Les artistes Kossi Assou et Améyovi Homawo en résidence de création et de découverte en Espagne

Les artistes plasticiens togolais, Kossi Assou et Améyovi Homawoo dite Amivi, ont séjourné du 24 Janvier au 21 Février 2015, à Ubeda, ville de 35 000 habitants. Ubeda est classée avec la ville de Baeza au Patrimoine mondial de l’Unesco. Ils ont saisi l’opportunité pour visiter les patrimoines artistiques, historiques et culturels des villes de Ubeda, Baeza, Sabiote, Cordoue, Granada et Madrid! La résidence a été offerte par la Fondacion la Huerta de San Antonio à Ubeda! Togocultures a profité de leur retour au pays pour poser quelques questions à Kossi Assou.

Programme : Comment avez-vous été contactés pour participer à ce programme ? Etiez-vous nombreux ?

Kossi Assou : Nous sommes juste deux Togolais, Amivi et moi-même, à participer à ce programme. La Fondation Fondacion la Huerta de San Antonio nous a retrouvés par le biais de l’Union Européenne. Il faut dire qu’elle m’a repéré au Musée Dapper lors de l’exposition Design in africa.

Togocultures : Est-ce juste un programme de découvertes ?

Kossi Assou : Pas seulement. Nous avons également travaillé avec l’école d’art de la ville de Ubeda, échangé avec les élèves et les enseignants des écoles d’arts. Nous avons passé trois semaines à travailler sur des sculptures. J’ai réalisé deux sculptures  en travaillant dans plusieurs ateliers très pointus par rapport à nos réalités. Dans les ateliers de gravure, de peinture et de menuiserie, j’ai fait la base en bois de mes sculptures, ensuite dans la Forge traditionnelle Tiznajo, j’ai travaillé le fer. Amivi de son côté a créé aussi deux sculptures. Nous avons aussi participé à des fouilles archéologiques. L’Eglise de San Lorenzo que la Fundacion la Huerta de San Antonio réhabilite est au cœur du programme et du séjour! Nous y avons assisté et participé à l’opération de fouille archéologique. Le séjour  a été coordonné par Marcelino Sanchez Ruiz (archéologue et ancien maire de la ville de Ubeda) et Pepe Fuentes (Responsable de l’école des arts de Ubeda à la retraite). Visite de musées et monuments à Madrid.

Togocultures : Comment s’est déroulé les échanges avec les enseignants et les élèves?

Kossi Assou : Les échanges avec les artistes locaux ont tourné autour des techniques utilisés dans nos milieux  pour réaliser nos œuvres, les différentes approches et l’évolution des arts en Afrique. (rire) Si on veut comparer les techniques et les moyens utilisés en Afrique et en Europe, c’est le jour et la nuit! Les échanges ont été bien nourris et très porteurs.

Togocultures : Quels regards portes-tu sur le travail artistique au Togo

Kossi assou : Au Togo, des potentialités existent mais le tableau est un peu sombre. On note des absences de défis de la part des artistes et de l’Etat. Pas d’accompagnements des artistes par l’Etat, les artistes manquent d’émulation. On n’a mis en place aucun prix pour stimuler les créativités, pas d’école d’arts. Face à tout cela les artistes n’ont pas de repère et les jeunes artistes pour la plupart ne font que copier les ainés. Les réflexions ne sont guère poussées au niveau du travail, tout piétine et tout tombe dans la platitude.

Bio express de Kossi Assou

Artiste plasticien, designer, entrepreneur culturel, commissaire d’exposition, professeur d’université… Diplômé de l’Ecole des Beaux-arts d’Abidjan Kossi ASSOU est un artiste à la fois singulier et complet. Il touche à tout et le fait bien. Né en 1958 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Kossi Assou est originaire du Togo. Il est l’un des artistes africains les plus influents de sa génération, ayant marqué l’art contemporain africain de son empreinte et de sa pâte. Il parcoure le monde depuis de nombreuses décennies avec ses œuvres, comptant à son actif de nombreuses expositions individuelles et collectives (Togo, Afrique, Europe, Amérique).

L’œuvre de Kossi ASSOU fait souvent intervenir le bois et le métal (symboles de solidité et d’altérité, de fragilité et d’éternité) ainsi que divers autres matériaux. Interrogeant le rapport de l’Homme au Temps, elle trouve sa particularité dans l’assemblage qui est fait de la matière, du sujet et de l’être, l’ensemble formulé tel un Tout où l’original englobe l’originel. Que ce soit en matière d’arts plastiques ou de design, son œuvre inscrit l’homme africain dans la modernité et dans un rapport avec lui-même, où l’Histoire, l’archéologie, la science, les technologies et la philosophie le donnent authentique.

En dehors de la promotion de ses propres œuvres, il se bat pour celles des autres, en tant que commissaire d’exposition, entrepreneur culturel ou professeur. Ewole et Afrodesign sont deux événements qu’il a créés pour renforcer la visibilité de la création contemporaine africaine. Il enseigne l’art à l’EAMAU (Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme) et à l’Université de Lomé (TOGO).

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