Festival Vodou: Utrecht, capitale du Vodou du 18 au 20 septembre 2015

Le week-end du 18 au 20 septembre, plusieurs manifestations célèbrent le vodou dans la quatrième ville aux Églises médiévales des Pays-Bas, Utrecht. Mené de main de maitre par ce Togolais, natif d’Aklakou, Ekué Léopold Messan-Ativodou (photo), cette première édition du Festival Voodoo To Go réserve bien des surprises. Du 18 au 20 septembre 2015 au Centre des Cultures du monde, Rasa, le Festival Voodoo To Go réunira chercheurs, danseurs, musiciens, conteurs,… Il mettra en avant la philosophie, les arts et la culture auxquels renvoie le vodou. Pour lui, il faut faire un distinguo entre vodou qui est une religion et les possessions et envoûtements et religion . Le vodou n’est pas de la magie noire mais une vision, une philosophie et une culture.

Le directeur du Voodoo To Go Festival est très enthousiaste. Et il a raison, il a réussi à mettre dans sa programmation Peter Solo avec son groupe Vaudou Game. Son album Apiafo est écouté partout en France, surtout dans les grands magasins et qui épluche de grandes scènes françaises. Un succès patent. Togocultures a rencontré le directeur du Festival dans son appartement en plein cœur d’Utrecht en compagnie de sa femme. L’attente de l’événement est grande. Il nous parle de l’origine du Festival et de la programmation.

Togocultures : Vous organisez la première édition du Festival Voodoo To go. Pourquoi un festival voodoo en Hollande ? Qu’est-ce que Voodoo to go ?

Ekué Léopold Messan-Ativodou : Je Vis en Hollande depuis une quinzaine d’années et j’interviens auprès des étudiants en anthropologie. La question sur le vodou a suscité beaucoup d’engouement. Les étudiants ont été surpris par les idées et la philosophie véhiculées par le vodou : monothéisme, protection de la nature, acceptation de l’autre, l’amour. Les étudiants ont voulu en savoir plus et avec mon épouse Josefien De Kwaadsteniet, nous avons réfléchi à comment rassembler les gens autour de ce concept et balayé les préjugés véhiculés par les siècles d’esclavage, la colonisation et les films d’Hollywood. Vu que la Hollande est un pays ouvert, nous avons voulu lancer la première pour faire entendre un autre son de cloche. Ce sera le premier du genre en Europe : Festival Voodoo To Go. Quand on dresse la route de l’esclavage, le Togo est le maillon oublié. Beaucoup pense que le fief du Vodou, c’est le Bénin. Or, c’est la religion des peuples de la Côte du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigéria. Les siècles d’Esclavage ont permis à cette religion d’atteindre l’Amérique. Révéler le Vodou, c’est embrasser toute l’ère géographique du Vodou. Alors, nous avons préféré nommer le Festival Voodoo To Go. Nous avons préféré la graphie «  voodoo », écrit de la manière américaine car ce vocable a permis la diabolisation du vodou par les films d’Hollywood. Il faut balayer les idées préconçues et avancer. Nous ne voulons pas perdre notre origine, nous désirons nous ancrer davantage dans nos racines. To Go, en anglais, nous permet de créer le pont entre l’Afrique, l’Europe, l’Amérique et le reste du monde. Parler du vodou, c’est avant tout promouvoir l’un des premiers cultes de l’Afrique de l’ouest

Togocultures : Quelles sont les attractions de cette édition ? Le Togo sera-t-il présent à ce rendez-vous ?
Ekué Léopold Messan-Ativodou : Musique, conférences-débats, films, danses et libations, voilà les principales attractions du Festival Voodoo To Go. Les journées commenceront par des libations. Le 1er jour, le Togolais Ayaovi Kokoussè ouvrira les cérémonies de libation, suivi le 20 septembre par le Haïtien Erol Josué qui veut saisir cette opportunité pour rendre hommage au grand prêtre haïtien Max Beauvoir décédé récemment et le 3e jour c’est –à dire le dimanche l’ouverture sera orchestrée par Maria Van Daalen, une hollandaise convertie au vodou haïtien.

