qui a le vent en poupe. Elle a une audience internationale, plus implantée localement, et est dirigée par deux dames qui semblent bien connaître le métier. Mais cette embellie tient en apparence seulement : l’histoire de ses parutions constituerait tout un roman. Awoudy a un catalogue ronflant de petits ouvrages, elle peut même se targuer d’avoir Kangni Alem et Apedo-Amah Togoata dans son catalogue, mais cette maison ne convainc guère le spécialiste du livre et l’on pense que les célébrités publiées font une espèce de mécénat pour booster une maison ambitieuse mais aux moyens limites, beaucoup trop limites. Continents entend jouer un rôle certain dans l’édition des recueils de poèmes, mais a-t-elle vraiment les moyens de ses ambitions ? Quant à Moffi, c’est passé par pertes et profits, son fondateur, homme de passions, s’est épris maintenant de la politique en créant le NET !

Que faire pour que ces entreprises désargentées s’embellissent et relèvent le défi du rôle du livre dans la société togolaise ? L’écrivain Kangni Alem, très pertinent sur le réseau social facebook, vient de lancer un débat : faut-il fusionner les entreprises d’édition ? « Je me suis toujours demandé pourquoi les petites maisons d’éditions de Lomé ne fusionnaient pas pour avoir une entreprise de plus grande taille (ou moyenne) pour relever le défi de l’édition… le marché du livre au Togo gagnerait plus avec les fusions comme cela s’est fait au Cameroun. Quand je vois les initiatives se multiplier, ça me fait penser à ces boutiques qui s’alignent côte à côte pour vendre le même produit aux mêmes clients ! Fusion, concentration des énergies et des subsides devrait aider l’édition togolaise à se renouveler ! Juste un point de vue, après chacun fait ce qu’il veut mais la situation n’est pas brillante !« , indique le conseiller culturel du chef de l’Etat sur Facebook.

Le débat ne fait que commencer.

Source : L’UNION N°580 du 26 Février 2013

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