Alokpa 4: Festival de Défilé de mode Photo: Gaëtan Noussouglo

ALOKPA 2008 : LE DOIGTE, L’EXCELLENCE À L’HONNEUR

Sur une musique du compositeur Vangelis (la bande son du film Christophe Colomb), une dizaine de mannequins ouvrent le bal des couleurs et des costumes. Comme les guerriers dans les péplums, ils portent des torches, non allumés, et sur le corps des empreintes de mains dessinées à l’argile et au kaolin : le symbolisme est évident, ce que le concours Alokpa va célébrer, c’est donc le doigté des créateurs de la mode

Alokpa afficheSamedi 8 mars 2008, il est 21 heures, et nous sommes dans l’enceinte de l’EAMAU, l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme, sis dans le quartier Tokoin-Nukafu à Lomé. En entrant dans l’enceinte, j’aperçois vaguement quelques visages connus, mais ma conjonctivite à l’œil, ce soir-là, me fait commettre un impair : je dépasse sans la saluer Angèle Dola Aguiguah, ma collège du Département d’Archéologie à l’université de Lomé, ancienne ministre de la culture. Il ne m’aura fallu qu’une dizaine de minutes avant de comprendre pourquoi la dame n’arrêtait pas de me regarder et me rendre compte de mon erreur. Snober les gens n’étant pas mon fort, je me suis alors levé et suis retourné lui faire la bise. Entre gens responsables, quand même. Incident clos. J’étais venu à Alokpa pour me rincer l’œil, mais je pense que j’aurais dû faire un tour à la pharmacie m’acheter un collyre avant le début du défilé de mode !

Alokpa, le concours de design de mode initiée par la styliste modéliste togolaise AYANICK (voir son portrait dans la rubrique mode de www.togocultures.com) en est à sa 4e édition. Et vu le nombre de sponsors alignés dans la plaquette du programme, on peut croire que la confiance règne du côté des partenaires de l’événement. Est-ce d’ailleurs cela qui a fait dire ouvertement à M. le Ministre de la Culture, Cornélius Aidam, qu’il souhaite que le nombre de sponsors privés augmente à l’édition prochaine ? Et c’est en sondant la liste des partenaires du concours, que j’ai remarqué que nulle part le nom du Ministère de la Culture n’a été mentionné. Ce qui ne sera peut-être plus le cas à la prochaine édition, il faut l’espérer !

Il est 21 heures, le concours est enfin lancé. Sur une musique du compositeur Vangelis (la bande son du film Christophe Colomb), une dizaine de mannequins ouvrent le bal des couleurs et des costumes. Comme les guerriers dans les péplums, ils portent des torches, non allumés, et sur le corps des empreintes de mains dessinées à l’argile et au kaolin : le symbolisme est évident, ce que le concours Alokpa va célébrer, c’est donc le doigté des créateurs de la mode. Au bout de quelques minutes, les porteurs de torches quittent l’estrade dressée au milieu de la cour de l’EAMAU, et s’évanouissent dans les coulisses, véritables gardiens des secrets de la mode. De l’autre côté de l’estrade, j’aperçois les lunettes de l’écrivain béninois Florent Couao-Zotti, membre du jury du concours, lequel se trouve à Lomé initialement pour encadrer la résidence d’écriture pour jeunes créateurs africains organisée par l’Association FILBLEU, une résidence parrainée par la Fondation hollandaise Prince Claus, autre sponsor d’Alokpa. À sa droite, une autre vieille connaissance, l’ivoirien Souleymane Koly, qui lui préside simplement le jury.

Le premier défilé est celui des élèves de la créatrice du concours, Ayanick elle-même. Puis, ce fut l’intermède musical. Sur un play-back difficilement supportable, eu égard aux réalités de la sono, les Go du Kotéba d’Abidjan (Awa Sangho et Maaté Keïta) nous servent une soupe dont raffolent les publics de la côte du Golfe de Guinée. On annonce enfin le défilé des concurrents, au nombre de 11 : Jean-Baptiste HOUEYOKLUNON (Bénin), Enyonam ATENLEY (Togo), Assetou Anne-Marie CISSE (Mali), Michel DAVID (Ghana), Fredy OUENA (RCI), Yvette MENSAH (Togo), Nackissa MEMLIN DOUMBIA (RCI), Abel HYLI (Burkina Faso), Joêl VIGNON (Togo), Dominique MBENGUE (Sénégal), Félicien HOLONOU (Bénin). Les modèles sont tous anonymés, et les groupes numérotés de 1 à 11, pour laisser au hasard le soin de faire trois heureux parmi les concurrents. Les modèles des tenues sont répartis en trois catégories : modèles de ville, modèles de soirée et modèles de créativité. Cette dernière catégorie a réservé au public beaucoup de surprises agréables, au nombre desquelles je range personnellement les tenues en cuir du styliste Dominique Mbengué, un créateur à la touche pleine d’humour, dont une tenue portée par la jeune mannequin togolaise Diane Bodjona (quel style, cette fille !) me rappela un habit de Grace Jones dans quelque veux film de James Bond !

Second intermède musical, cette fois-ci un rappeur béninois, Creator B, chanteur et styliste, paraît-il. Play-back toujours aussi horrible. La musique n’aura pas été la réussite de la soirée, mais passons ! J’observe un fait curieux. Les mannequins hommes sont rares dans le concours, est-ce à cause de la Journée de la Femme que nous célébrions ce samedi 8 mars ? Choix curieux. Il faudra attendre la fin pour les voir apparaître, pendant l’autre moment fort de la soirée, le défilé des créateurs confirmés, à l’instar de la Togolaise CHRIS DE MENS, Fall TOURE, le Togolais de Bruxelles, le Burkinabé Boubakar OUEDRAOGO, voire le Nigerian Jones ADEBAYOR…

Enfin, tard dans la nuit, alors que le public commençait à s’impatienter, le jury qui s’était retiré pour délibérer monte sur scène, avec à sa tête son président, qui nous annonce que le choix fut difficile et que les résultats du concours ne nuisent pas forcément à la qualité intrinsèque de chaque concurrent. Manière préventive de court-circuiter les critiques du public ? Les applaudissements nourris qui accueillent le verdict du jury prouvent au moins que le public ne conteste pas le choix. La première et la deuxième place du concours sont revenus à deux créatrices togolaises, respectivement Enyonam Atenley et Yvette Mensah. Quant à l’ivoirien Fredy Ouena, il remporte la troisième et dernière place du trophée.

La mode c’est se qui se démode, disait Cocteau. Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition d’Alokpa pour découvrir d’autres talents, d’autres nouveautés.

Article Kangni Alem et Reportage Photos : G. Noussouglo © Togocultures

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