Togo Festival de musique:Yao Bobby et son Festival des enchainés

Le premier festival  de musique des enchainés dans la commune d’Agbodjrafo, situé à 40 km de Lomé, vient de s’achever. Il s’est déroulé dans les rues et sur scène. Cette ville vestige, un des maillons oubliés de l’esclavage, y a servi de cadre. Le directeur de ce Festival, YaoBobby a convié au Festival des Enchainés, les groupes folkloriques, des groupes de couvent dont regorgent cette ville côtière et des artistes de la chanson togolaise comme Eric MC, Toto Tchilatchi. La joie se lisait sur les visages car, aucune manifestation musicale de cette envergure n’a jamais été organisée à Agbodjrafo. C’est une cité qui a de l’avenir car les plasticiens Kossi Assou et Amivi Homawoo  y ont aussi élu domicile et organisent des manifestations. Togocultures a approché l’organisateur de ce festival des enchainés pour mieux connaitre cet ancien artiste de Djata kan, YaoBobby et ses motivations.

Les rues d'Agbodjrafo ont servi de cardre au Festival des enchainés
Les rues d’Agbodjrafo ont servi de cardre au Festival des enchainés

Togocultures : Qui est YaoBobby ?

YaoBobby : Je suis avant tout un artiste africain, engagé dans le milieu du Hip Hop depuis les années 90. Je me bats pour une vraie place de l’identité africaine dans le milieu du Hip Hop mondial, je représente mes racines, je suis un porte-voix engagé, un chroniqueur de nos quotidiens.

Togocultures : On dit que « Yao Bobby se nourrit de tout ce qu’il entend, voit ou se ressent ». Parle-nous de tes influences et de tes enjeux.

YaoBobby : oui, bien sûr. Mes textes et ma création sont influencés par tout ce qui m’entoure. Je me nourris de nos mamans qui préparent à manger avec trois fois rien, je me nourris de mes frères qui luttent pour que leur famille n’aient besoin de rien, je me nourris de ces élèves qui construisent leur avenir sur les bancs d’une école sacrifiée… Mais je me nourris aussi et surtout de tous nos combats et nos victoires quotidiennes, de tout ce que l’Afrique produit de beau et de positif.

Togocultures : Vous avez organisés à Agbodrafo, le Festival des Enchaînés ? Pourquoi les Enchaînés ? Vous voulez parler des enchainés depuis les esclavages ou des enchainés de la dictature ? Pourquoi le choix d’Agbodrafo ?

La scène du Festival des enchainésYaoBobby : Effectivement, c’est en rapport avec toutes les chaînes qui nous entravent. Ce festival est un lieu d’histoire, de souvenir mais aussi il est là pour nous rappeler que nous détenons toutes les armes pour briser nos chaînes. Et l’expression artistique en est un très puissante. Nous avons choisi Agbodrafo d’abord pour ce que la ville représente dans l’histoire du Togo et de l’esclavage. Mais aussi parce qu’aujourd’hui les manifestations culturelles sont essentiellement concentrées sur Lomé laissant de côté les habitants des plus petites villes. Nous voulons offrir des moments de culture, d’échanges, de savoir, d’arts aux populations de ces villes.

Togocultures : Les invités à ce Festival ?

YaoBobby : Ont répondu présents à notre invitations des artistes comme Eric MC, Toto Patrick, Toto Tchilatchi, Amen Jah Cissé, King Lion, Arts Negritude … Des gens que je connais depuis longtemps. Il faut savoir que nous n’avions aucune subvention, aucun partenaire. Nous devons d’abord prouver la validité et la portée de ce festival. Nous l’avons donc monté sur nos fonds propres.

Togocultures : Quel bilan tirez-vous de cette première expérience?

YaoBobby : Un bilan extrêmement positif ! Au regard que l’énergie et de l’investissement personnel que nous avons mis dans ce festival, nous sommes très heureux. Il y avait du monde, beaucoup de monde. Des activités ont eu lieu toute la journée, il n’y a eu aucun temps mort. Les artistes ont assuré et ils étaient heureux d’être de la fête. Et le public…. Il n’y avait qu’à regarder les yeux des enfants et même de leurs parents… beaucoup d’entre eux n’avaient jamais vu ça à Agbodrafo !

Togocultures : A quand la prochaine édition ?

YaoBobby : L’année prochaine. Notre envie est de faire 2 éditions par an mais pour cela, nous aurons besoin de trouver des soutiens financiers. Donc pour l’instant la prochaine édition est prévue en mai prochain. Les concerts seront en live et nous prévoyons encore de belles surprises.

Propos recueillis par Gaëtan Noussouglo

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