Financement de la culture : Mettre l’accent sur les accords culturels

TogoculturesDu 2 au 9 mai 2009, le Premier Ministre Togolais Gilbert Fossoun Houngbo, a effectué en Israël une visite officielle. Les médias officiels rapportent que des accords bilatéraux de coopération ont été signés dans « les domaines de la santé, de la médecine, de l’agriculture, de l’éducation » et aussi du commerce et de l’industrie. Alors que le Premier Ministre n’a pas manqué de faire du tourisme culturel en visitant les musées de Tel Aviv et de Jérusalem ainsi que les lieux de mémoire du christianisme à Jérusalem : le mémorial de la Shoah à Yad Vashem, les murs de lamentations, le Saint sépulcre, tombeau du Christ, Golgotha, etc., la presse nous a pas dit qu’il a eu à signer des accords de coopération culturelle ou touristique.

Ce fait nous permet d’attirer l’attention sur la dimension culturelle des accords de coopération. Le développement de la culture dans un pays n’est pas seulement l’affaire du seul Etat. Les « résultats » sont là. Parce que notre pays ne dispose suffisamment de ressources, les infrastructures culturelles font cruellement défaut. Pas une seule maison des jeunes et de la culture dans le pays, pas de théâtre national, pas d’institut de formation des professionnels dans les divers secteurs des arts et de la culture en dehors du CRAC qui forme des administrateurs culturels. Pour le Togo qui est un pays pauvre, la voie de la coopération est une aubaine qui peut permettre l’obtention du financement des secteurs culturels, le développement des infrastructures culturelles, la formation, … Depuis toujours, les coopérations française et allemande sont actives dans le secteur de la formation. Actuellement, ce sont les capacités des BDéistes togolais qui sont renforcées par le séjour et l’expertise de l’écrivain français Alain Brézault. Il y a peu, le scénariste de renom, Bernard Skira était au Togo pour la formation aux scénarios de films. Les Allemands à travers le Goethe Institut n’arrête pas de former les acteurs culturels, d’aider les professionnels de la culture de tous bords, qu’il s’agisse des artistes plasticiens, des comédiens ou des marionnettistes ; les Belges à travers Africalia, les Hollandais de Prince Claus Fund ont financé bien de projets culturels dont Ewolé, Filbleu, Festhef, Ehlomé,..

Il y a quelques années le PSIC implanté au Togo avait suscité beaucoup d’espoirs. Hélas, il a été fermé pour des raisons politiques sans avoir fait grand-chose. Ce programme par lequel l’Union Européenne opère le financement de projets culturels dans des pays africains, a fait bénéficier au Mali qui a fait aboutir en trois ans (2005-2008) 59 projets culturels pour un montant global de 800 millions de FCFA (plus d’un million d’Euros). Par ailleurs, la coopération avec la France lui a fait bénéficié de l’équivalent du même montant dans le domaine de la promotion de la diversité culturelle. Entre 2005-2007, l’Union Européenne a financé à hauteur de 3 milliards de francs CFA (soit 4,9 millions d’euros) le Programme d’appui à la valorisation des initiatives artistiques et culturelles soumis par le ministère malien de la culture.

Nous faisons nôtre la pensée du Président malien ATT qui affirme que « la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ». C’est pourquoi nous pensons qu’avec la reprise de la coopération avec l’Union Européenne et le retour sur la scène internationale du Togo, le gouvernement doit brasser large dans les accords de coopération culturelle. Dans ce domaine, sans nous ériger en donneurs de leçon, nous pensons qu’il convient de faire l’état des lieux. Le Burkina Faso et d’autres pays africains bénéficient d’appuis financiers de la Suède, de la Finlande ou de la Norvège alors que ces pays précités manquent à l’appel du financement de la culture dans notre pays. Qu’en est-il de la coopération culturelle avec nos partenaires traditionnels de l’Europe Occidentale ? Y a-t-il des accords avec les pays de la Scandinavie ? Et avec les autres continents ? L’Amérique du Nord et du Sud ? L’Océanie ou l’Australie ? Bref, il faut un dynamisme dans le domaine de la diplomatie culturelle pour que nous espérions voir se concrétiser des projets dans la promotion des arts et de la culture. Notre rôle est d’attirer l’attention là-dessus ; aux autorités de faire les pas et de prendre les décisions qui s’imposent.

 Cyriaque Noussouglo© Togocultures  

 

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