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Dico plus ou l’Honneur du Livre: Présentation du dictionnaire français-lingala-sango

dico-plus‘‘Il y a une affaire en train dans l’univers.’’ Certes. Mais n’est-il pas prétentieux d’emprunter à Teilhard de Chardin la formule pour dire cette affaire africaine au XXIème siècle ? Non ! Parce que, à l’occasion d’un événement important et de nature à déplacer les montagnes, il faut savoir s’appuyer sur un grand esprit, fût-il du siècle passé et dépourvu de tout intérêt pour l’Afrique, s’appuyer sur lui pour rassurer tout le monde, et soi-même, que le bouleversement qui s’en vient est dans l’ordre – même si bouleversement ne fait pas ordre a priori – et que ce bouleversement était attendu, espéré, guetté.

L’événement, l’affaire en train– les sensationnalistes vont s’effondrer –, c’est un livre, un dictionnaire publié en 2013, il y a moins d’un an. Et ce n’est point par son poids, 1,600 kg, qu’il est bouleversant. Le Robert complet se déploie en six grands tomes, les deux tomes du Larousse universel (édition 1948) pèsent ensemble 7 kg, mais ni le Robert kilométrique ni le Larousse deux fois lourd comme un enfant qui vient de naître,ne disent autant que ce dictionnaire qui porte bien son petit nom, en fait son grand nom. Car ceux qui n’ont pas tout perdu de leur latin collégien traduiront facilement Dico plus par je dis plus. Informés de la réalité, ils prolongeront, expliciteront leur traduction, et l’on aura : je dis l’Honneur du Livre.

Éloge de l’écriture

Car si le dictionnaire en question comporte, comme tout dictionnaire, des mots et rien que des mots expliqués, il les comporte en trois langues : le français, le lingala et le sango. Il est courant, pour ceux qui sont, non pas du métier mais de la vocation, d’avoir entre les mains tel dictionnaire langue européenne-langue africaine et vice versa. Les missionnaires en ont été les pionniers parce qu’ils en avaient besoin pour porter à tous la bonne nouvelle de l’Evangile. Et il faut savoir gré aux protestants et aux catholiques des débuts de l’évangélisation de l’Afrique d’avoir été, à leur propre insu sans doute, ce que dit poétiquement Senghor, La lampe au beurre clair qui permet d’attendre l’aube, les étoiles qui préfigurent le soleil.Nous devons leur savoir gré d’avoir, au travers de moyens pauvres et rudimentaires, sur des papiers ronéotés, porté nombre de langues africaines à l’écriture.

Et voilà le mot de l’énigme : écriture. Et voici l’autre traduction affinée, l’autre heureuse extension de Dico plus : je fais l’éloge de l’écriture. Car ce qu’il y a de bouleversant dans ce dictionnaire porté par l’OIF, et ELAN, ce qu’a de révolutionnaire ce dictionnaire préfacé par Abdou Diouf, c’est que, partant du français, comme à l’accoutumée (c’est une langue de grande diffusion et de large communication), il met en dialogue deux langues africaines, le lingala et le sango chaque langue africaine devenant un métalangage qui explique en lingala et en sango le mot français. En somme trois dictionnaires autonomes en un volume !. Sauf erreur, c’est la première fois. C’est en tout cas la toute première fois qu’un tel dialogue s’instaure dans une édition digne et noble, avec une présentation qui n’arien à envier au Robert et au Larousse. Le locuteur d’une des langues concernées peut désormais, assis dans son salon et livre de belle facture ouvert devant soi, entamer avec l’autre, absent, une conversation élémentaire. Elémentaire, parce qu’il lui manquera la plate-forme nécessaire de la grammaire pour approfondir la conversation. Mais les choses ne commencent-elles pas avec les mots ? Et imaginons que ce dictionnaire fasse tache d’huile (pour ne pas dire boule de neige à 32 degrés à l’ombre), imaginons – et c’est ce qui va se passer à partir de maintenant – que de tels dictionnaires s’enchaînent et que, de village en village et de hameau en hameau, toutes les langues d’Afrique soient portées par l’écriture, et voici l’Afrique enfin prise dans le halo lumineux et salvateur de l’écriture, voici l’Afrique enfin mise en orbite pour le développement !

