Essai: Rogo Koffi Fiangor: L’écrivain et le conteur

Rogo Koffi Fiangor Photo: Gaëtan Noussouglo
Rogo Koffi Fiangor Photo: Gaëtan Noussouglo

Conteur professionnel, Chercheur, Écrivain, docteur en Lettres et Sciences Humaines, Rogo Koffi FIANGOR est un aventurier moderne, un touche à tout, un expérimentateur.

Après avoir été professeur de lettres au Collège Protestant de Lomé, il a pratiqué le journalisme, a été agent de communication et de promotion au Togo et au Bénin. Puis il a exercé le métier de Consultant à l’Unesco, Animateur culturel et responsable de projet à l’Institut Panos à Paris avant de se consacrer ces dernières années à l’enseignement de l’expression théâtrale en collègues et lycées en tant que vacataire. En outre, en tant qu’Intermittent du Spectacle, il s’applique professionnellement à réhabiliter le conte dans toute sa diversité et à l’ouvrir à l’universel. Des centaines de spectacle de contes sont donnés à ce titre dans des lieux très divers, en France et à l’étranger : théâtres, espaces culturels, festivals, établissements scolaires et universitaires, bibliothèques, musées, centres de loisirs, prisons, métro parisien, bars et restaurants, parcs et jardins, fêtes (mariages, baptêmes, anniversaires, comités d’entreprise…), pour ne citer que ceux là.

Sa poésie rend compte de ses différents ressentis à travers ce cheminement d’aventurier. Des ressentis pures mêlées de tendresse, d’humour et aussi de critique. Textes parfois contemplatifs, souvent dénigreurs ou contempteurs, soufflant dans tous les sens aussi bien sur les émotions, les sentiments que les vécus. Des textes poétiques inédits difficiles à classer, sans sources d’inspiration spécifique ni de lectures qui orientent !

Rogo Koffi Fiangor  a déjà publié deux livres critiques en 1992, Comprendre Gaglo ou l’Argent, cette peste de Koffi Gomez, à NEA Lomé, 96 pages,

Puis en 2002, Le Théâtre africain francophone, Analyse de l’écriture, de l’évolution et des apports interculturels, L’Harmattan ; Paris, 393 pages.

Quelques expériences au cinéma :

En 1999, Le bâton de pluie, court métrage de Thomas Favergon, Fémis.

En 2004, La guérison de Monsieur Kouyaté, court métrage de Caroline Pochon.

L’auteur revendique plusieurs autres manuscrits (qui attendent des éditions) dont des nouvelles, du conte, des récits et du théâtre.

 © Togocultures

 Rogo Koffi Fiangor, Le Théâtre africain francophone

Le théâtre africain francophone de Rogo Koffi FiangorL’auteur, docteur en littératures comparées, est d’origine togolaise et réside à Paris. Il y exerce les professions d’animateur culturel, de comédien – conteur et de médiateur interculturel. Il nous livre ici des archives raisonnées de toutes les pièces primées à l’occasion du concours théâtral interafricain institué par RFI (Radio France Internationale) depuis 1967. Par rapport aux réalités de ce concours, si lors de la première édition on avait reçu cent vingt-cinq manuscrits, ces chiffres n’ont jamais cessé d’augmenter jusqu’à atteindre le nombre de cinq mille en 1993. Cela reste justifié par le fait que les dramaturges considèrent la participation à cette même compétition comme un élément nécessaire et indispensable pour leur carrière afin de se garantir une certaine notoriété au lieu de sombrer pendant des années dans l’oubli (p. 12). Fiangor ne manque pas de signaler ses réserves vis-à-vis des modalités de déroulement et de gestion du concours, comme par exemple le fait que les œuvres semblent mutilées au départ vu qu’on ne prévoit pas de mise en scène pour la plupart d’entre elles, mais la seule lecture radiophonique. Il dénonce encore l’allégeance des dramaturges africains par rapport à la France unique gestionnaire de la manifestation (pp. 42-45). Il entrevoit aussi que quelques thèmes ou personnages sont récurrents, comme s’il était indispensable de satisfaire certaines attentes pour gagner.

L’auteur qui connaît à fond la dramaturgie dont il parle grâce à une lecture solide et à une analyse personnelle de tous ces textes, découvre un mouvement thématique sous-jacent qui évolue suivant la démarche sociopolitique des Africains ainsi que leur considération de la mère patrie.

Il partage alors sa lecture parmi les ouvrages  présentés de 1967 à 1978 – plutôt pédagogiques et moralisants pour les spectateurs -, ceux qui vont de 1980 à 1992 – études sociologiques et culturelles, elles paraissent le mieux interpréter les nouvelles réalités africaines – et ceux de la dernière période de 1992 à 1996 – transposés dans un monde sans frontières ni identifications spécifiques, ils sont pourtant accessibles à tout auditoire (p. 188). Le quatrième volet nous offre un intéressant panorama de deux festivals organisés en Afrique, dont l’un au Bénin, le Fitheb (Festival International du Théâtre du Bénin) et l’autre au Burkina Faso, le FITD (Festival International du Théâtre pour le Développement). Ces rendez-vous variés sont l’occasion pour monter et montrer bien des spectacles, pour échanger des expériences créatives, pour s’impliquer dans de nouveaux projets grâce à de précieuses alliances. Le résumé analytique des pièces étudiées conclut ce volumineux tome et détermine un éventail de cent trois fiches. Utile et pratique, cette dernière section procède à inventorier chaque oeuvre avec des informations concernant l’origine du dramaturge, la date de présentation et la collocation du texte à la Bibliothèque Gaston Baty (Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle). Chercheur polyédrique, Fiangor nous transmet ici tout le goût de sa quête en nous laissant bien espérer dans un futur riche en surprises. S’il est vrai que ce théâtre subit de tristes confinements, cet ouvrage est là pour en démontrer le chemin prodigieux vers cette  » couleur de l’universel  » dont parlait Scherer, question qui séduit la littérature de l’humanité tout entière.

Le Théâtre africain francophone, Paris, L’Harmattan, 2002, 393 p. 29 €

Natasa RASCHI
© Notre Librairie. Revue des littératures du Sud.
N° 151. Sexualité et écriture. juillet – septembre 2003

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