Interview de Gaëtan Noussouglo : « Un peuple sans culture est un peuple mort »

 Culture 228 : Pourrais-tu te présenter et nous en dire un peu plus sur ton itinéraire personnel ?

Je n’aime pas trop me présenter. Par timidité ? Par modestie ? Je ne sais. Je préfère que d’autres parlent plutôt de moi. En bien ou en mal ? ca me plait ainsi. Je prends votre question comme un exercice de style. (Voir sa biographie sur les sites: Gakokoé et Mascenenationale

Je suis avant tout un artiste dramatique globe-trotter. Au lycée, j’ai joué au Lycée de Nyékonékopé où j’ai remporté deux fois le premier de meilleur acteur (rôle dramatique) lors du Festival Théâtral Interscolaire organisé par Agbota Sénouvo Zinsou et la Troupe Nationale. En classes de première et terminale, je faisais partie des comédiens du Club de l’Amitié basé à la Télévision Togolaise sous la direction du réalisateur Koffi Hantz. Le rideau s’est levé sur trois téléfilms appelés à l’époque théâtre dans lesquels j’étais acteur. Dès l’Université, j’ai travaillé avec l’Atelier de Recherche et de Création Dramatique (ARCD) qui deviendra Atelier Théâtre et de Lomé, fondé par Kangni Alem et que je dirigerai après son départ pour la France, de 1993- 2003 avant de rejoindre à mon tour la France.  C’est Marcel Djondo  de la Compagnie Gakokoé qui m’a fait venir en 2003. Je continue de travailler avec cette compagnie et le Théâtre de l’Unité de Jacques Livchine et Hervée de Lafond basés en Franche-Comté. J’ai enseigné pendant 10 ans dans les lycées de Kévé, Hédjranawoé, Promo-Sophia et Kouvahey. De 1999 à 2001, j’étais chef desk culture dans le journal Le Temps de Daniel Ayidah qui était aussi directeur artistique du Festhef.  J’ai été responsable à la programmation du Festhef de 1995 à 2001 et directeur artistique du Festival-ateliers Filbleu de 2003 à 2008. En 2007, j’ai créé avec des amis le site Togocultures pour pallier un vide culturel de plus en plus profond et angoissant ! J’ai été directeur adjoint de la programmation du Musée Vodou à Strasbourg en 2014.

Alors dis-nous TogoCultures, c’est quoi ? C’est qui ?

Togocultures est un espace internet qui se donne pour ambition d’offrir un éclairage particulier, pertinent et singulier sur la culture et les arts du Togo. Dans le même temps, il se voudrait également un outil d’information et de promotion à la disposition des artistes de tous domaines, des acteurs culturels et de tous ceux qui défendent et promeuvent le patrimoine culturel national. Togocultures est née, suite à une série de réflexions et de discussions fructueuses par un groupe d’artistes, de journalistes et de chercheurs soucieux de combler le vide d’informations générales et scientifiques sur la culture togolaise. Ses créateurs sont persuadés qu’une maîtrise du savoir culturel unit un peuple, valorise ses citoyens et reflète ainsi, en cohésion, une meilleure image du pays. Un constat singulier : « Au Togo on parle beaucoup politique, démocratie, droits de l’homme, économie ou sport. La culture est souvent négligée sous prétexte que la population a des préoccupations plus immédiates que découvrir un nouveau chanteur, écouter un musicien, s’émerveiller devant les œuvres d’un peintre ou d’un sculpteur. » écrit Republicoftogo pour présenter notre site . Ceci n’est vrai qu’en partie car le développement d’un pays est un tout et on ne serait pas crédible de promouvoir le développement si un pan complet est laissé à l’abandon. La culture est fondamentale : un pays existe par son histoire, son peuple et ses richesses culturelles et artistiques. Mettre ces éléments en valeur, les révéler, c’est aussi pousser à la fois les citoyens à être fiers de leurs richesses immatérielles et les étrangers à se présenter au rendez-vous de la découverte, base de tous échanges. Le touriste s’extasie plus rapidement face au génie créateur des populations, l’ingéniosité des artistes, les créations et l’esprit de créativité des artisans que devant la beauté relative de nos hôtels ou de nos routes… Mis en ligne en juin 2007, le site togocultures.com a été officiellement lancé le 6 février 2008 au Goethe Institut de Lomé.  Depuis lors, il reste une porte ouverte sur les domaines suivants : littérature, traditions, mode, danse, musique, théâtre, photographie, patrimoine culturel, festivals, architecture, cinéma…

Vous mettez l’accent sur la Culture Togolaise et ses traditions. Pourquoi est-ce important pour vous ?

Très important car un peuple sans cultures est un peuple mort. Les traditions et la culture sont intrinsèquement liées à un peuple.

Quels sont les objectifs de ce site ?

En tant que portail, nous voulons éviter tout enfermement et donc servir d’espace : –

  • de référencement de la culture et les arts,
  • public à la disposition des internautes, des artistes, des chercheurs et autres critiques,
  • de réflexion sur une réelle politique culturelle pour les générations actuelles et futures,
  • d’information sur le travail des artistes et les projets de réalisations artistiques au Togo,
  • d’information du public sur l’apport des togolais de la diaspora dans les domaines susvisés.
  • Au final, Togocultures se veut un pont, une passerelle pour donner et brasser des informations culturelles et artistiques pouvant permettre une meilleure connaissance du génie créateur de ce petit peuple. Il souhaite aussi relever le niveau de traitement des informations en œuvrant pour des formations spécialisées dans le domaine du journalisme et des NTIC.
  • Pour ce faire, on trouvera sur le site : – un agenda des programmes et des activités du mois en cours, – des reportages, des commentaires et des analyses sur certaines manifestations capitales ou importantes, – des portraits ou des esquisses de portraits d’artistes divers, un répertoire de présentations des acteurs, des centres culturels et centres d’animations, des sites du patrimoine matériel et immatériel, des bibliothèques et des maisons d’édition du Togo, – Un référencement de tous les sites des artistes et hommes de lettres du Togo, avec si possible, leur lien internet

Vous avez également produit de petits documentaires en vidéo. Pouvez-vous nous en parler ?

A l’origine du premier documentaire, c’est un projet sur les traditions au Togo qui a reçu en partie le financement du Ministre de l’économie. Ce qui a permis de réaliser des enquêtes sur tout le territoire, d’écrire des articles sur les traditions chères à chaque peuple. Plusieurs vidéos sont encore en route. Il  va falloir trouver le temps de  les monter.

Que proposez-vous concrètement aux artistes et acteurs culturels togolais ?

Togocultures à sa création était sous la coupole de l’Association Filbleues. L’Association a créé le Festival Filbleu puis Togocultures. Les propositions dans ce cas ont été diverses, allant de la production, de la promotion des spectacles à la création d’un Centre Culturel. L’ouverture du Centre Culturel Filbleu qui deviendra Centre Culturel Filbleu-Aréma. La réalisation de clip video avec les artistes. Depuis, un certain temps, nous sommes un peu essoufflés. Il faut des moyens pour tout réaliser. Nous prenons du recul pour mieux orienter nos actions.

Interview réalisée par Zoul pour Cultures 228

 

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