Le développement de l’Afrique par l’Ecriture ! N’importe quoi ! Du délire ! Pas du tout, mais alors, pas du tout ! Et puisqu’on a fait d’emblée l’option de s’appuyer sur quelque esprit éclairé pour qu’il jette sa lumière sur ce qu’il nous est difficile de concevoir, acceptons de lire ce qu’écrit Michel Foucault dans Les mots et les choses :

 De toute façon un tel entrelacement du langage et des choses dans

            un espace qui leur serait commun, suppose un privilège absolu de l’écriture.

                        Ce privilège a dominé toute la Renaissance, et sans doute a-t-il été

            un des grands événements de la culture occidentale. L’imprimerie, l’arrivée

            en Europe des manuscrits orientaux, l’apparition d’une littérature qui n’était

            plus faite pour la voix […], le pas donné à l’interprétation des textes religieux

            sur la tradition et le magistère de l’Eglise – tout cela témoigne, sans qu’on

            puisse faire la part des effets et des causes, de la place fondamentale prise,

            en Occident, par l’Écriture. Le langage a désormais pour nature première

            d’être écrit. Les sons de la voix n’en forment que la traduction transitoire

            et précaire. Ce que Dieu a déposé dans le monde, ce sont des mots

            écrits… (Gallimard, 1966, p. 53).

Tout est dit. Tout commentaire de ces lignes de Michel Foucault aboutira au constat que l’invention de l’écriture a fait passer l’humanité d’une ère de quasi-stagnation à une ère de développement exponentiel.Bouleversement. Révolution. L’Egypte des pharaons et des pyramides, qui ont fait transpirer sang et eau à des milliers d’esclaves, était aussi celle des hiéroglyphes, une des toutes premières formes de l’écriture. L’histoire connaît-elle un exemple de peuple qui ait pu en dominer un autre ou qui se soit véritablement libéré de la domination étrangère en restant englué dans l’analphabétisme ? La réponse, selon toute vraisemblance, est non. L’ensemble de l’Algérie du FLN connaissait l’écriture par sa fréquentation assidue du Coran. Pour élitiste qu’il fût, le sanscrit n’en était pas moins, dans ses différentes manières de se présenter, une écriture propre à l’Inde. Par contre, l’ensemble des pays africains, à qui les indépendances furent octroyées par le maître et par convenance, étaient (et sont) sans écriture. Ceux d’entre les Africains, que l’on dit alphabétisés, savent lire et écrire essentiellement en quelque langue européenne, bien que partout aujourd’hui, et grâce au travail des linguistes, il existe des adaptations de l’alphabet latin permettant d’écrire les langues maternelles ou nationales africaines. Est-ce être alphabétisé que de ne pas savoir lire et écrire dans sa langue maternelle ?

De toute façon, au regard de ce que l’histoire des peuples enseigne, le développement de l’Afrique, son épanouissement et son rayonnement, passeront par l’écriture mise au service de toutes ses langues particulières, maternelles ou nationales. C’est à partir de soi que l’on va à l’autre. L’écriture, moyen par excellence de tous les développements, canal efficace de tous les vases communicants, peut se révéler, paradoxalement, un lieu d’extraversion et de sujétion si elle n’est pas d’abord reçue et maîtrisée dans la langue où le fœtus a entendu sa mère parler, prier pleurer et chanter. Parlerait-on aujourd’hui de Mozart et d’Einstein si, à deux ou trois ans, ils avaient été subitement transplantés en lieu de lingala ou de sango ? Pourquoi les Africains, sortis des meilleures universités de France et de Navarre, sortis d’Harvard, d’oxford et de Cambridge, sont, au mieux, de brillants répétiteurs, et qu’en leur sein on ne recrute pas de géniaux inventeurs ? C’est qu’on ne peut rien apporter de nouveau à l’autre si l’on s’est ‘‘rendu’’ à lui, si l’on est allé à lui sans d’abord avoir été soi-même, si l’on n’a pas d’abord reçu dans sa propre langue, comme dans son propre vase, le ‘‘privilège absolu de l’écriture’’.

