Les mélomanes togolais ont été surpris le 20 novembre d’entendre sur Zéphyr FM et Radio Lomé, le master de Vanessa Worou « Ma Bella » immortalisant Bella Bellow. De mémoire des Togolais, c’est la première fois depuis la mort de cette icône de la musique togolaise qu’une voix s’élève en musique pour la célébrer. Togocultures s’est approché de l’artiste pour en savoir un peu sur ce master.
Togocultures : Vanessa Worou, votre album « Eké » vous fait connaître et plusieurs mélomanes togolais l’ont adoré et adopté. A quoi est dû ce succès, surtout que vous êtes une nouvelle venue dans la musique togolaise ?
Vanessa Worou : Je crois que le travail paie toujours. Passer de l’étape de choriste à celle de chanteuse n’est pas une sinécure. Le manque d’appui pour sortir un album et se confirmer comme chanteuse m’a fait découvrir d’autres voies nobles comme la patience, la recherche, et le travail ; ce qui se sent un peu sur « EKE» (Réveil) mon premier album. C’est le travail que le public a senti en moi. Le travail, c’est mon succès, c’est mon petit secret.
Togocultures : Les articles parus dans plusieurs journaux ont fait état des influences que Bella Bellow a exercé sur vous ? Qu’est-ce qui vous a amené à la musique, Bella Bellow ou un don inné comme disent presque tous les artistes ?
Vanessa Worou : La musique m’a choisie. C’est le don que j’ai reçu. Il faut souligner que le don, le talent est fait de travail. S’asseoir à la maison et dire qu’on a un don ne suffit pas. Il a fallu des formations, du chemin, une remise en question perpétuelle. Et Bella Bellow a été non une référence mais la référence, une source d’inspiration et une quête d’amélioration.
Togocultures : C’est pour cette raison que vous avez décidé de la célébrer par la chanson « Ma Bella » ? Dans quelle circonstance, cette chanson a été composée ? Avez-vous bénéficié des aides pour rendre un hommage mérité à cette icône de la musique togolaise et africaine… ?
Vanessa Worou : Bella m’a longtemps habité. Pour l’immortaliser j’ai décidé de lui redonner vie, la ressusciter et l’immortaliser à travers « Ma Bella ». C’est une célébration, non l’image triste et éplorée. Je veux éviter le pathos qu’on retrouve toujours quand on parle de la mort. Un artiste a plusieurs vies. Bella n’est pas morte, elle vit et vivra en chacun d’entre nous. J’ai eu longtemps cette idée de composer une chanson à Bella. Et je me réjouis que ma petite personne puisse aider tout le monde à célébrer ses 35 ans de vie ou de mort. Puisqu’elle a effectué le voyage de non retour un 10 décembre 1973, et depuis cette date, elle a été monnaie, timbre et honorée de différentes façons. Même le théâtre lui a donné vie sur sa tombe lors de Filbleu 2008. C’est légitime pour moi d’inviter tout le monde à danser au rythme de la Cantata Bella Bellow. . Vous parlez d’aide ? Sûr, j’ai eu des soutiens moraux de la part des amis, de la famille de Bella Bellow.
Togocultures : Et c’est tout ?
Vanessa Worou : C’est déjà l’essentiel
Togocultures: Pas de la part des autorités togolaises ? Du ministère de la Culture ?
Vanessa Worou : (sourire). Je n’ai rien proposé. Il faut tendre la perche, sensibiliser davantage.
Togocultures : Est-ce un aveu d’échec de la politique togolaise d’avouer 35 ans après la mort de Bella Bellow que le Togo puisse croire un jour aux arts ?
Vanessa Worou : Non. Des efforts sont faits. Des efforts sont à faire. Il y a des avancées. Certains moments, l’artiste a l’impression de naviguer seul, de couler ou de crouler sous des dettes pour faire aboutir un travail. Un travail qui, pourtant, a l’adhésion de presque tous. J’espère de tous mes vœux, je lutterai de toute ma force pour que non seulement les politiques mais aussi les privés puissent accompagner les artistes dans leur recherche de financement ou tout simplement les soutenir pour que le Togo puisse mieux rayonner.
Togocultures : Vos projets ?
Vanessa Worou : Sortir le clip de « Ma Bella » avant le 10 décembre. Projet immédiat. Des manifestations artistiques de fin d’année. La promotion de « Eké ». La sortie de mon prochain album
Togocultures : Je vous souhaite plein de succès et beaucoup de courage.
Vanessa Worou : C’est moi qui vous remercie
Propos recueilli par Gaëtan Noussouglo©Togocultures