Du 12 au 28 avril 2012, l’Institut Français du Togo a accueilli une exposition originale. Gustave Akpéhou Djonda a donné libre cours à ses talents de peintre, assembleur et sculpteur en investissant le hall de l’ex Centre Culturel Français avec des sculptures géantes. Bâties autour du thème « Ce rouge qui m’appartient », ces sculptures ont été divisées en deux « grandes familles ». L’une formée de quinze formes géantes et l’autre assimilable à une somme de totems composée de douze œuvres.
Évoquer des totems africains aux yeux de l’artiste, c’est rappeler la puissance et la portée des interdits sociaux qui ont bâti la réputation de civilisations rayonnantes en Afrique. C’est en outre une invite dissimulée à un retour aux valeurs africaines, pour insérer le continent noir dans la mondialisation contemporaine. D’où l’attachement de l’artiste à mettre en valeur le chiffre 12, signe de perfection dans un grand nombre de cultures.
Fondées sur le bois, les œuvres de Gustave Akpéhou Djonda ont été soufflées au feu, coupées, découpées, trouées, attachées, ceinturées, cisaillées, cicatrisées mais ont fière allure une fois exposées. Elles font toutes un clin d’œil particulier à la couleur rouge. Une philosophie artistique qui procède du fait « que le rouge se trouve partout et surtout là où il y a de la vie », clame Gustave Akpéhou Djonda. Loin s’en faut, le plasticien n’enferme pas pour autant son public dans le rouge. Il fait aussi recours au noir (qui sert à décrypter le mystère de la vie) et au mauve pour mettre à nu l’innovation formelle et l’engagement qu’il confère à ses œuvres.
A l’image du bois qu’il a martyrisé pour donner naissance à ses sculptures, il tisse une corrélation entre évènements heureux et malheureux dans la vie. Il insiste sur l’extériorisation de la signification du « principe du yang et du yin » en le replaçant dans le quotidien de sculptures vantant des formes masculines comme féminines. Sous l’inspiration de Gustave A. Djonda l’Afrique doit espérer et croire en ses potentialités. Car les souffrances du continent berceau de l’Humanité, s’assimilent à celles d’une mère dans les douleurs de l’enfantement ; elles passeront tôt ou tard ! Ces souffrances décriées par ce Togolais ont pour nom pauvreté, paupérisation, humiliation, … et sont explicitées à travers les conditions de vie infâmes de la cellule familiale ou du paysan africains. Cependant, ses œuvres rappellent que cette renaissance espérée doit être fondée sur l’essence culturelle africaine pour une planification de lendemains heureux et certains. Une démonstration à laquelle s’essaye le plasticien en évoquant le graphisme et l’Art en général des Ashantis (issus d’un royaume du même nom à la réputation légendaire en Afrique occidentale).
Ou encore en référant à des titres fort parlants comme « Transparence », « Rêve de femme », « Fenêtre de réussite », « Visage de la justice », « Synergie »,« Les géants se lèvent, l’Afrique avance »…
Edem Gadegbeku © Togocultures