Brice Kapel: Mélangé de la musique électro aux rythmes traditionnels

Brice Kapel, artiste togolais d’origine soulève les foules en France. A 8 ans il  « quitte le soleil qui brille haut dans le ciel de Lomé tous les jours avec la mer au bout de la rue, pour Paris et sa grisaille. ». Après avoir tenté le football, il a finalement opté pour la musique. Se forme aux USA« Musical Institute of Technology » de Los Angeles, tout en étant mannequin pour payer ses cours. Il re-vient s’installer depuis 1992 à Paris. « Musicien intervenant » avec les enfants, il a conçu en 1999 le spectacle et l’album « Coloricocola » qui sortira avec Universal Music étiqueté enfants, en avril 2004. Il tourne en France et dans le monde. Togocultures l’a rencontré pour vous dans le cadre de la sortie de son prochain album pour parler de lui et de ses projets.

Togocultures : Pourquoi le choix de la musique ?

Brice Kapel : J’ai choisi la musique, pour le partage, pour les émotions, pour le discours, pour les messages, pour les rêves, pour toutes ses choses qui font qu’on se sent vivre et enrichi auprès d’êtres humains qu’on ne connaît pas, la connaissance ne se monnaie pas, elle se transmet, tout est possible, tout reste possible.

Togocultures : Votre album Coloricocola vous a révélé au public togolais. Sur cet album, on peut écouter entre autre le génial travail fait sur Djédjévi, les neuf autres morceaux sont aussi bien mais surtout destinés à un public très jeune. Expliquez-nous ce choix artistique ?

Brice Kapel :  En fait les gens n’ont pas compris le concept de « Coloricocola ». Coloricocola est un album et un spectacle pour toute la famille. Les chansons qui ont été écrites au départ étaient pour les adultes. En sortant avec mon fils, je me suis rendu compte que c’était une corvée pour les adultes d¹emmener leurs enfants au spectacle, alors je me suis dit qu’il fallait inventer un spectacle avec une musique et des chansons pour adultes et une histoire pour captiver les enfants. « Coloricocola », le concert interactif conté était né. Quand vous composez une chanson, vous ne vous dites pas que vous l¹écrivez pour tel ou tel tranche d¹âge. Je voulais juste recréer du lien entre les générations enfants, parents et grands parents avec ce projet. C’est réducteur de dire que c’est juste destiné au jeune public. Coloricocola est un spectacle intergénérationnel qui est à la fois ludique, éducatif, pédagogique et thérapeutique. Pour moi à part, djé djé vigné, le loup et les lacets, toutes les chansons de l’album sont des chansons qui étaient destinées aux adultes, même djé djé vigné car Personne ne sait que c’est une berceuse à part les Togolais et ceux qui ont grandi au Togo.

Togocultures : Récemment, vous avez animé un concert à Lomé, très apprécié du public.

Brice Kapel : Le concert au Togo était formidable, je finissais la tournée que j’avais entamée en Afrique avec ce concert qui m’a aussi permis de revenir dans mon pays et de le découvrir à nouveau. « Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ». Cette phrase m’accompagne tout le temps car en revenant au pays, j’ai eu des réponses à beaucoup de questions que je m’étais posées. Aujourd’hui, j’ai réellement envie de revenir, plus souvent, pas seulement pour la musique, mais pour pouvoir construire, aider, faire perdurer les actions culturelles, humaines et éducatives que mon père m¹a laissé en héritage. Ce concert a été incroyable et riche d¹apprentissage.

Togocultures : Qu’est-ce qui a changé musicalement au Togo, selon vous ?

Brice Kapel :  Je suis allé au Togo avec un ami percussionniste qui a été initié aux percussions par un maître Togolais, nous avons voulu aller au marché pour acheter des instruments traditionnels Togolais. Nous avons été choqués par les propositions qu’on nous a faites. On nous proposait d’acheter des djembés alors que nous voulions acheter des tambours ancestraux comme des pelogos. Personne ne connaissait les instruments dont nous parlions, à part les anciens. Un pays ne doit pas et ne peut pas perdre sa culture, il est important de la préserver, de la transmettre. J’ai aussi besoin d’y retourner pour ça, pour ne pas me dire que je ne savais pas. C’est important de se tourner vers le monde et l’occident mais sans oublier ce qu’on est, sans oublier ses racines. Je ne peux pas vraiment dire ce qui a changé musicalement au Togo parce que je l’ai quitté très tôt, trop tôt mais l’enfance a nourri mes sens et les agbadjas, les akpessés, tous ces rythmes ne m’ont pas quitté, j¹ai maintenant soif d’apprendre, j’ai soif de me plonger dans cette aventure et de partager ma passion pour la musique avec ceux qui veulent bien me guider.

Togocultures : Vos projets ?

Brice Kapel :  Faire découvrir mon DVD « Coloricocolive » à toutes ces personnes qui ne connaissent pas mon travail. Sortir mon nouvel album avec ce duo avec Sting le chanteur de Police, repartir aux USA pour tournée à l’automne 2009. Monter un collectif de musiciens, artistes, acteurs, metteurs en scène pour avancer sur des projets communs. J’ai toujours pleins de projets en tête, ça n’arrête pas.

Togocultures : Le choix artistique de votre prochain album ?

Brice Kapel :  Sur mon dernier album, j’ai voulu parler de mon parcours depuis Lomé Jusqu’à aujourd’hui. Mes rencontres, mes artistes préférées, mes choix, ma vie, les gens que j’aime, les valeurs que je défends. Je suis resté encore dans la chanson minimaliste avec une musique pop, folk, world personnelle et intimiste pour préserver le travail d’écriture que j’avais entamé avec mon père avant qu’il ne meure. Je voulais aussi rendre hommage à Peter Gabriel, à Sting, à U2 pour leurs actions humanitaires à travers le monde, pour leur discours et aide en faveur du continent Africain et sud américain. J’ai choisi d’utiliser aussi plus ma langue maternelle qui est le mina en y mélangeant l’anglais et le français. Dans mes futurs projets, j¹aimerais mélanger la musique électro à des rythmes traditionnels de chez moi sans oublier les cordes et les instruments à vent qu’on retrouve dans le « high life »   Ghanéen. J’ai très envie de travailler avec de différentes personnes dans l¹esprit d’un collectif comme des groupes comme « Archive », « Massive attack » ou le groupe Islandais que j’adore « Sigur ros ».

Par Gaëtan Noussouglo©Togocultures

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