 Au commencement nouveau était l’écriture

A propos de ce privilège, l’affirmation sur laquelle s’arrête la citation de Michel Foucault est proprement troublante : ‘‘Le langage a désormais pour nature première d’être écrit. […]Ce que Dieu a déposé dans le monde, ce sont des mots écrits.’’ Comme si le verbe, comme si la parole n’était pas au commencement. C’est qu’il y eut, rigoureusement, deux commencements. Au commencement de l’ère antique, à l’ère de Mathusalem (pour se fixer un repère), était la parole, sans signifiant visible, sans possibilité de se détacher du locuteur, dans le silence et le recueillement – qu’autorise l’écriture – où prend naissance le génie. Au commencement nouveau de l’ère post-antique, à l’ère d’Abraham (pour ne pas remonter plus loin), était l’écriture, support signifiant et visible de la parole, offrant la possibilité de se détacher du locuteur pour entrer en silence et recueillement, où prend naissance le génie, celui qui vient mettre en perspective les savoirs qui lui sont antérieurs et qui se trouvent enfermés dans les livres qu’il a ouverts et lus ; il met en gerbe ses savoirs, y ajoute son grain de sel et fait accomplir à l’humanité un grand bond en avant. Il n’y aurait pas eu Kant ni Pasteur sans toutes les écritures qui les ont précédés. Il est donc indéniablequ’à l’intérieur de la civilisation rénovée par elle instaurée, civilisation marchante, puissante et conquérante, l’écriture est nécessairement première, prééminente, préexistante. Et l’histoire dira si le dictionnaire français-lingala-sango signifie la sortie de l’Afrique de l’ère de stagnation, la sortie de l’ère-Mathusalem. Probablement.

L’histoire comporte d’ailleurs comme des indices de la préexistence de l’écriture à la parole. Tout au long du Golfe du Bénin, (Bénin, Nigeria, Togo), quand une personne veut savoir de quoi sera fait l’avenir, si le long voyage qu’elle compte entreprendre sera couronné de succès, si le mariage qu’elle s’en va contracter ne sera pas un fiasco à deux, elle se porte vers le devin. Sur son plateau divinatoire, celui-ci trace des signes à partir desquels il dit au consultant le destin. Les 256 signes (des traits verticaux) du Fa (Ifa au Nigeria), constituant ‘‘un alphabet binaire et pictographique’’ ou un ‘‘tableau géomantique’’ exigeant une ‘‘longue formation initiatique’’, ne peuvent pas être considérés comme une écriture. Mais puisque c’est à partir d’eux que le destin est dit, pour ne pas dire est lu, ne peut-on pas considérer ces 256 signes et leurs multiples combinaisons comme un lointain signe avant-coureur de l’écriture dans un univers où règne depuis toujours l’analphabétisme ?

Socrate, Jésus-Christ et Mahomet n’ont rien écrit personnellement. Platon, les évangélistes et Allah lui-même ont écrit les paroles à eux attribuées. Ces paroles n’ont donc pu traverser les siècles et modifier profondément la civilisation, pour l’Evangile et le Coran, que portées sur les ailesde l’écriture. Dans le cas de ces trois Grands de l’humanité, il s’est passé comme si l’écriture attendait depuis toujours (comme la barque accostée attend depuis toujours le voyageur) et que, le moment venu, elle – l’écriture – s’est emplie, s’est chargée de leurs paroles pour leur faire traverser les siècles. Non seulement aux paroles, mais également à Socrate, Jésus-Christ et Mahomet, censés les avoir proférées.

