Bob Atisso, le sculpteur de sable

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La sculpture meuble son quotidien et la sculpture de sable est son domaine de prédilection. Depuis plus d’une décennie, Bob Atisso fait sien l’art éphémère, il  façonne des œuvres artistiques atypiques à base du sable.  Faute d’avoir trouvé sur « La Terre de nos aïeux » un soutien à la hauteur de son talent. Il s’établit à Accra au Ghana où son art est très apprécié et de temps en temps revient voir sa famille au bercail. L’art éphémère englobe la sculpture sur glace, de feu et sur sable.  © Togocultures

Ce jeune Togolais s’est découvert, pour sa part, sa vocation dans le domaine de la sculpture sur sable, par le jeu du «{simple hasard », aime-t-il à rappeler. « En tuant le temps sur le chantier de mon père un jour, j’ai dessiné un visage humain qui a émerveillé mon entourage. Tout est en fait parti de là, dans la mesure où j’ai eu à produire par après d’autres réalisations similaires », souligne-t-il, même s’il reconnaît volontiers que les œuvres de Marcos Frota incarnant  Tonio de la Lune dans le feuilleton télé « Femmes de sables » lui sont restées dans l’esprit.

Nous étions en l’an 2000, cet amateur de la liberté, dans tous les sens du mot, hésitait entre la poursuite de ses études et l’apprentissage d’un métier, sous la férule d’un père professeur de Sciences naturelles et directeur de collège.

Virus artistique dans le sang

Mère-et-enfant-de-Bob-attissoBob penchera finalement pour la formation professionnelle puisqu’il suivra une formation de 12 mois de déclarant en douane. Mais son génie créateur l’a transporté sur la plage de Lomé. Il y posera surtout les rampes de lancement de sa renommée locale dans cette forme d’expression artistique, à la faveur de la dernière étape d’un Tour cycliste du Togo. « Le public était stupéfait lorsque je me suis mis à façonner une œuvre ce jour-là. Toute une foule m’a subitement envahi », se souvient cet artiste qui aime également manier avec tact les mots français.

Comme dans nombre de familles africaines et togolaises, le père de Bob n’a jamais réellement vu d’un bon œil la passion que nourrit sa progéniture à l’égard de l’art éphémère, « frustré qu’il est du fait que son fils ne s’est pas bardé de diplômes comme il l’aurait souhaité », raconte ce jeune artiste. Tout en précisant : « Aujourd’hui, il jette un regard respectueux sur mon travail ». D’autant plus que six (6) mois seulement après avoir commencé à exercer le métier bien rémunéré de déclarant en douane, le “Tonio de la lune togolais” a délaissé cette profession au profit de la sculpture de sable. « J’ai commencé par ailleurs à réaliser des œuvres en ciment et en argile, œuvres qui sont vendables et qui viennent soutenir financièrement mes réalisations sur sable. Aujourd’hui, je vis exclusivement de mon art », fait-il remarquer.

Bob-AttissoRigoureux envers lui-même et lucide dans ses propos, Bob Atisso n’offusque pas ainsi les difficultés quotidiennes auxquelles il fait face dans son art : « Je suis esseulé dans cette forme d’expression artistique au Togo et dans la sous-région ouest-africaine. Cela me gêne de temps en temps pour imposer mon travail sur l’échiquier national et sous-régional ». Cet amer constat n’empêche pas pour autant celui qui a perfectionné ses productions sur sable sur les plages de Cotonou et de Ouidah (Bénin) d’être optimiste quant au devenir de sa carrière. Par le biais surtout de ce qu’il appelle « la culture quotidienne de l’excellence au travail ». Même s’il estime que les premiers responsables de la Culture au Togo doivent davantage « repenser la politique culturelle locale. Car, plaide-t-il, « beaucoup de pays africains ont imposé leur nom dans le monde rien qu’à travers leur politique culturelle… ; il est grand temps d’accorder plus de crédit au travail artistique local parce que le Togo regorge beaucoup de talents dans divers domaines qui ne demandent qu’à éclore ».

Bob Atisso a, en partie, été exaucé par les dieux de son art ! Dorénavant, il a posé ses tréteaux à Accra (Ghana) où il continue de surprendre positivement ses admirateurs d’occasion comme habituels. Essentiellement à l’Alliance française d’Accra. La France et l’Espagne ne se sont donc pas trompées en l’invitant à prendre part à différents festivals de sculpture sur sable.

Edem Gadegbeku © Togocultures

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