Les Chanceliers du rire au Palais des Congrès de Lomé

La « chancellerie de l’humour 2 » a connu un nouveau succès.  15 scènes animées par près de 24 artistes ont permis ce 02 janvier 2011 aux Togolais de rentrer dans la nouvelle année, le sourire aux lèvres. C’était à la faveur de la « chancellerie de l’humour 2 » qui a été organisée au Palais des Congrès de Lomé.

 La « chancellerie de l’humour » n’était qu’à sa deuxième édition cette année, mais visiblement, elle est déjà rentrée dans les habitudes des passionnés de la Culture au Togo. C’est sous le sceau de la fraternité et de la solidarité que cette « Grande soirée du rire » a été ouverte. Les organisateurs de ce rendez-vous ont tenu à rendre hommage à leurs aînés Ousmane et Razak Bah Traore pour leur carrière. Ces deux comédiens relèvent toujours de graves accidents de la circulation. Le principal partenaire de la « chancellerie de l’humour », « Togo Telecom », a, à ce titre remis des enveloppes symboliques à MM. Ousmane et Traore.

 Les Loméens réapprennent à rire

Ramsès Alfa
Ramsès Alfa

Le Palais des Congrès de Lomé a fait le plein. Amateurs du fou rire de tous âges et de diverses catégories sociales ont prêté une grande attention aux tours de scène de Gbadamassi et compagnie pendant plus de trois heures de prestations. Tous les principaux pans de l’actualité socio-politique du Togo de ces derniers mois ont été exploités par la vingtaine de comédiens pour amuser le nombreux public de ce 02 janvier. Sans presque aucun tabou verbal. Mimiques, costumes, déguisements aux couleurs chatoyantes et décapantes, medley et pas de danse sur des morceaux (locaux comme étrangers) en vogue… Tous les moyens étaient bons pour faire bouger les lèvres des 3.000 spectateurs du Palais des Congrès de Lomé.

En revisitant les pages sombres de la vie politique togolaise, l’acteur Malam Moustapha a conclu que la devise du Togo, c’est « ça va aller ». « La famille Gbè », dans le même registre, a défini le prénom du président Faure comme une « Faible Armée Unie pour Revendiquer Eyadèma » ! Leur alter ego Rodé a de son côté dévoilé les origines des différends togolo-béninois de 2007. Pour sa part, Guy Miché a tourné en dérision les habituels leurres et divisions entre politiques locaux. Frédéric Gakpara, dans cet exercice, a été celui qui a le plus arraché des applaudissements aux spectateurs. Lors de son passage scénique, il a axé sa dérision autour de la pirouette politique de Gilchrist Olympio, en le caricaturant dans une reprise d’un célèbre morceau français de Didier Babolivien.

Dans le lot de ces “amuseurs publics”, d’aucuns se sont focalisés sur des dates ou des faits et gestes qui ont la vie dure depuis plusieurs décennies sur la « Terre de nos aïeux ». Ainsi, Agbamekanu a présenté de façon ludique les clivages ethniques togolais, Fafame a rappelé aux uns et aux autres que le « 13 janvier » divise toujours les Togolais. Quant à Alfa Ramsès et Madantina Agbotso, ils ont respectivement presté autour de la place de l’armée dans le quotidien de leurs compatriotes et la polysémie de certains mots au Togo comme « Ava et Esso ». Le public des grands jours du Palais des Congrès s’est par ailleurs reconnu dans les caricatures de ses réalités sociales servies Sanfou et le doyen Nazo (qui est comédien depuis 30 ans). Le premier a d’une part brocardé la survivance des répressions et rackets des forces de sécurité du Togo ; et d’autre part les inondations et la vie dans les nouvelles églises du salut qui fleurissent en terre togolaise. Le second a sans fard peint les dépravations sexuelles dans les églises précitées. Azé Kokovina, Gaglo et Blaise ont rajouté leur grain de sel humoristique au “volet social” de ce spectacle.

 Fousseni et « les Gbadagog » en guest stars

Gbadagog Au cours de cette grande soirée humoristique, le comédien Fousseni et les humoristes réunis au sein des « Gbadagog » ont sans conteste réussi le plus à charmer les milliers de spectateurs. Avec sa célèbre réplique « yo yo yo » (empruntée aux rappeurs), Fousseni qui s’est lui-même mis dans une tenue d’artiste de hip-hop a persiflé les perversions de Lomé ; très précisément la vie dans les maisons closes. Tout au long de sa présentation humoristique en éwé (langue parlée au Sud-Togo), Fousseni a communié avec ses dizaines de fans à travers sa réplique « yo yo yo ». Ses fans mis dans la poche, Fousseni exécutera non seulement un morceau rap, mais aussi esquissera des pas de danse sur une musique pop avant de quitter la scène. Ce qui a davantage plongé la salle dans de longs moments de rires.

Derrière Fousseni, la famille « Gbadagog » a égayé le Palais des Congrès pendant environ 1h30 minutes ; soit la plus longue prestation de ce 2 janvier. Chaudement applaudies, les têtes d’affiche de la famille précitée, Gbadamassi et Gogoligo, sont restées égales à elles-mêmes. Avec une touche d’originalité qui les a vues réserver dans leur scénario du jour une place à une interprétation en playback du chanteur Michel Atio accompagné de son confrère Prince Kassis. Le mot de passe entre les « Gbadagog » et le public est resté : « Il n’y a pas de problème ».

Le plat de résistance de Gbadamassi et son compère Gogoligo a été une représentation autour du célibat présidentiel. « Le président Faure a participé à une réunion de couples présidentiels africains avec sa mère », confiera Gbadamassi qui s’est mis, pour la circonstance, dans la peau d’un proche collaborateur de Faure Gnassingbé. Une comédie musicale et une interprétation relative au délicat processus de réconciliation du Togo ont complété les œuvres du duo Gbadamassi/Gogoligo de ce 02 janvier. Les regards d’un remake de la « chancellerie de l’humour » sont déjà tournés vers 2012.

 Edem Gadegbeku 

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