Et comme pour attester une certaine préexistence de l’écriture, l’évangéliste Matthieu, par exemple, n’a de cesse de rapporter faits et gestes de Jésus-Christ aux Ecritures préexistantes. C’est le cas, notamment, aux chapitres 2/5 ‘‘car c’est ce qui est écrit par le prophète’’, 11/10 ‘‘C’est celui dont il est écrit’’, 21/41 ‘‘N’avez-vous jamais lu dans les Écritures…?’’, etc., sans oublier les très nombreux et semblables ‘‘Ceci advint pour accomplir l’oracle du prophète’’ (21/4), lequel oracle est toujours cité dans le texte. Par ailleurs, c’est à coups de ‘‘car il est écrit’’ que le même Matthieu (4/1-11) et Luc (4/1-13) font s’affronter le tentateur et le sauveur, le premier voulant déstabiliser le second et l’éloigner de sa mission. Une joute oratoire de deux grands lettrés qui tirent chacun le texte à soi à coups de ‘‘Car il est écrit’’pour convaincre l’adversaire. Comme si rien ne peut arriver qui ne soit d’abord écrit, comme si tel acte posé correspond toujours à tel mot écrit lui préexistant.

Il faut considérer également l’espèce de respect et d’admiration avec lesquels le prophète Mahomet parle des ‘‘gens du Livre’’, quitte à exiger d’eux qu’ils se montrent dignes de l’honneur qui leur est fait, l’Honneur du Livre. C’est le cas, notamment, aux sourates 3/20 ‘‘dis à ceux à qui le Livre a été donné, ainsi qu’aux illettrés…’’, 3/98 et 99 ‘‘Ô gens du Livre…’’, 4/47 ‘‘Ô vous à qui on a donné le Livre…’’, 4/171 et 5/15 et 19 ‘‘Ô gens du Livre…’’. Au détour de la sourate 5/15, le prophète associe Dieu, Livre et lumière : ‘‘Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d‘Allah !’’

Dès lors, est-il étonnant de s’apercevoir que Dieu n’a parlé qu’aux peuples détenant, comme depuis toujours, le ‘‘privilège absolu de l’écriture’’, ou de s’apercevoir que ces peuples ont été les seuls à qui il a été possible de faire parler Dieu ? Dieu a parlé, voici son texte, son livre, ces paroles écrites pour les siècles des siècles. Il est absolument impossible pour un peuple sans écriture d’affirmer, prodigieusement, non pas que Dieu parle (à travers mille et un signes) mais que Dieu a parlé au sens où sa parole éternelle a été stockée recueillie et stockée dans un livre. La parole est trop ‘‘transitoire et précaire’’ – ‘‘autant en emporte le vent’’ –pour que Dieu se fie et se confie à elle. Dieu a besoin de la solidité et de la fiabilité de l’écriture.

Tant et si bien que, sous la plume des prophètes d’Israël et sous la plume du prophète d’Arabie, c’est Dieu lui-même qui écrit. Pouvait-il en être autrement, s’agissant du ‘‘privilège absolu de l’écriture’’ ? Et qui pouvait, en des temps immémoriaux, avoir ‘‘déposé des mots écrits dans le monde’’ ? Dieu lui-même, évidemment ! Son pouvoir multiplicateur des savoirs du monde est si prodigieux, son système des vases communicants par le biais de la traduction écrite est si enrichissant, que l’on ne peut que s’émerveiller devant l’écriture et voir en elle le don le plus beau et le meilleur que fît à l’homme Dieu, qui a pour tous les hommes de toutes les civilisations le visage du dispensateur du Beau et du Bien.

 Une écolière heureuse et fière

Entre novembre 2007 et octobre 2008, au seuil d’un programme de gouvernement qui se voulait d’émergence pour un pays exsangue, l’Exécutif béninois fit appel à un surnommé ‘‘fétichiste de l’écriture’’ avec mission de convaincre ses compatriotes de la nécessité de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales. Il s’entoura d’autres tout autant fétichistes que lui mais non désignés comme tels, et ils entrèrent en conclave. A force de réfléchir et de se prendre la tête entre les mains, ils trouvèrent au sein de leur culture – ‘‘Frappe-toi le cœur, c’est là le génie’’(Rimbaud) –, la formule magique, l’universel Sésame-ouvre-toi : ‘‘L’oiseau grandit dans son propre plumage.’’ Alors ils sortirent pour le rappeler et le répéter à leurs compatriotes. Unanimement, les Béninois approuvèrent : mais oui, c’est vrai !’’ L’adage leur parlait beaucoup plus et beaucoup mieux que tous les développements de l’UNESCO appelant à la préservation des langues maternelles pour la préservation de tous les visages de l’humanité. Et il devint aisé d’expliquer aux Béninois que toutes leurs langues doivent être portées par l’écriture et que c’était aussi le moyen le plus sûr, le plus facile et le plus rapide, de s’approprier d’autres langues, notamment celles de grande diffusion et de large communication.

