Joe Kouassi sonne son heure de la vérité

Joe KouassiLa scène reggae entretient l’ambiance avec l’arrivée d’un nouveau, Joe Kouassi, qui vient de sortir un tout premier album : « L’heure de vérité ». Et il l’assène ses multiples vérités qui sonnent bien comme une dénonciation de tous les maux et les tares de l’Afrique.

Des dénonciations qui sonnent comme des bruits de guerre à la manière d’un soldat, ce que fut d’ailleurs ce chanteur ex- première classe des forces armées togolaises (ça devient une coutume avec ces militaires togolais conquis par l’art), qui chante la lutte pour l’unité, la liberté, l’amour, la fraternité et la vérité.

Du reggae pur qui fait un mélange de Bob Marley, d’Alpha Blondy et de Tiken Jah Fakoly, le tout avec un zest d’influences sénégalaises, fruit des touches de Baba Maal qui signe l’intro de « l’Heure de vérité», de Big D, bref du milieu reggae Dancehall dakarois.

De son vrai nom Joseph Kouassi Kouma Gagnon Tété, fruit d’une union entre un Ewé de Kpalimé et d’une Kabyè, cet ancien para des FAT a la tête aussi aventureuse que la musique qu’il produit. Après son rapide éclair chez les FAT où il découvre qu’il s’est trompé de job, il débarque en Europe, laquelle Europe ne veut pas des Sans-papiers et le relègue à Dakar en 2004. Dakar la bouillonnante mais aussi la culturelle, lieu où les rencontres cristallisent rapidement la volonté et le talent de Kouassi, où il réalise la moitié de son album après avoir écumé les cabarets et autres salles de spectacles de 2004 à 2007.

«L’heure de la vérité», un titre qui sonne comme une fin eschatologique, est composée de onze titres qui charrient des vérités sur l’unité de l’Afrique, déplorent les guerres qui déchirent ce berceau de l’humanité, demandent le sursaut du continent, quêtent le bonheur pour l’Afrique. Parfois, il sonne l’heure de la vérité aux opposants à qui il souhaite de rester opposants, « d’être plus proche du peuple que ne dure le temps de la lutte  pour accéder au pouvoir », un titre très réalité togolaise qui laisse quelque peu sur la faim mais qui démontre bien le registre thématique du reggae. Et last but not the least, le onzième titre «Dédommager l’Afrique» exige le dédommagement de l’Afrique après 400 ans d’esclavage et d’exploitation coloniale, l’annulation de la dette africaine.

La scène reggae togolaise tient comme un landerneau, très peu de chanteurs reggae, et quand un seul arrive, c’est du pain béni. Joe Kouassi force le trait et le respect, en toute originalité pour ce premier album assez bon. Seul un hic fait ombre au tableau : si le reggae est par essence un genre du combat pour la justice et l’égalité sociale, avec cet album on craint que la rhétorique incantatoire ait dépassé ou appauvri l’effet esthétique recherché.

 

© Togocultures

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