Exposition photo : Actuellement se déroule une exposition d’Achille Komla Armattoé, journaliste photographe togolais. Cette exposition « Rencontre avec l’inconnu » durera un mois. On peut voir les danses et cérémonies rituelles des Sakuma de Glidji, les Assafo, les Kondona en Pays Kabyé, les Guèlèdè du Nord-Togo, les Blékété d’Akoumapé ; les Egungun de Ouidah

Sur le plan musical : il faut dire que plusieurs musiques modernes dont le jazz, le funk sont sortis des percussions vodou, l’afro beat, le kawina (surinam), le bossa nova, etc. Ainsi, la programmation fait dans la dentelle : du jazz avec Omar Sosa du Cuba), le Rock Vodou avec le musicien et prêtre vodou haïtien Erol Josué ; l’enfant du pays, Peter solo du Togo avec le groupe Vodou game, le Groupe Djogbé du Bénin sortira le zangbeto pour une folie autour de la musique, de la danse vodou. Le Togolais Ayaovi Koukoussè de la Compagnie Forêt Sacrée (en hollande) partagera danses et histoires du Togo avec le public. D’ailleurs Festival Voodoo Togo sera clôturé le 20 septembre par le tam-tam Aguida de Surinam qui n’est rien d’autre atahunga ou Atopani du Togo

Conférences : Des étudiants et intellectuels d’Europe et Amérique sont attendus à Utrecht. Samedi 19 septembre : Thème : « la notion de bien et de mal dans le vodou » : Christoph Henning , directeur du Musée Soul of Africa en Allemagne aussi réalisateur du film Vodou healer sera présent, Birgit Meyer (prix spinoza sur la spiritualité africaine) parlera de la méthode utilisée par le colonisateur pour imposer le christianisme en Afrique, Dana Rush parlera des tchambaga au Togo et des liens entre vodou et hindouisme ; quant à André Mosis  du surinam : spécialiste de la culture marron, Apinti (tam-tam qui est comme atopani du Togo)

Bernard Muller, anthropologue et spécialiste du vodou jouera un peu le rôle du Légba en allant dans le monde invisible pour ramener des questions invisibles qui pourront dérouter plus d’un. La conférence sera conduite par Leendert Van Der Valk, journaliste musicologue qui fait des recherches sur l’influence du vodou dans la musique moderne

Films : Il y aura trois films en trois jours : Vodoun gods on the slave coast de Hisham Mayet tourné au Bénin et au Togo « les dieux de la cote des esclaves » vendredi 18 septembre, le samedi 19 septembre the living gods of Haiti de divine horstmen , Maya Deren.  Et le dimanche20: Saamaka and looking of Apoekou , un film de Surinam, esprit de la forêt comme Aguê, film réalisé par Karel Doing

Programme pour enfants : Un programme est également conçu pour les enfants, contes et chants de Sandra Mirabal, une haïtienne qui a grandi au cuba. Et la Cie La forêt racontera histoire d’Aguè avec chants et danses du Togo

Togocultures : Votre mot de fin

Ekué Léopold Messan-Ativodou : Ce festival aura lieu chaque année et tournera dans les pays et villes d’Europe, d’Amérique ou d’Afrique ! Ce festival ira à la rencontre des gens dans le monde. Pour cette édition L’invitation est lancée à tous ceux qui sont aux Pays-bas, Belgique, France et tous les autres pays européens de se retrouver à Utrecht. Ceux qui n’auront pas cette opportunité peuvent suivre le Festival sur togocultures.com , la Radio Afropop worldwide, télévision Europa Africa Plus de Jean Claude Abalo et les télévisions hollandaises.

Vous pourriez suivre aussi le Festival en cliquant: www.voodoofestival.nl

Gaëtan Noussouglo © Togocultures

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