Que fallait-il faire encore pour asseoir sur un socle en marbre, matière noble,solide et fiable, la conviction et l’adhésion des Béninois ? Une colonie des vacances ? Oui, une colonie des vacances ! Le projet, présenté sur la pointe des pieds mais défendu avec une ardeur fétichiste, fut approuvé par le Conseil des Ministres, qui estima qu’au lieu des deux semaines demandées, on pouvait aller jusqu’à trois. Ce n’était pas de refus. Mais en vérité c’était un peu trop car, selon toutes les prévisions, et parce qu’ils savaient déjà écrire et lire l’une des multiples langues du monde, l’écriture et la lecture de leurs langues maternelles n’avaient plus de secret,au bout d’une semaine,pour les quatre cents enfants rassemblés aux frais de l’Etat à Porto-Novo et à Natitingou. Et lorsque, vers la fin de leur propre conclave, au mois d’août 2008, leur porte-parole, une écolière passant de la classe de CM1 à la classe de CM2, prononça avec force éloquence un discours de remerciement rédigé en langue yoruba, les Béninois, qui la virent et l’entendirent à la télévision nationale, comme atteints par la grâce, ne se tinrent plus d’enthousiasme. Pari gagné ?

Oui, on peut le dire : pari gagné. Au sens où lorsque la marche reprendra, elle ne s’arrêtera plus jusqu’à ce que toutes les langues maternelles prennent l’habit de lumière de l’écriture. Les Béninois sont prêts maintenant. Paradoxalement, l’éphémère Ministère de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MAPLN) ne fut pas aussi éphémère qu’on le dit parfois, puisqu’il posa les jalons essentiels de la marche de tous, et de toutes les langues maternelles, vers l’écriture, puisqu’il s’est inscrit dans la trame de la teilhardienne ‘‘affaire en train dans l’Univers’’, comme vient de s’y inscrire, de façon indélébile et incorruptible (à cause du caractère divin de l’écriture selon la sourate 5/15), le ‘‘Dictionnaire français-lingala-sango’’, sous la direction du professeur Musandji NGALASSO-MWATHA. Lui-même et la vingtaine de ‘‘fétichistes’’ réunis autour de lui pour l’affaire-dictionnaire méritent amplement les remerciements enthousiastes de la petite écolière qui fut si heureuse et tellement fière de lire son discours rédigé en sa langue maternelle.

Ce dictionnaire est un coup de génie ou d’audace. En tout cas une volonté sur laquelle l’Union Africaine prendra exemple à présent pour quitter la berge et s’embarquer. Elle a nommé le swahili et l’haoussa langues pour toute l’Afrique. En conséquence elle va maintenant couvrir l’Afrique de dictionnaires swahili-haussa, faisant précéder les deux langues de l’anglais, de l’espagnol, du français ou du portugais, selon les régions, pendant que dans chaque pays les gouvernements feront leur devoir, et tout leur devoir, à travers mille et un MAPLN.

Car c’est ainsi, et ainsi seulement que, sur le chemin ‘‘d’un retour au pays natal’’ et maternel, l’Afrique répondra positivement à la sommation d’Aimé Césaire, ‘‘de produire de son intimité close la succulence des fruits’’.

 

                                                           Roger Gbégnonvi

                                                           Professeur de lettres et de linguistique,

                                                           ancien Ministre de l’Alphabétisation et de la

                                                           Promotion des Langues nationales du Bénin

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